Pour que la laïcité soit un art de vivre ensemble

 

Avec la remise du rapport sur l'application du principe de laïcité, le jeudi 11 décembre2003, le Président Jacques Chirac a pris connaissance des propositions de la Commission Stasi. Le mercredi 17 décembre, devant une large assemblée réunie au Palais de l'Élysée (ministres, parlementaires, responsables religieux...), et après avoir rappelé les principes généraux de la laïcité, il s'est engagé en faveur d'une loi interdisant les signes religieux ostensibles a l'école. Dés le lendemain, dans la continuité de la déclaration du Conseil d'églises chrétiennes en France du 8 décembre, Mgr Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux et président de la Conférence des évêques de France, a rendu publique une déclaration après la prise de position de M. Chirac. En voici le texte :


Déclaration de Mgr Jean-Pierre Ricard

Le Président de la République a fait connaître hier sa position sur le respect du principe de laïcité dans la République. Le projet de société pour la France, réaffirmé fortement par le Président de la République, privilégie l'intégration et refuse toute forme de repli communautariste. Il nous parait très positif que les conditions du vivre ensemble soient explicitées. Les valeurs fortes de la République - liberté, égalité, fraternité - doivent être rappelées et promues. L'unité nationale ne méconnaît pas les différences mais les assume et les intègre. Nous nous inscrivons dans cette nouvelle communauté de destinée qui exige lucidité, imagination et fidélité.

Le code de la laïcité, prévu par le Président de la République et confié au Gouvernement, pourra contribuer a rappeler utilement les principes et les règles qui nous régissent en ce domaine. Mais il devra souligner aussi que la laïcité est d'abord un art de vivre ensemble enrichi par l'expérience et la pratique.

L'état est laïc. Cette neutralité en matière religieuse est l'un des fondements de la démocratie moderne. Elle s'accompagne d'une vigilance pour assurer la liberté de conscience et pour garantir le libre exercice des cultes. Cette vigilance va plus loin que le simple fait de permettre a chacun d'exprimer et de pratiquer sa foi. Elle implique la prise en compte de la dimension sociale et institutionnelle des religions dans la société. Il est de la responsabilité de l'état d'assurer le même respect, la même considération a toutes les grandes familles spirituelles . Il le fera en tenant compte de la diversité de ces familles religieuses qui n'ont pas toutes la même histoire, la même conception de Dieu, de l'homme et de la femme, la même façon de vivre les rapports entre les lois religieuses et les lois de la société. Il ne saurait y avoir un traitement indifférencié du religieux, pas plus d'ailleurs qu'un front commun de défense des religions.

La question du port de tenues ou signes religieux a l'école publique et dans les administrations a focalisé le débat. Le Président de la République souhaite une solution législative. Il en profile la problématique. Ne croyons pas pour autant que le vote d'une loi soit la réponse miracle a toutes les difficultés rencontrées. Une loi ne dispensera jamais d'un discernement a opérer en fonction des diverses situations, même pour discerner entre l'ostensible et le discret . Il nous semble que si le rappel des règles est nécessaire, il ne saurait suffire. L'éducation, la pédagogie et la réaffirmation d'un projet de société commun nous paraissent aujourd'hui de première importance.

Si l'école doit être préservée de toute forme de violence, de pression et de trouble du cadre éducatif, elle ne saurait être, comme le souligne a juste titre le Président, un lieu d'uniformité, d'anonymat, ou seraient proscrits le fait ou l'appartenance religieuse. Il faudra donc veiller a ce que, dans sa formulation, une loi sur les signes religieux ne soit pas ressentie comme une marque de défiance par la grande majorité de ceux et celles dont les signes d'appartenance religieuse ne troublent aucunement l'ordre public.

Dans la recherche de ce vivre ensemble avec tous, les catholiques sont déjà présents et actifs. L'église catholique souhaite lutter contre toute forme de discrimination et de division. Avec d'autres, elle veut apporter sa contribution a l'édification d'une société plus libre, plus égalitaire et plus fraternelle.

Paris, le 18 décembre 2003 Mgr Jean-Pierre RICARD

Texte original du Secrétariat général de la Conférence des évêques de France.


Vive la laïcité , centrée sur le respect de l'homme et de la femme, de pensées, de religions, de philosophies, de sagesses diverses, elle évolue et nombreux sont ceux qui aiment voir la laïcité marcher avec la liberté. Edmond Savajol.

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