Contre une attaque visant l'Iran


Communiqué du Conseil œcuménique des Églises (COE)

Dans un communiqué daté du 28 septembre, le Conseil œcuménique des Églises (COE) met en garde contre un règlement par la force de la crise relative au programme nucléaire iranien. Il rappelle avec insistance que « les solutions négociées constituent la seule voie vers la paix au Proche-Orient » et lance un appel aux gouvernements occidentaux et à leurs alliés afin qu'ils se décident fermement à résoudre cette crise.

Texte original anglais du COE (*)

1. Depuis des années, au gré de multiples déclarations, le Conseil œcuménique des Églises (COE) appelle les gouvernements à exercer leurs responsabilités pour apporter la paix et la justice aux peuples du Proche-Orient. Pourtant, aujourd'hui, de l'Irak au Liban en passant par Israël et les Territoires palestiniens occupés, des conflits irrésolus sèment l'effroi dans la région. Un nombre incalculable de femmes, d'enfants et d'hommes voient leur vie brisée, les familles sont déchirées et des communautés entières sont les otages de l'injustice de la violence.

2. De plus en plus, les perspectives de paix dans chacun de ces lieux semblent liées au processus de paix de toute la région. Apporter des solutions justes et durables à la violence et à l'instabilité en Irak, en Israël/Palestine et au Liban exige que les gouvernements régionaux et internationaux adoptent des politiques de rupture, des politiques constructives, notamment en ce qui concerne l'Iran, Israël, la Syrie, le Liban et les États-Unis ainsi que les autres puissances étrangères impliquées.

3. Les menaces d'une autre guerre au Proche-Orient défient les leçons de l'histoire comme de la morale. Nous voulons parler ici de la position belligérante des États-Unis envers l'Iran et des menaces proférées par l'Iran à l'égard des États-Unis et d'Israël. Cette région et son peuple ne doivent pas avoir à subir une autre guerre, une guerre qui serait de nouveau illégale, immorale et mal pensée.

4. Un jour, les conflits céderont le pas aux négociations de bonne foi, comme ce fut le cas par le passé. Les résultats positifs obtenus progressivement dans le cadre des pourparlers à six dont font partie les États-Unis et la Corée du Nord en constituent un exemple éloquent. La crise qui affecte le Proche-Orient nécessite aussi une approche multi- et bilatérale. Les Églises, dans cette région du monde et au-delà, attendent que les gouvernements concernés franchissent avec courage et responsabilité de nouvelles étapes, à savoir :

a) L'organisation de négociations États-Unis/Iran et multipartites pour régler le contentieux nucléaire en souffrance et pour atteindre un modus vivendi au regard des intérêts nationaux respectifs en Irak et dans la région alentour. Il est clair que cela implique que l'Iran se plie aux directives de l'Agence internationale de l'énergie nucléaire (AIEA) et du Conseil de sécurité des Nations Unies et que les États-Unis tiennent leur engagement de 1995, à savoir ne pas utiliser d'armes nucléaires contre les pays non nucléaires signataires du Traité de non-prolifération (TNP), y compris l'Iran (Comité exécutif, Bossey, 2006) (1).

b) La prise de mesures par Israël, l'Iran et leurs alliés respectifs afin de réduire l'attitude menaçante d'Israël et de l'Iran, ces mesures incluant l'adhésion prompte et inconditionnelle d'Israël au TNP tel que le réclame l'Assemblée générale des Nations Unies, et la pleine soumission de l'Iran aux directives mentionnées ci-dessus (Comité exécutif, 2006).

c) La prise de décisions par Israël, ses voisins et les parties prenantes de l'Initiative de paix arabe (2), par les États-Unis, l'Union européenne, la Russie et les Nations Unies pour mettre enfin un terme au quarante années d'occupation des Territoires palestiniens et établir un État palestinien viable à Jérusalem Est, sur la rive ouest du Jourdain et dans la Bande de Gaza, conformément aux résolutions des Nations Unies.

d) La restitution du Plateau du Golan à la Syrie dans le cadre d'un accord global Syrie-Israël qui permette de résoudre inter alia les questions en suspens pour les deux pays concernant la souveraineté du Liban.

e) Un retournement de la tendance récente en Occident, et parmi les alliés occidentaux dans cette région, à se focaliser sur les différences entre sunnites et shiites et à les favoriser, y compris la nécessaire et significative réduction des transferts internationaux et régionaux d'armes vers les deux groupes susnommés.

f) Le retrait des forces américaines d'Irak et la mise en œuvre de programmes alternatifs irakiens en matière de politique, d'économie et de sécurité (Comité central, Genève 2005).

5. Résoudre ces problèmes régionaux, et tout spécialement ceux devenus des « causes célèbres » (3) dans le monde musulman et au-delà, est essentiel pour mettre fin à l'actuelle spirale de violence en Irak, au Liban et en Israël/Palestine. Les groupes armés non étatiques continueront de trouver les ressources, les recrues et les opportunités leur permettant de faire usage de la violence contre les cibles américaines, israéliennes et irakiennes si ces problèmes ne sont pas résolus.

Recommandations

A) Les Églises membres du COE (4) sont invitées expressément à faire comprendre à leur gouvernement combien il leur semble urgent que les États-Unis résolvent le conflit relatif au programme nucléaire iranien par la négociation et non par l'usage de la force militaire. Les gouvernements devraient également être encouragés à faire part de cette préoccupation internationale des Églises aux États-Unis et à leurs alliés.

B) Cette position ecclésiale internationale contre une attaque de l'Iran cherche à protéger toutes les populations qui seraient impliquées, y compris américaine et israélienne. Des années d'incursions militaires unilatérales au Proche-Orient ont compromis la sécurité humaine et le bien-être national dans toute la région, et laissé bien des gens dans une situation vulnérable.

Cette position est le reflet de la conviction des Églises – à une époque où l'on est impatient de trouver des solutions nouvelles et communes aux problèmes mondiaux – que les solutions négociées constituent la seule voie vers la paix pour le Proche-Orient et pour un monde de plus en plus déstabilisé par cette crise régionale.

Qu'est-ce que le TNP ?

Ouvert à la signature en 1968, le Traité de non prolifération (TNP) est entré en vigueur en 1970 pour une durée de vingt-cinq ans, puis a été reconduit pour une durée indéfinie en 1975 lors de la Conférence des États signataires tenue à New York.

Le TNP reconnaît le statut de puissance nucléaire aux seuls cinq États qui ont « fait exploser une arme nucléaire (…) avant le 1er janvier 1967 » (États-Unis, Union soviétique, Royaume-Uni, France et Chine). Tous les autres pays signataires s'engagent à renoncer à toute arme nucléaire et se placent sous le contrôle de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Ainsi, le TNP instaure une discrimination entre deux catégories d'États, ceux qui sont dotés d'armes nucléaires et les autres, et ferme ainsi la porte du « club nucléaire » des cinq pays qui sont aussi les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies.

Le TNP constitue la première barrière juridique à la non-prolifération nucléaire, d'autant qu'il s'agit d'un des Traités internationaux les plus universels (quasiment tous les États l'ont signé).

Source : La Documentation française

(4) Le COE rassemble plus de 340 Églises, dénominations et communautés d'Églises du monde entier, représentant quelque 550 millions de chrétiens et comprenant la plupart des Églises orthodoxes, un grand nombre de dénominations issues des traditions historiques de la Réforme protestante ainsi que de nombreuses Églises unies et indépendante. L'Église catholique ne fait pas partie du COE.

  

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