La base de l'entrée en carême est
l'acceptation de soi-même avec ses qualités, ses
défauts, sa situation actuelle, sa vie. Alors peut commencer un
travail sur soi...
Jeûne, temps de
pénitence pour les catholiques et les orthodoxes,
qui dure quarante six jours pour les premiers, depuis le
mercredi des cendres jusqu'au jour de Pâques. (
Actuellement l'église catholique a supprimé
les restrictions alimentaires qui marquaient jadis le
carême, et ne prescrit le jeûne que le
mercredi des cendres et le vendredi Saint).
Le
jeûne que je préfère dit
"
Voici le jeûne auquel je prends
plaisir: Détache les chaînes de
la méchanceté, Dénoue
les liens de la servitude, Renvoie libres les
opprimés, Et que l'on rompe toute
espèce de joug; Partage ton pain avec
celui qui a faim, Et fais entrer dans ta
maison les malheureux sans asile; Si tu vois
un homme nu, couvre-le, Et ne te
détourne pas de ton semblable. Alors
ta lumière poindra comme l'aurore, Et
ta guérison germera promptement; Ta
justice marchera devant toi,Et la gloire de
l'Éternel t'accompagnera. Alors tu
appelleras, et l'Éternel
répondra;Tu crieras, et il dira: Me
voici! Si tu éloignes du milieu de toi
le joug, Les gestes menaçants et les
discours injurieux,
Si
tu donnes ta propre subsistance à
celui qui a faim, Si tu rassasies l'âme
indigente, Ta lumière se lèvera
sur l'obscurité, Et tes
ténèbres seront comme le
midi."
Isaïe, 58
6
à10
|
Ce temps devrait être celui de la remise en
cause, remise en question de soi, de son action . Examen
, vérification, que sa vie est bien ajustée
à la pensée, "Parole de Dieu, justice de
Dieu. Remise en question de ses engagements, et choix ,
délibéré , enracinés dans la
Parole :continuer où d'arrêter.
- Le Carème est aussi l'attente du Seigneur
en gloire à la Parousie, qui détruira la
souffrance et la mort.
Une piste de réflexion: Que
mettons-nous dans l'Évangile ? qui lui donne un si
mauvais goût ?
Tonton est âgé de 67 ans et il
déteste le jus d'orange. Cela fait 60 ans que cela
dure. Mais pourquoi ? Enfant, sa maman dans le but de lui
donner ce qui était nécessaire à sa
santé, le forçait à ingurgiter une
grande cuillerée de la "fameuse" huile de foie de
morue. Et comme cela se passait très mal, la maman
avait fini par mélanger l'huile de foie de morue
dans un grand verre de jus d'orange.
60 ans plus tard, il ne pouvait toujours pas avaler un
jus d'orange, pourtant si bon de goût et si bon
pour la santé.
Comment servons-nous l'Évangile à nos
enfants ? Pur ou mélangé ? Nature, tel que
Jésus nous l'a donné ? ou
mélangé avec toutes sortes " d' huiles de
foie de morue ", souvent additionné d'une bonne
dose de morale, quelque fois une bonne dose d'hypocrisie,
de punitions "évangéliques", d'obligations,
de religiosité, de piétés, de
dépendances....
On y met de cette "huile" qui laisse un goût si
amer, les ragots, critiques, mises à
l'écart, mises en garde, à l'index...... Ne
soyons surtout pas étonnés que certains
soient dégoûtés de cet
Évangile là !
Servons-le pur, notre Évangile, celui de
Jésus et il sera cette puissance de salut pour nos
enfants, cette source de joie, de foi et de
«vitamines» spirituelles pour leur vie. Pour
moi, je le préfère pur et vous ?
-
Dom Helder Camara a « veillé »
chaque nuit à partir de son ordination en 1931.
Les lettres qu'il écrit alors à sa
« famille» de collaborateurs
révèlent une âme qui fait corps
avec le Christ, l'Église et l'humanité.
Alors qu'il est, depuis onze mois, archevêque
d'Olinda et Recife, voici ce qu'il écrit en
1965, au début du Carême
2-3 mars 1965 - « Ne serait-ce pas l'occasion
de décider de ce que sera notre jeûne de
Carême? jeûne de jugements? jeûne de
dire du mal des autres? jeûne d'ironie? Jeûne
d'amour-propre et d'égoïsme ? ..
».
3-4 mars 1965 - « Comme jeûne du jour, je
propose le jeûne de tristesse. C'est-à-dire
que toute la journée nous nous accrochons à
la Grâce (nous nous unissons au Christ, pour ne pas
éprouver le pain de la tristesse
4-5 mars 1965 - « En accord avec
l'Épître, le jeûne d'aujourd'hui sera
un câlin spécial pour les pauvres, vus et
traités, réellement, comme
Jésus-Christ ».
5-6 mars 1965 - « jeûne de dire du mal
des autres
- 6-7 mars 1965 - « jeûne d'orgueil et de
vanité: protection décisive contre le
tentateur qui a l'audace de s'attaquer au Christ
lui-même ».
7-8 mars 1965 - « jeûne ... de la vision
païenne et naturaliste du pauvre l'Évangile
nous rappelle que le pauvre est Christ.
8-9 mars 1965 - « jeûne de violence.
L'Évangile rappelle l'expulsion des vendeurs du
Temple. Nous aurons présent à l'esprit que,
pour contrebalancer ce geste de violence, il est possible
de présenter des dizaines d'attitudes de
miséricorde de la part du Christ. jean XXIII avait
l'habitude de dire que la douceur est la plénitude
de la force ... ».
9-10 mars 1965 - « Jeûne des rechutes.
L'Évangile nous rappelle que le démon
expulsé, lorsqu'il voit la maison propre, va
chercher sept autres démons pires que lui. ..
».
11-12 mars - « jeûne de la perte de
confiance (il n'y a personne qui m'aide ... ) ».
Extraits choisis et traduits par José de
Broucker, biographe de Dom Helder Camara et auteur de Les
nuits d'un prophète. Dom Helder Camara à
Vatican II (Cerf, 176 p., 20 €).
L'Évangile avec Dom Helder, Desc1ée de
Brouwer.
Voir ses Lettres conciliaires et Les nuits d'un
prophète, Éditions du Cerf. Les citations
ci-après sont tirées des Circulares
interconciliares encore inédites en
français.
- L’Eglise et l’Evangile
encouragent le jeûne, et nombreux sont les
catholiques qui profitent du Carême pour
s’y adonner régulièrement ou
occasionnellement. Il conduit souvent et de
manière heureuse à l’aumône
et au partage.
Dans l’Evangile, Jésus lie le
jeûne à l’absence de «
l’Epoux », à la quête
personnelle de sa présence, et c’est
d’abord dans le « secret » du cœur
qu’il s’accomplit. Jeûner, c’est
alléger son cœur de ce qui le disperse
dans la rumeur, les envies et les faux semblants.
C’est trancher dans nos appétits les
plus légitimes, pour nous rendre plus sensibles
à la voix de Celui qui nous appelle à
vivre de sa présence mystérieuse et
aimante dans le monde où nous sommes. «
Celui-ci est mon Fils bien-aimé,
écoutez-le ! ».
. Trancher dans nos multiples occupations et notre
temps précieux, pour le « perdre » et
le donner gratuitement, dans la prière,
l’écoute patiente, la « conversation
», ou simplement la louange et le chant qui
allégeraient nos vies sérieuses.
Trancher parfois, voire même retrancher, dans
nos soifs et appétits de bien-être, quand
ils prennent les moyens de l’alcool et de la
drogue pour nous envoyer dans des paradis mensongers
et dangereux.
Trancher dans nos moyens virtuels et la masse de
nos messages, pour risquer la vérité, et
peut-être l’humilité, d’une
rencontre bien humaine qui nous coûte.
Trancher dans nos soifs de savoirs et
d’informations, pour nous tourner vers
l’autre, le « pauvre », celui qui
n’a pas place en nos vies, pour apprendre de lui
à vivre avec lui…
Jeûner, c’est mener un combat jamais
infructueux ni désespéré contre
nos appétits : comme pour la fiancée du
Cantique, il nous met au diapason de l’Epoux en
creusant le désir d’une vie plus vraie,
plus « aimable ».
Remi de Maindreville, rédacteur en chef