La fête des Rameaux annonce et
anticipe la fête du Christ Roi.
. LA ROYAUTÉ DE JÉSUS DURANT SA VIE
TERRESTRE
I. Jésus est-il roi? - Durant son
ministère public, Jésus ne cède
jamais à l'enthousiasme messianique des foules,
trop mêlé d'éléments humains
et d'espoirs temporels. Il ne s'oppose ni à
l'autorité du tétrarque Hérode, qui
pourtant soupçonne en lui un concurrent (Lc
13,3Iss-9,7s), ni à celle de l'empereur romain,
à qui le tribut est dû (Mc 12,13-17 p) : sa
mission est d'un autre ordre! Il ne contredit pas l'acte
de foi messianique de Nathanaël "
Tu es le Roi d'Israël
" , (Jean 1,49); mais il oriente ses regards vers
la parousie du Fils de l'Homme. Lorsque, après la
multiplication des pains, la foule veut l'enlever pour le
faire roi, il se dérobe ( Jean 6,15). Il se
prête pourtant une fois à une manifestation
publique lors de son entrée triomphale à
Jérusalem : se montrant dans un humble appareil,
conforme à l'oracle de Zacharie (Mt 21,5- Za 9,9),
il se laisse acclamer comme le Roi d'Israël (Lc
19,38; Jean 12,13). Mais ce succès même
hâtera l'heure de sa passion. Finalement, c'est
dans une perspective purement eschatologique qu'il parle
aux siens de son Royaume, au moment où la Passion
va s'ouvrir (Lc 22,29s).
2. La passion et la royauté de
Jésus. - L'interrogatoire de Jésus
durant son procès religieux porte sur sa
qualité de Messie et de Fils de Dieu: En revanche,
dans son procès civil devant Pilate, c'est sa
royauté qui est en cause; les
évangélistes en profitent pour montrer que
sa passion en est la révélation paradoxale.
Interrogé par Pilate " Es-tu
le roi des Juifs? " ( Mc 15,2 p; Jean 18,33. 37),
Jésus ne renie pas ce titre ( Jean 18,37). mais il
précise que son "Royaume
n'est pas de ce monde-ci" ( Jean 18,36), de
sorte qu'il ne peut concurrencer César (Lc 23,2).
Dans l'aveuglement de leur incroyance, les
autorités juives en viennent alors à
reconnaître à César un pouvoir
politique exclusif pour mieux repousser la royauté
de Jésus ( Jean 19,12-15). Mais celle-ci se
manifeste à travers les gestes mêmes qui la
bafouent : après la flagellation, les soldats le
saluent du titre de Roi des Juifs (Mc 15,18 );
l'écriteau de la Croix porte:
"Jésus de Nazareth, roi
des Juifs" (Jean 19,I9ss); les assistants
s'acharnent à railler cette royauté
dérisoire (Mt 27,42 p; Lc 23,37) ; mais,
reconnaissant sa véritable nature, le bon larron
prie Jésus de « se souvenir de lui quand il
viendra dans son royaume» (Lc 23,42). En effet,
Jésus connaîtra la gloire royale, mais ce
sera par sa résurrection et sa parousie au dernier
jour. Venu, comme le prétendant de la parabole,
pour recevoir la royauté et renié par ses
concitoyens, il sera néanmoins investi et il
reviendra pour demander des comptes et se "venger de ses
ennemis" (Lc 19,12-15.27). A la croix cette
royauté éclate pour qui sait voir les
choses avec un regard de foi: Vexilla Regis prodeunt,
fulget crucis mysterium, " Les étendards du Roi
s'avancent, le mystère de la croix resplendit"
(Hymne du temps de la Passion).
II. LA ROYAUTÉ DU CHRIST
RESSUSCITÉ
1. La royauté actuelle du Seigneur. -
Jésus-Christ ressuscité est entré
dans son royaume. Mais il lui faut d'abord faire
comprendre à ses témoins la nature de ce
règne messianique, si différent de ce que
les Juifs attendent: il n'est pas question qu'il restaure
la royauté au profit d'Israël (Ac 1,6); son
règne s'établira par l'annonce de son
Évangile (Ac 1,8). Roi, il l'est pourtant,
comme le proclame la prédication chrétienne
qui lui applique les Écritures prophétiques
: le roi de justice du Ps 45,7 (He 1,8), le
roi-prêtre du Ps 110,4 (He 7,1). Il
l'était mystérieusement dès le
début de sa vie terrestre, comme les
évangélistes le soulignent en racontant son
enfance (Lc 1,33; Mt 2, 2). Mais sa royauté, "
qui n'est pas de ce
monde-ci" (Jean 18,36) et qui n'y est
représentée par aucune monarchie humaine
à laquelle Jésus déléguerait
ses pouvoirs, ne concurrence en aucune façon celle
des rois terrestres. Les chrétiens en deviennent
sujets quand Dieu les " arrache
à l'empire des ténèbres pour les
transférer dans le royaume de son Fils, en qui ils
ont la rédemption" (Col 1,13). Cela ne
les empêche pas de se soumettre ensuite aux rois de
ce monde et de les honorer (1 P 2, 13.17), même si
ces rois sont des païens: dépositaires de
l'autorité, il suffit qu'ils ne l'opposent pas
à l'autorité spirituelle de Jésus.
Le drame est que parfois ils s'élèvent
contre elle, réalisant la prophétie du Ps
2,2. Ce fut déjà le cas lors de la Passion
(Ac 4,25ss). C'est le cas tout au long de l'histoire
quand ces rois terrestres, forniquant avec Babylone (Ap
17,2) et la laissant régner sur eux (17,18),
participent du même coup à la royauté
satanique de la Bête (17,12) : alors,
enivrés de leur pouvoir, ils se font les
persécuteurs de l'Église et de ses fils,
comme Babylone elle-même qui se saoule du sang des
martyrs de Jésus (17,6).
2. Le règne du Christ à la
parousie. - Dans le tableau symbolique des derniers
temps que trace l'Apocalypse, la crise finale s'ouvrira
donc par une campagne de tous ces rois contre 1' Agneau:
ayant remis leur pouvoir à la Bête (Ap
17,13), ils se rassembleront en vue du grand Jour (16,
14), mais l'Agneau les vaincra ( Apocalypse 19,18s), "
car il est le Roi des rois et le
Seigneur des seigneurs" (17,14; 19,Iss -1,5).
Sa parousie sera la manifestation éclatante de son
règne en même temps que du Règne de
Dieu (11,15; 2 Tm 4,1) : suivant l'oracle d'Is II,4, le
Roi fils de David anéantira alors 1' Antichrist
par la manifestation de sa parousie (2 Th 2,9). Il
remettra ensuite le Règne à son
Père, car, suivant le texte du Ps 110,1, il faut
qu'il règne "
jusqu'à ce que Dieu ait placé tous ses
ennemis sous ses pieds" (1 Co 15,24S).
A l'issue de la guerre eschatologique qu'il mènera
comme Verbe de Dieu, il régira ses ennemis,
suivant le Ps 2,9, avec un sceptre de fer (Ap 19,15s).
Alors, en participation à son règne ( 1 Co
15, 24), tous les martyrs, décapités parce
qu'ils ont refusé d'adorer la Bête,
ressusciteront pour régner avec lui et avec Dieu
(Ap 20,4ss- 5,10). Ils participeront ainsi, suivant la
promesse de Dn 7,22. 27, au règne éternel
du Fils de l'Homme. N'est-ce pas ce que Jésus
avait lui-même promis aux Douze à la
dernière Cène : " Je
dispose pour vous du Royaume, et vous siégerez sur
des trônes pour juger les douze tribus
d'Israël " (Lc 22,29S; cf Ap 7.4-8.15) ?
Pierre G RELOT ( Vocabulaire de
Théologie Biblique éditions du Cerf - pages
1139 à1141 )
La fête des Rameaux anticipe le Retour du
Seigneur en gloire à la Parousie. Ce jour
là , il détruira le mal, la souffrance et
la mort. Il détruira Puissances, Pouvoirs,
Autorités civiles, financières,
religieuses.
Ils n'auront plus soif, ils n'auront plus faim, Il
essuyera toutes larmes de leurs yeux... ( Apocalypse
7. 9 à 17)
Lui seul sera le Seigneur, le Roi ,
Dieu.
Voir aussi : Georges Siguier: http://civisme.politique.free.fr/3-la.politique.du.messie/3160-quilregne.htm