Privilège pour l'Église catholique à l'ONU

 

L'Assemblée générale des Nations unies a accordé, le 1er juillet 2004, un privilège à l'observateur permanent du Saint-Siège, le nonce Celestino Migliore. Désormais celui-ci, bien que délégué d'une entité non-membre de l'ONU, pourra intervenir comme il le souhaite dans les débats sans toutefois, bien sûr, prendre part au vote.

Depuis le 6 avril 1964, le Saint-Siège, entité juridique coiffant l'État de la Cité du Vatican d'une part et l'Église catholique apostolique et romaine d'autre part, dispose d'un statut d'observateur permanent, créé pour lui et jamais accordé à d'autres. Il ne pouvait intervenir que dans les débats le concernant et avec l'autorisation du président du groupe des États d'Europe de l'Ouest. Il avait notamment utilisé ce statut particulier pour saboter la Conférence internationale du Caire sur la démographie, en 1994, et empêcher la reconnaissance mondiale du droit à l'avortement et à la contraception.

 


  

L'essor de la «nébuleuse évangélique"

 

Invité par l’association des journalistes de l’information religieuse (AJIR), le sociologue Sébastien Fath a analysé, jeudi 2 mars,2006 la « relative prospérité » des protestants évangéliques français

Longtemps peu étudié, le protestantisme évangélique français est, depuis quelques années, l’objet de toutes les attentions, médiatiques et universitaires. Dernier signe de cette concordance d’intérêt, la rencontre organisée jeudi 2 mars à la Maison du protestantisme par l’Association des journalistes de l’information religieuse (AJIR) autour du sociologue Sébastien Fath, chercheur du Groupe de sociologie des religions et de la laïcité (CNRS) et spécialiste du protestantisme évangélique.

D’où vient ce regain d’intérêt pour les évangéliques français ?

Pour Sébastien Fath, il s’explique par « la relative prospérité des Églises évangéliques qui surprend, étonne et attire les observateurs ». Alors que depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les effectifs des autres Églises n’ont cessé de chuter,

les Églises évangéliques, elles, sont passées de 50 000 membres à la fin des années 1940, à 350 000 membres aujourd’hui (400 000 si l’on inclut les Églises dites « ethniques » issues de l’immigration).

Mais encore faut-il savoir de quoi l’on parle quand on utilise le terme «évangélique». « Il ne s’agit pas d’une Église, mais d’une multiplicité d’Églises, de courants, de dénominations, voire de sectes », prévient Sébastien Fath, qui n’hésite pas à parler de « nébuleuse évangélique ». Le sociologue propose quatre critères pour définir ce courant : le biblicisme, le crucicentrisme, la conversion et l’engagement.

Le biblicisme rattache le courant évangélique à la grande famille du protestantisme, mais, spécificité évangélique, la centralité de la Bible s’accompagne d’une lecture normative du texte biblique. « La Bible est lue comme un “code de la routequi dit comment croire et agir dans tous les domaines de la vie », souligne Sébastien Fath. Ce biblicisme s’accompagne d’une grande méfiance, voire d’un refus, des médiations critiques des sciences humaines.

Comment expliquer l’essor de ces Églises évangéliques en France ?

Autre caractéristique : le crucicentrisme. Dans les milieux évangéliques, la centralité de la croix s’accompagne d’une lecture sacrificielle de la mort de Jésus-Christ. Elle distingue nettement un « avant », marqué par le péché des hommes, d’un « après », marqué par la grâce. On retrouve cette césure temporelle dans les récits de conversion individuelle. L’ « après-conversion » est marquée par un fort engagement personnel dans des Églises dites « de professants ».

Bien que partageant ces grands traits, le courant évangélique français, né au début du XIXe siècle, reste marqué par la diversité et l’éclatement. Deux grandes familles se distinguent et rivalisent d’influence : la famille piétiste orthodoxe (150 000 membres) et la famille pentecôtiste charismatique (200 000 membres).

Les piétistes orthodoxes mettent l’accent sur la piété personnelle, la lecture de la Bible et la recherche de la perfection chrétienne. Ils se méfient du spectaculaire et du merveilleux, à la différence des pentecôtistes charismatiques qui insistent, eux, sur l’efficacité de l’agir divin et du Saint-Esprit, les miracles, le parler en langues et la prophétisation.

Une question reste posée : comment expliquer l’essor de ces Églises évangéliques en France, au pays de Descartes et de la sécularisation ?

Pour Sébastien Fath, plusieurs facteurs concourent à la relative prospérité des groupes évangéliques : l’accent mis sur l’efficacité de la foi dans le quotidien, le caractère festif de leurs cultes, l’importance et le soutien de la communauté, qui conduit certains observateurs à parler d’ « Églises providence ». S’y ajoute le cadre structurant et rassurant des normes prescrites et l’univers de certitudes créé par l’appartenance au groupe, qui attirent « pour le meilleur ou pour le pire », précise le chercheur.

Entre suradaptation à la modernité et rejet des valeurs modernes

Pourtant ce succès n’est pas sans cacher certaines fragilités, dont la vulnérabilité aux dérives sectaires. Celles-ci peuvent être de deux types : « la dérive de la communauté insulaire » où, dans la surenchère à la pureté et à la sainteté, la communauté se coupe du reste de la société, et « la dérive du leader charismatique autoritaire » qui finit par substituer sa parole à l’autorité de la Bible.

Ce vaste panorama laisse toutefois de nombreuses questions ouvertes, qui ont nourri le débat, jeudi dernier. Ainsi, que peut-on dire de l’origine et de la trajectoire des chrétiens évangéliques ? Si la géographie de l’évangélisme français montre qu’il s’est surtout implanté dans les régions du protestantisme historique (Gard, Ardèche, nord-est de la France), une étude plus fine permettrait de savoir si l’essor évangélique est une « histoire protestante » ou une forme de remise en cause de la sécularisation.

Les relations paradoxales des évangéliques avec la modernité mériteraient également une étude qualitative approfondie. Les Églises évangéliques oscillent en effet entre suradaptation à l’hypermodernité (utilisation des méthodes du marketing pour l’évangélisation, gestion démocratique des communautés, conception des cultes comme des shows musicaux) et rejet des valeurs modernes (refus de la libéralisation des mœurs, formes d’anti-intellectualisme et d’anti-rationalisme).

Finalement ce petit groupe, très minoritaire (0,5 % de la population française), a encore bien des secrets à livrer et son étude peut en dire beaucoup sur les recompositions contemporaines du religieux.

Elodie MAUROT

La Fédération protestante de France s’apprête à accueillir de nouvelles Églises évangéliques

Mars 2006. La Fédération protestante de France (FPF) admet en son sein cinq nouvelles Églises évangéliques, pentecôtistes et charismatiques : la Communion des Églises de l’espace francophone (CEEF), la Communion d’Églises protestantes évangéliques (Cépée), l’Union des assemblées protestantes en mission (UAPM), l’Union des Églises protestantes Foursquare-France (UEPFF) et l’Union des fédérations adventistes de France (UFA). Après une période de dialogue à la base commencée en 2000, la FPF avait accueilli en 2003 ces Églises pour deux années probatoires.

 


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