Actualité Europe

Angleterre


Arrêtez le carnage !

Déclaration de Mgr Patrick O'Donoghue sur la guerre en Irak

Alors que 12 000 soldats américains et irakiens ont lancé, le 9 novembre, une attaque contre la ville de Falloujah, bastion de la guérilla sunnite anti-américaine en Irak, Mgr Patrick O'Donoghue, évêque de Lancaster (Angleterre) a exprimé son avis personnel dans une déclaration que nous publions (*) :

Selon la revue Lancet, les forces d'occupations ont déjà causé la mort de 100 000 Irakiens. Plus de 600 personnes avaient été tuées lorsque les forces d'occupation tentèrent une première fois de s'imposer à Falloujah. Les pertes humaines pourraient bien, cette fois-ci, être beaucoup plus importantes alors qu'une offensive aérienne et terrestre dévastatrice vient d'être lancée sur cette ville. Combien de morts décompterons-nous à nouveau lorsque l'attaque sera achevée ? Les forces d'occupations doivent savoir que seulement la moitié de la population civile (300 000 personnes) a apparemment eu la possibilité de s'enfuir.

Depuis le début, je m'insurge contre le caractère illégal de cette guerre. Elle est en rupture avec la loi internationale et s'effectue sans mandat des Nations Unies. Ici même au Royaume-Uni et dans le monde entier, de nombreuses personnes expriment leur inquiétude et leur franche opposition. Le rejet par les forces d'occupation de la position du Secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, est la preuve d'une certaine arrogance impériale que l'on croyait pouvoir reléguer au siècle dernier. Malheureusement, ce genre de comportement continue, aujourd'hui encore, de saper les relations internationales.

Je continuerai à protester, toujours et encore, jusqu'à ce que toutes les troupes d'occupation quittent l'Irak, jusqu'à ce que prenne fin cette occupation, et que soit donnée aux Nations Unies, et à elle seule, la responsabilité de reconstruire ce pays. Je demande donc au Premier ministre (1) de saisir l'occasion de sa visite aux États-Unis pour provoquer la fin à cette guerre dans les plus brefs délais et pour se préoccuper de la situation au Moyen-Orient.

À l'instar du Pape Jean-Paul II, je demande de prier pour toutes les victimes de cette tragédie qu'est la guerre en Irak, quel que soit le camp auquel elles appartiennent. Les conséquences de ce conflit seront un cauchemar pour les générations à venir.

(*) Texte original anglais de la Conférence des évêques catholiques d'Angleterre et du Pays de Galles.


 

France

Politique de l'Église

Après des siècles d'intervention politique et même militaire, le Pape et le Siège apostolique ne possèdent plus les instruments de puissance qui leur permettaient d'agir directement dans le concert des nations. De cette faiblesse est apparue une profonde réorientation de l'action diplomatique du Saint-Siège, et c'est heureux !

Après l'invasion des Etats pontificaux par Garibaldi (1870), le Souverain pontife a été dépouillée mais son aura n'a pas faibli. Désormais, le Pape intervient en politique sans plus avoir à préserver un territoire, et sa parole porte bien au-delà des limites de la Cité du Vatican, Étal reconnu depuis les Accords du Latran (1929). Pour s'en convaincre, il suffit de faire le bilan de l'action diplomatique menée depuis par les services du pape.

 Avec 174 ambassadeurs accrédités au Vatican à ce jour, contre moins de la moitié en 1978, seul quelques rares États n'entretiennent pas de relations diplomatiques avec le Saint-Siège : l'Arabie Saoudite. La Chine, la Corée du Nord et le Myanmar (Birmanie), pays qui ne brillent pas par leur tolérance religieuse. Voilà le signe d'une reconnaissance quasi unanime de la place particulière du Pape et du Siège apostolique, prise aussi en considération aux Nations Unies voici quelques mois (1). Devant les grandes questions de société et de politique internationale, le Pape propose les voies de la pacification et du dialogue. Il est intervenu maintes fois pour s'opposer a la guerre en Irak : pour ne pas oublier l'Afrique marquée par la famine et les conflits ; pour encourager à la construction européenne ; pour pousser à la solidarité avec le-, victimes des cataclysmes naturels ; pour respecter la vie à toutes ses étapes.

Ces propositions sont loin d'être toujours suivies et unanimement respectées. Ainsi le Pape est-il souvent entendu mais pas toujours écoute par les dirigeants politiques. Ces derniers reconnaissent pourtant la légitimité de ses positions au point de venir fréquemment s'entretenir avec lui au Vatican (2),

En perdant son assise territoriale, en acceptant, volontairement ou non, les avancées de l'esprit démocratique, l'Église catholique s'est elle-même transformée en un apôtre des droits de l'homme sans avoir à renier les droits de Dieu, Dans le dossier que nous présentons sur les relations du Saint-Siège avec les Étals, il est donc indispensable de lier la diplomatie vaticane. Héritière d'une longue tradition, à une approche renouvelée de la démocratie et de ses institutions. F.n renonçant à imposer un état et des législations chrétiennes, l'Église et les catholiques insistent sur la prise en considération de valeurs humaines et évangéliques qui peuvent réunir croyants ou non. Au nom de leur foi, l'Église et tous les catholiques s'engagent en politique pour construire un monde plus humain et donc plus chrétien.

P. Vincent Cabanac,


 AUTRICHE

Moins de catholiques après l'affaire de Sankt-Pôlten

En 2004, plus de 30 000 Autrichiens se sont retirés officiellement de l'Eglise catholique. Cette tendance, déjà ressentie les années passées, s'est fortement accentuée durant l'été 2004, au moment de l'affaire du séminaire de Sankt-Pôlten. En effet, Mgr Klaus Kùng, évêque de Feldkirch, chargé par le Vatican de l'enquête sur le scandale à caractère sexuel et pornographique dont a été l'objet le séminaire du diocèse de Sankt-Pôlten (à 80 km de Vienne), a décidé de la fermeture immédiate de celui-ci le 12 août 2004. Les faits remontent à novembre 2003, avec la découverte, sur les ordinateurs portables de plusieurs séminaristes, de photos à caractère pornographique, dont certaines mettent en scène des responsables et des élèves du séminaires ainsi que des mineurs. Début juillet 2004, le directeur du séminaire, Ulrich Kuechl, et son directeur adjoint, Wolgang Rothe, soupçonnés de relations homosexuelles avec des séminaristes, renoncent à leur responsabilité. Le 19 juillet, un séminariste polonais âgé de 27 ans est inculpé pour possession de matériel de pédophilie.

Dans un premier temps, Mgr Kurt Krenn, évêque de Sankt-Pôlten, minimise les faits puis se déclare victime d'une machination. Le Saint-Siège tente de lui imposer le silence. Le 7 octobre dernier, le Pape Jean-Paul II a accepté la démission de cet évêque controversé pour ses positions conservatrices. Mgr Klaus Kûng, membre de la prélature de l'Opus Dei, a été nommé par le Pape pour lui succéder à la tête du diocèse de Sankt-Pôlten. Cette affaire a laissé des séquelles dans toute l'Autriche.

ITALIE

Un nouveau recteur français à Rome

Sur proposition de la Conférence épiscopale, M. Pierre Morel, ambassadeur de France près le Saint-Siège a nommé le P. Pierre-Étienne Pillot, recteur de Saint-Louis-des-Français à Rome. Il succède à Mgr Max Cloupet, en poste depuis 1998, qui rejoint son diocèse de Bordeaux. Le P. Pillot, âgé de 66 ans, est prêtre du diocèse de La Rochelle et curé à Royan depuis 19 ans. Jeune prêtre, il a résidé au séminaire français de Rome en 1964 pendant ses études à l'Université grégorienne. C'est avec plaisir qu'il s'apprête à retrouver la Ville éternelle ainsi que l'Église Saint-Louis, point de ralliement des Français de Rome, des pèlerins et des évêques venus de France et lieu de diffusion de la francophonie à travers le centre culturel du même nom.

(La Croix, 23 décembre 2004).

 


LE MONDE FACE AU TERRORISME (Attentats du 11 septembre aux États-Unis)

Pour que rien ne soit plus comme avant Texte de Mgr Lucien Daloz, président de Justice et Paix-France (*)

Les attentats qui ont frappé les États-Unis ont secoué le monde. Devant la violence et l'horreur de tels actes, nous nous sommes sentis profondément solidaires du peuple américain et de ses souffrances. La découverte de l'ampleur des dégâts et de leurs conséquences révèle jour après jour la profondeur des fractures qui parcourent notre humanité. C'est un nouvel aspect, inattendu, de la mondialisation.

On a beaucoup répété ces derniers jours : « Après le 11 septembre 2001, rien ne sera plus comme avant ». Mais en est-on si sûr ? Ne faut-il pas plutôt poser la question : que devons nous faire pour cela ? Car il faut souhaiter, pour notre humanité, que rien ne soit plus comme avant ! Nous risquons de ne pas aller assez loin dans la réponse au défi lancé ce 11 septembre ?

D'abord, il est nécessaire que les coupables soient découverts, jugés, mis hors d'état de nuire, et que tous les pays conjuguent leurs efforts pour éradiquer un terrorisme d'ampleur internationale. Des voix se sont heureusement élevées pour qu'on ne confonde pas justice et vengeance, et qu'on ne fasse pas payer à des populations entières la cruauté des responsables des attentats. Mais l'enjeu est à plus long terme. Il ne suffit pas de guérir des symptômes, il faut s'attaquer aux causes et en prendre les moyens. On ne peut rêver de supprimer la violence sans combattre les situations de violence. Les inégalités criantes entre les peuples, en ce qui concerne les richesses, l'éducation, la santé, la dignité, la sécurité et la liberté, engendrent frustration, révolte, désespoir. Désespoir qui n'est pas la cause du terrorisme, mais que les terroristes utilisent à leurs fins...

N'est-il pas temps de mettre en oeuvre un vaste plan de solidarité concrète ? N'est-il pas temps d'exercer les pressions nécessaires pour une solution juste et pacifique du conflit du Proche Orient, dans le respect du droit international, comme l'a maintes fois rappelé le Saint-Siège ? On ne peut faire face à de tels défis sans renforcer les organismes internationaux : eux seuls, malgré leurs limites, permettent une action concertée selon les normes d'un droit reconnu par tous. C'est seulement dans le cadre de l'ONU et des accords internationaux que les États-Unis et leurs alliés pourront, avec les autres peuples, trouver des solutions durables pour un véritable ordre mondial. C'est par de tels accords, et en respectant la charte de l'ONU, que peut se rebâtir la confiance, au service du bien commun. Sinon, c'est la loi du plus fort ou du plus violent !

Les événements que nous venons de vivre sont un appel à la conscience. La méfiance, la haine, entretenues dans les relations quotidiennes, l'éducation, les médias, explosent un jour en racisme ou en violence. Si nous voulons vraiment que rien ne soit plus comme avant, un sursaut de respect et de bienveillance mutuelle est indispensable. Enfin, les religions sont interpellées. Le sens de Dieu est perverti lorsqu'on utilise son nom à des fins politiques, plus encore pour justifier des meurtres et des massacres d'êtres humains. Aucune religion n'est à l'abri de telles perversions. Le dialogue entre les religions et avec tous les hommes de bonne volonté, pour une mondialisation de la fraternité, devra prendre de nouvelles dimensions. Vaste programme, certes, dans une perspective à long terme. Souhaitons que les décisions prises dans l'urgence de la « riposte » n'en compromettent pas la réalisation. Il en va de la survie, dans le monde entier, des valeurs de liberté, de démocratie, de droits de l'homme, de solidarité. Bref de la justice et de la paix, plus que jamais liées. Le 19 septembre 2001

Lucien DALOZ, archevêque de Besançon, Président de Justice et Paix-France


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