Amérique du Sud : BOLIVIE


Misères des pouvoirs ..!! conscient ! inconscient ! Cynisme , double langage ?

"La Haine de l'occident ": Bolivie : la rupture (Page 199 à 211) Jean Ziegler Albin Michel (Rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l'alimentation de 2001 à 2008, Jean Ziegler est aujourd'hui membre du comité consultatif du Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Professeur émérite de sociologie à l'Université de Genève, il a consacré l'essentiel de son œuvre à dénoncer les mécanismes d'assujettissement des peuples du monde. Récemment: Les Nouveaux Maîtres du monde (2002) et L'Empire de la honte (2005).

Quand les porcs étaient affamés .

Dans l'immense basilique d'Aparecida, située à mi-chemin entre Rio de Janeiro et Sao Paulo, les rayons du soleil couchant rougeoient à travers les vitraux aux couleurs vives. L'édifice a été construit pour la visite du pape. Coût de l'opération: 37 millions de dollars. En cet après-midi d'automne finissant, la chaleur sature l'atmosphère.

 Silhouette frêle toute de blanc vêtue, voix chevrotante, débit lent, Benoît XVI s'adresse aux milliers de croyants et aux deux cents cardinaux, archevêques et évêques réunis en ce dimanche 13 mai 2007.

Josef Ratzinger dit: «La foi chrétienne a animé la vie et la culture de ces peuples indiens pendant plus de cinq siècles. L'annonce de Jésus et de son Évangile n'a supposé, à aucun moment, une aliénation des cultures précolombiennes, et n'a pas non plus été l'imposition d'une culture étrangère. »

Le pape interroge: « Qu'a signifié l'acceptation de la foi chrétienne par les peuples d'Amérique latine et des Caraïbes ? Pour eux, cela a signifié connaître et accepter le Christ, ce Dieu inconnu que leurs ancêtres, sans le réaliser, recherchaient dans leurs riches traditions religieuses. Le Christ était le Sauveur qu'ils désiraient silencieusement. » ( Le Monde, 15 mai 2007. )

Rarement mensonge historique a été proféré avec autant de sang-froid.

En 1550, la «découverte» espagnole des Amériques avait soixante ans. Le massacre des Aztèques et des Aymaras, les effroyables tueries commises par la soldatesque ibérique dans les îles inquiétèrent cette année-là jusqu'au palais royal de Madrid et jusqu'à la cour papale de Rome.

D'accord avec le pape Jules III, l'empereur Charles Quint ( En tant que roi d'Aragon et de Castille ,des Flandres, de Naples, de Sicile), il régnait sur le Nouveau Monde. En tant qu'empereur du Saint Empire romain germanique, il gouvernait l'Allemagne. Ne maîtrisant pas l'allemand et peu l'espagnol, sa terre de prédilection était la Bourgogne. En Espagne, il aimait à séjourner à Valladolid.) décida alors de susciter une grande controverse et d'en réunir les intervenants à Valladolid.

Voici les questions qui furent débattues à cette occasion: Les peuples récemment découverts appartiennent­ils ou non à l'espèce humaine? Sont-ils ou non associés au plan de rédemption du Sauveur? Sont-ils des créatures du Dieu vivant ou une sous-espèce à peine humaine de l' humanité ? Les Indiens ont-ils une âme ? Le Christ est-il mort pour eux aussi?

D'un commun accord, l'empereur et le pape avaient désigné deux contradicteurs principaux: le dominicain Bartolomé de Las Casas, défenseur des Indiens, et Juan Ginés de Sepûlveda, partisan de la thèse de la « sous-humanité» des hommes nouvellement découverts. Bartolomé de Las Casas avait 76 ans en 1550. Né d'une famille de Conversos, autrement dit de Juifs convertis au catholicisme, il avait été évêque du Chiapas, au Mexique. Juan Ginés de Sepûlveda avait presque vingt ans de moins que Las Casas. Et si ce dernier était un Andalou passionné, un prêcheur-né, Sepûlveda, lui, était un froid juriste formé à Bologne. Il était en outre - poste de confiance s'il en est -le précepteur du prince héritier, le futur Philippe II. Selon Las Casas, les Indiens étaient bien des humains, dotés d'une âme, capables d'accéder au salut. Mais Sepûlveda s'obstinait à refuser aux Indiens la qualité d'êtres humains.

D'immenses intérêts économiques étaient en jeu.

Si les Indiens étaient reconnus comme pleinement humains, s'ils étaient bien des enfants de Dieu et associés au plan de rédemption du Christ, personne n'aurait le droit de les réduire en esclavage ni de leur voler leurs terres, leurs forêts et leurs minerais. Il faudrait rémunérer leur travail, leur acheter leurs biens ... Ce qui provoquerait, à coup sûr, la ruine de l'empire. L'issue de la controverse de Valladolid ne faisait pas de doute. Les conquérants avaient le trésor royal de leur côté. Désespéré, solitaire, Las Casas mourut à Madrid, le 18 juillet 1566. Rien n'est simple dans l'Espagne du XVIe siècle.

En 1542, l'empereur Charles Quint avait, en effet, promulgué Las Leyes de las lndias (les lois des Indes), stipulant l'interdiction de l'esclavage des Indiens et la suppression graduelle de l'encomienda ( Nom donné à toute terre remise en pleine propriété - avec les hommes qui s'y trouvent - au colon par le roi. )•

Tollé des colons ! A Lima, des insurgés armés chassèrent le vice-roi.

Charles Quint recula et renonça à l'application des lois. Ces lois, bien sûr, ont une histoire.

Jeune, Charles Quint avait suivi les cours du dominicain Francisco de Vitoria à l'université de Salamanque. Or Vitoria était un contemporain, un frère de combat de Las Casas. On le considère comme le fondateur du droit international.

Je me souviens encore avec émotion d'un certain jour d'été à Salamanque. L'Université a conservé en l'état la petite salle, avec son abat-voix, ses bancs grossièrement équarris où Frey Francisco de Vitoria donnait ses cours. Charles Quint ne parlait qu'à peine l'espagnol, mais il comprenait parfaitement le latin. Son assiduité est attestée, et il est notamment établi qu'il a assisté fort régulièrement au cours intitulé De potestate civili en 1528•(. Voici les thèses de De potestate civili : le pouvoir réside dans le peuple qui le tient de Dieu et peut le céder pour un temps à un groupe d'hommes ou à un prince. Le pouvoir a pour fin unique le bien-être matériel et spirituel des hommes. La sociabilité est le fondement du pouvoir, mais une sociabilité originelle, jamais contractuelle. Le pape n'a aucune autorité sur les gouvernements temporels.)

Je m'imaginai Charles Quint assis parmi les étudiants sur ces bancs de bois, écoutant en silence la théorie du droit naturel, lui, le futur maître du monde, régnant des Andes aux Flandres !

Après la controverse de Valladolid, l'empereur tenta de ressusciter Las Nuevas Leyes ... sans toutefois se préoccuper de leur application aux Amériques. Autrement dit, les esclaves indiens présents sur le sol ibérique furent libérés, tandis que les millions d'Indiens captifs, travaillant dans les Illines américaines ou sur les encomiendas, durent continuer à endurer l'esclavage ...

Admirable, ce double langage pratiqué de si longue date par les Occidentaux !

Las Casas évoque cette étrange coutume espagnole pratiquée par les conquérants: « Oh, tout nous est bon. Mais le fer surtout, car la poudre est chère. Quelquefois on les embroche par groupes de treize, on les entoure de paille sèche et on y met le feu. D'autres fois on leur coupe les mains et on les lâche dans la forêt. »

Pourquoi par groupe de treize? Las Casas répond: «pour honorer le Christ et les douze apôtres! Oui, je vous dis la vérité. Le Seigneur a été "honoré" par toutes les horreurs humaines [ ... ]. Quelquefois on saisit les enfants par les pieds et on leur fracasse le crâne contre les roches ! Ou bien on les met sur le gril, on les noie, on les jette à des chiens affamés qui les dévorent comme des porcs ! On fait des paris à qui ouvrira un ventre de femme d'un seul coup de couteau! [ ... ] J'ai vu des cruautés si grandes qu'on n'oserait pas les imaginer. Aucune langue, aucun récit ne peut dire ce que j'ai vu • » (Voir notamment Bartolomé de Las Casas, L'Évangile et la force. Choix de textes, traduction M. Mahn-Lot, Paris, 1964. Les Œuvres complètes de Las Casas ont été éditées par Perez de Tudela, en 5 volumes, à Madrid, en 1957. L'Historia de la Tudias, 3 volumes, a été éditée au Mexique en 1951. Voir aussi Jean­Claude Carrière, La Controverse de Valladolid, Arles, Actes Sud),

La population du Mexique précolombien atteignait 30 à 37,5 millions d'habitants et on évalue à un chiffre identique le nombre d'Indiens vivant dans la zone andine. L'Amérique centrale, de son côté, comptait entre 10 et 13 millions d'âmes. Aztèques, Incas et Mayas totalisaient 70 à 90 millions de personnes à l'arrivée des conquistadores. Or, un siècle et demi plus tard, ils n'étaient plus que 3,5 millions!.

Dans un texte nahuatl conservé dans un livre du XVIe siècle, appelé Codex florentin, un témoin oculaire, aztèque, décrit le pillage de Tenochtithin et le martyre de l'empereur Montezuma: «Les Espagnols sont dans le ravissement. Comme le feraient les singes, ils soulèvent l'or. Ils s'assoient avec des gestes qui manifestent leur jubilation. On dirait que leurs cœurs sont rajeunis et illuminés. Il est évident que c'est là ce qu'ils désirent avidement. Tout leur corps se dilate à cette idée, ils montrent à cet égard un appétit furieux. Ils convoitent l'or comme des porcs affamés• » ( 59 sq Eduardo Galeano, Les Veines ouvertes de l'Amérique latine, Paris, Plon, coll. «Terre humaine », 1971. Darcy Ribeiro, Las Americas y la civilisation, Buenos Aires, 1969.

Pour ces «porcs affamés» qui n'avaient ni culture ni compassion, mais qui disposaient de la poudre noire, de chevaux et d'épées tranchantes, les astronomes, paysans, bâtisseurs, mathématiciens et botanistes aztèques, aymara, quechua ou maya n'étaient que des animaux corvéables à merci.

Les richesses extraites par les prédateurs ibériques du sous-sol, des terres, des forêts et des vallées sud-américaines durant trois siècles défient l'imagination.

Je n'en donnerai ici qu'un exemple, celui de Cerro Rico, la « montagne riche» qui surplombe la ville de Potos!.

En 1543, Potosf, ville nouvelle construite au pied du Cerro Rico, était la ville la plus peuplée des Amériques et l'une des plus riches de tout le monde occidental. Le Cerro Rico était, en effet, traversé par d'innombrables veines d'argent. 40 000 tonnes d'argent en furent extraites en trois siècles • ( Earl 1. Hamilton, American Treasure and the Priee Révolution in Spain, 1501-1650, Massachusetts, 1934. Hamilton a dépouillé les archives de la Casa de Contratacion de Séville. La Casa était une sorte de trésorerie centrale du royaume. )

Huit millions d'Indiens y laissèrent la vie.

L'or avait été l'obsession des conquistadores, des premiers pillards débarquant aux Amériques. Mais, rapidement, l'argent avait détrôné l'or comme principale richesse à extraire des nouvelles terres. Hamilton estime qu'au milieu du XVIIe siècle déjà, l'argent représentait plus de 90 % des exportations minières de l'Amérique sous domination espagnole•

Les seigneurs des mines ou leurs sous-traitants faisaient la chasse à l'esclave à des centaines de kilomètres autour de Potosf. Les communautés agricoles quechua et aymara de l'Alti pIano étaient ainsi attaquées nuitamment, dévastées, leurs habitants enchaînés et poussés comme du bétail dans les tunnels conduisant au labyrinthe souterrain du Cerro. C'est l'époque où de nombreux individus devaient revendiquer devant les tribunaux leur condition de métis pour ne pas être envoyés dans les mines, ni vendus et revendus sur les marchés.

Ce système d'exploitation minière était appelé la mita. Les esclaves miniers portaient le nom de mitayos.

Les gardes armés envoyaient les troupeaux de mitayos dans les puits - des hommes, des adolescents, mais aussi des enfants, des femmes. Quiconque refusait de descendre était tué sur place.

Les mitayos descendaient les échelles, s'accrochant aux barres, tentant de ne pas tomber dans les puits dont certains étaient profonds de plusieurs centaines de mètres.

Parvenus dans les galeries, ils devaient eux-mêmes, au moyen de poutres de bois amenées par les échelles, étayer les plafonds et les parois. Protection dérisoire: les effondrements étaient fréquents. Le Cerro Rico abrite aujourd'hui encore des milliers, peut-être des dizaines de milliers de cadavres de mitayos enterrés vivants sous les parois et les plafonds écroulés.

À partir des galeries déjà creusées avec l'aide de leurs pics, les hommes, les femmes et les enfants prisonniers des profondeurs devaient ramper sur le ventre comme des reptiles pour creuser de nouveaux boyaux latéraux, et y arracher de nouveaux blocs de minerai. Ils devaient ensuite porter les blocs sur leur dos et remonter par les échelles.

Aucun mineur n'était autorisé à remonter à la surface s'il n'était pas porteur d'un certain poids de m,minerai argentifère. Des gardes armés étaient placés tout en haut des échelles. Le mineur - qu'il fût homme, femme ou enfant - qui tentait de remonter à la lumière du jour sans son « dû » réglementaire était impitoyablement repoussé dans les ténèbres.

Jusqu'à ce jour, le tunnel d'accès principal au Cerro porte le nom de « Gueule de l'enfer» ( Plusieurs galeries continuent à être exploitées aujourd'hui encore, d'une manière tout à fait artisanale.)

Des révoltes se produisaient parfois, bien sûr. À l'aide des ossements de leurs camarades morts de faim ou d'épuisement au fond des puits, les mineurs survivants fabriquaient des poignards. Mobilisant leurs dernières forces, ils grimpaient alors jusqu'en haut de l'échelle et attaquaient leurs gardes.

Juan Ginés de Sepûlveda, le théologien qui, à Valladolid, avait été l'adversaire de Bartolomé de Las Casas, avance, pour justifier la souffrance des Indiens dans les mines et les encomiendas, cette explication: «Les Indiens méritent d'être traités ainsi, car leurs péchés et idolâtries offensent Dieu . »

Karl Marx donne une explication plus réaliste. L'accumulation initiale du capital, fondement du développement industriel, financier et politique de l'Occident, s'est opérée dans l'hémisphère Sud.

Écoutons Marx: «Le capital arrive au monde suant le sang et la boue par tous les pores [ ... ]. Il fallait pour piédestal à l'esclavage dissimulé des salariés en Europe, l'esclavage sans fard dans le Nouveau Monde• » ( Karl Marx, Œuvres complètes, éditées par M, Rubel, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », vol. II : Le Capital, t. l, section VIII.)

Encore Marx: «L'histoire moderne du capital date de la création du commerce et du marché des deux mondes au XVIe siècle [ ... ]. Le régime colonial assurait des débouchés aux manufactures naissantes, dont la facilité d'accumulation redoubla, grâce au monopole du marché colonial. Les trésors directement extorqués hors de l'Europe par le travail forcé des indigènes réduits en esclavage, par la concussion, le pillage et le meurtre, refluaient à la mère patrie pour y fonctionner comme capital. »

Bien entendu, aucune conquête territoriale, aucune domination durable n'est possible sans l'action d'un appareil idéologique et répressif, contraignant, cohérent, efficace. Pour soumettre les peuples indiens des Amériques, l'appareil qui assuma cette fonction fut la Sainte Inquisition. Son nom officiel était plus anodin: le Tribunal de l'Église•( L'Inquisition remonte en fait au XIIe siècle. Elle concrétise une décision du concile de Vérone (1183), qui avait ordonné aux évêques lombards de livrer à la justice ceux d'entre les hérétiques qui refuseraient de se convertir. ) Ses procureurs, enquêteurs, tortionnaires, juges, bourreaux et confesseurs voyageaient sur les caravelles, les galions des rois du Portugal et d'Espagne. Dès la fin du xve siècle, les inquisiteurs et leurs tribunaux de l'Église se répandirent au-delà des mers: surtout aux Amériques et aux Antilles.

Les Indiens se sont-ils donc «silencieusement» et « ardemment» soumis aux bienfaits de l'Inquisition et de la conversion forcée au dogme de Rome, comme l'assure Benoît XVI ?

Évidemment non !

Durant les trois siècles et plus qu'aura duré la domination coloniale espagnole aux Amériques, la résistance indienne n'aura jamais faibli. Le martyrologe des insurgés indiens, dans les vallées, dans les gorges et sur les hauts plateaux des Andes, traverse les siècles. Dans ses discours, Evo Morales l'invoque constamment.

Une puissante révolte paysanne balaya, par exemple, les Andes centrales en 1571. Elle fut conduite par un Indien du nom de Tûpac Amaru, qui se disait descendant du dernier Inca. Il fut capturé. Des milliers de ses combattants, leurs femmes et leurs enfants furent massacrés, leurs villages brûlés. Le vice-roi espagnol du Pérou, Francisco de Toledo, organisa à Cuzco un procès public.

Tûpac Amaru fut affreusement torturé, puis décapité. Vers la fin du XVIIIe siècle, c'est dans les mines que s'organisa la résistance la plus acharnée.

En 1776, un mouvement conduit par José Gabriel Condorcan qui réclama l'abolition de l'esclavage minier, la mita, notamment à Potosi. Des dizaines de milliers de paysans et de mineurs répondirent à son appel, massacrant les seigneurs miniers, les latifundiaires et leurs gardes.

José Gabriel était un jeune métis de père espagnol et de mère indienne dont la beauté et la force physique étaient réputées exceptionnelles. Il prit le nom de Tûpac Amaru II. Pendant sept ans, Tûpac Amaru II livra aux Espagnols, supérieurement armés, une guerre de guérilla extrêmement mouvante. Mais finalement, après que l'un de ses compagnons l'eut trahi, Tûpac Amaru II fut surpris dans son sommeil, chargé de chaînes et emmené à Cuzco.

Une nuit, un envoyé du vice-roi du nom d'Ardeche entra dans sa cellule. Au captif, marqué par les tortures, exténué par la soif et la faim, Ardeche offrit la liberté au Mexique et une forte somme d'argent. Mais le métis refusa de se soumettre Il fut mis à mort le 18 mai 1781 sur la place Wacaypata, à Cuzco. Avant de l'extraire de son cachot, le bourreau lui coupa la langue!.( Daniel Valcarcel, La Rébellion de Tupac Amaru II, Mexico, 1947. ) Le vice-roi redoutait le discours que Tupac Amaru II aurait pu adresser à l'immense foule massée sur la place.Avant de mourir, le condamné dut assister à l'égorgement de sa femme, de ses enfants et de ceux de ses amis qui avaient été capturés avec lui près de Tinta, trois mois auparavant.

Puis les bourreaux attachèrent ses bras et ses jambes à quatre chevaux. Fouettés, ces derniers partirent dans quatre directions différentes, mais le corps de Tupac Amaru II, dit-on, ne se déchira pas. Finalement, les bourreaux le traînèrent jusqu'au gibet et le décapitèrent, puis démembrèrent son corps.

La tête du supplicié fut envoyée pour être exposée sur la place publique de Tinta. Un bras fut exposé à Tunga­sucu, l'autre à Carabaya, une jambe à Livitaca et l'autre à Santa Rosa.

Quelques mois après le supplice de José Gabriel au Pérou, un autre jeune Aymara du nom de Julian Apaza, âgé de vingt -sept ans, prit le nom de Tupac Katari et appela à la révolte, cette fois-ci sur les hauts plateaux du sud de la vice-royauté, sur le territoire de l'actuelle Bolivie.

À la tête d'une armée de plus de quarante mille paysans et mineurs avec, parmi eux, un grand nombre d'esclaves africains fugitifs, il mit le siège devant La Paz.

Un corps expéditionnaire métropolitain, envoyé depuis l'Andalousie, eut raison des insurgés.

Le 15 novembre 1781, Julian Apaza, alias Tupac Katari, dut à son tour assister à l'exécution par égorgement de tous ses enfants et de toute sa famille, puis il fut lui-même décapité et écartelé. Les ultimes paroles de Julian Apaza se sont transmises à travers les siècles, lors des veillées nocturnes, au sein des communautés quechua et aymara. Au bourreau qui allait le décapiter, le jeune Tupac Katari aurait dit : « Vous ne faites que me tuer: mais je reviendrai et je serai des millions. »

Aujourd'hui, sur les hauts plateaux andins de l'Équateur, du Pérou et de la Bolivie, bien des gens sont persuadés qu'Eva Morales Aïma est la réincarnation de Tupac Katari..

Les textes soulignés sont du webmaster.

A Lire en son entier :" La Haine de l'occident "Jean Ziegler Albin Michel 2008.


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