LE TRAITÉ TRIPARTITE
Traduit du copte par Louis Painchaud et Einar Thomassen .Bibliothèque copte de Nag Hammadi,
constitue une véritable somme de théologie gnostique. Ce traité est, en effet, loeuvre dun maître valentinien qui expose sa compréhension du système sur lequel lÉglise valentinienne a fondé sa doctrine. Dans sa forme et son contenu, il correspond aux traités sur lesquels les hérésiologues Irénée e Hippolyte ont appuyé leur présentation de lhérésie valentinienne.
TROISIÈME PARTIE : ESCHATOLOGIE
Les différentes opinions des hommes
La confusion apportée par les deux ordres inférieurs
Puisque lun et lautre des deux ordres, la droite et la gauche, sont réunis par cette pensée qui est placée entre eux et qui leur procure une économie commune, il leur arrive dagir tous deux par un même zèle dans leurs oeuvres, la droite copiant la gauche et la gauche, à son tour, copiant la droite. Tantôt, lorsque lordre mauvais se met à faire le mal de façon insensée, lordre sensé rivalise avec lui dans le rôle de malfaiteur, faisant lui aussi le mal comme sil était une puissance injuste. Tantôt au contraire, lordre sensé entreprend de faire le bien et lordre mauvais limite, en rivalisant pour en faire autant. Il en va de même pour les choses qui résultent de ces oeuvres : elles sont venues à lexistence portantlempreinte doeuvres dissemblables, de sorte que ceux qui nen ont pas été instruits sont incapables de comprendre la cause des choses qui existent. Cest pourquoi circulent les opinions les plus diverses : daucuns soutiennent que les réalités existantes existent grâce à une providence ; ce sont ceux qui observent la stabilité du mouvement de la création et son obéissance. Dautres prétendent que ces réalités sont étrangères à toute providence : ce sont ceux qui considèrent la diversité et lanarchie des puissances et le mal. Dautres affirment que ce qui arrive est prédestiné : ce sont ceux qui se sont occupés de cette question. Dautres parlent de nature, dautres encore, daccident. Toutefois, la grande majorité en est restée aux éléments visibles et nen connaît pas plus.
Les opinions des Grecs et des Barbares
En effet, ceux qui sont devenus sages à la manière des Grecs et des Barbares sont parvenu jusquaux puissances qui sont venues à lexistence par illusion et vaine pensée, et à celles qui sont issues de leur affrontement mutuel et de leur rébellion. Ils furent possédés par elles de sorte que leurs discours au sujet de ce quils ont cru sagesse ne furent quimitation, présomption et pensée fantasque. Trompés par l imitation , ils ont cru avoir atteint la vérité alors quils navaient atteint que lerreur, non seulement à cause de linsuffisance des noms, mais parce que les puissances elles-mêmes, pour leur faire obstacle, produisirent une imitation destinée à leur faire croire quelles étaient le Tout. Cest pourquoi cet ordre emmêlé combattit contre lui-même à cause de lagressivité présomptueuse de [ . . ] larchonte qui ..[ . ].[ . ].. qui le précède. Cest pourquoi il ny a nul accord, ni en philosophie, ni en médecine ni en rhétorique, ni en musique, ni en mécanique, mais il ny a quopinions et théories. Il sensuit que le verbiage régna, et ils furent dans la confusion à cause de leur incapacité dexpliquer ceux qui les dominaient et inspiraient leurs pensées.
La pensée de ceux qui tirent leur inspiration dun mélange du hylique et du psychique
Une partie de la production de certains Hébreux a été écrite sous linfluence des puissances hyliques qui reproduisaient le modèle des Grecs alors quils ont cru attribuer cette production toute entière aux puissances de la droite qui les meuvent tous pour quils pensent avec leurs mots et leur image. Et ils entreprirent datteindre la vérité et rendirent un culte aux puissances mixtes qui les possédaient. Après cela, ils se rendirent jusquà lordre sans mélange de celui qui est établi comme unique, qui a été institué à la ressemblance du Père. Il nest pas invisible en sa nature mais il est recouvert par une sagesse, de sorte quil reproduit le type du véritable invisible. Cest pourquoi de nombreux anges se sont trouvés incapables de le voir.
Les prophéties
Et dautres hommes de la race hébraïque dont nous venons de parler, les justes et le prophètes, nont rien pensé ni rien dit par illusion ou par imitation ou par quelque obscure pensée. Attentif au contraire à ce quil vit et entendit sous limpulsion de la puissance agissant en lui, chacun deux parla fidèle ment, tandis quun commun accord les réunissait entre eux, à la manière de ceux qui agissaient en eux dont ils reproduisirent l unité et laccord mutuel, principalement par la confession de ce qui leur est supérieur. Et le Logos spirituel déposa dans leur pensée le besoin de quelque chose de plus grand queux-mêmes, une semence du besoin de ce qui est en haut, une espérance et une attente. Cette pensée est la semence de salut et un logos illuminateur, et les justes et les prophètes dont nous avons déjà parlé en sont la progéniture et les émissions. Ils préservent la confession et le témoignage de leurs pères au sujet de ce qui est grand, car ils sont venus dans lattente de leur espérance et dans lobéissance du fait de la semence de prière et de quête déposée en eux. Celle-ci est déposée dans un grand nombre dhommes qui en ont cherché la confirmation. Cette semence manifeste sa présence en les entraînant à aimer ce qui est en haut, à proclamer les prophéties comme ayant un seul objet.
Les différentes interprétations de prophéties
Cétait un seul être qui agissait en eux lorsquils parlaient ; leurs visions et leurs paroles varient pourtant à cause de la multiplicité de ceux qui les leur ont données. Cest pourquoi ceux qui ont écouté leurs paroles nen rejettent rien, mais ils ont compris diversement les Écritures lorsquils les ont interprétées. Ils ont formé de nombreux partis qui1 subsistent jusquà maintenant parmi les Juifs. Certains disent que cest un seul Dieu qui a proclamé ces Écritures anciennes. Dautres disent quil y en a plusieurs. Certains disent que la nature de Dieu est simple et harmonieuse. Dautres disent que, dans son action, est réunie lorigine du bien et du mal. Dautres encore disent quil est lartisan de ce qui est venu à lexistence, mais dautres disent quil a oeuvré par lintermédiaire de ses anges. [ . ] nombreuses hypothèses de cette sorte, cest la multiplicité et 4 la diversité des Écritures qui leur ont donné < > docteurs de la Loi.
Loeuvre du sauveur
Les prophéties concernant le Sauveur
Les prophètes, quant à eux, nont rien dit par eux-mêmes, mais chacun deux a parlé à partir de ce quil a vu et entendu au sujet de la proclamation du Sauveur. Le sujet principal de leur proclamation, ce que chacun annonça au sujet de la venue du Sauveur, cest son avènement. Mais parfois les prophètes parlent de lui comme si son existence était à venir, et parfois encore,ils sexpriment comme si le Sauveur parlait déjà par leur bouche, disant quil viendrait et ferait grâce à ceux qui ne lauront pas connu. Ainsi ils ne se sont entendus sur rien ; mais chacun deux, en raison de linfluence qui le poussa à parler du Sauveur et du lieu quil lui arriva de voir, crut que cétait par elle quil allait être engendré et que cétait de ce lieu-là quil allait venir alors quaucun deux ne comprit doù il viendrait ou de qui il allait naître. Mais la seule chose dont il leur a été accordé de parler, cest ce en quoi il allait naître et souffrir. Par contre, ils nont rien connu de sa préexistence ni de son être éternel en tant quinengendré et impassible, qui n est pas le Logos venu dans la chair. Et voici ce quils ont été inspirés de dire concernant sa chair qui allait apparaître : ils disent quelle est le produit commun de tous les êtres spirituels, mais avant toute chose, quelle vient du Logos spirituel qui est la cause de ce qui est venu à lexistence.
Celui dont le Sauveur a reçu sa chair avait conçu celui-ci à létat de semence, lors de lapparition de la lumière, telle une parole promettant sa manifestation elle est en effet, une semence de ceux qui existent, mais elle a été produite en dernier. Mais cest celui que le Père a chargé de la révélation du salut qui est laccomplissement de cette promesse et il a été doté de tous les organes nécessaires à son entrée dans la vie physique. Il a cependant un seul et unique véritable Père, invisible, inconnaissable et insaisissable en sa nature, Dieu, qui par le seul effet de sa volonté et de sa grâce sest donné lui-même pour être vu, pour être connu et pour être atteint.
Lincarnation du Sauveur et des spirituels
Notre Sauveur devint, par une volontaire compassion, ce que sont devenus, par le fait dune passion involontaire, ceux pour qui il sest manifesté : ceux-ci sont en effet devenus chair et âme, cest la domination perpétuelle à laquelle ils sont soumis, et ils meurent dans la corruption. Mais ceux qui sont venus à lexistence invisiblement, comme un homme invisible, il les a instruits à son propre sujet tout aussi invisiblement. Non seulement il assuma la mort de ceux quil avait lintention de sauver, mais il assuma aussi la petitesse dans laquelle ils descendirent lorsquils sont nés , corps et âme, car il sest soumis à la conception et il sest laissé engendrer comme un enfant, corps et âme. Il a embrassé tout ce que ceux-ci partageaient avec ceux qui sont perdus, bien quils possédassent la lumière tout en demeurant supérieur, car cest sans péché, sans 16 tache et sans souillure quil se soumit à la conception. Le Sauveur a été engendré et est demeuré dans la vie physique parce quil avait été fixé que ceux-ci deviendraient, comme ceux-là, corps et âme à cause de la passion et du sentiment désordonné du Logos qui sétait mis en mouvement.
En vue de léconomie, le Sauveur assuma également ce qui est issu de la vision radieuse et de la ferme pensée du Logos lorsque celui-ci se convertit après son mouvement, comme nous lavons déjà raconté. De la même, ceux qui sont venus avec le Sauveur reçurent avec le corps et lâme, stabilité, fermeté et discernement. Leur venue avait été prévue en même temps que celle du Sauveur, mais ils ne vinrent que lorsquil en eut avisé. Dans leur émission charnelle, ils furent eux aussi supérieurs à ceux qui ont été produits dans la déficience, car cest ainsi quils furent émis concorporellement avec le Sauveur dans leur manifestation et leur union avec lui. Ce sont eux qui appartiennent à lessence unique : cest elle lessence spirituelle. Par contre, léconomie est variable : elle est tantôt ceci, tantôt cela. Certains, issus dune passion et dune division, ont besoin de guérison. À dautres, issus dune prière pour la guérison de ces malades, on a a confié le soin de ceux qui sont tombés. Ce sont les apôtres et les porteurs de bonne nouvelle. Ce sont les disciples du Sauveur, mais ce sont des maîtres qui ont eux mêmes besoin dinstruction. Pourquoi donc ont-ils aussi partagé ces passions que partagèrent ceux qui sont issus dune passion, si, conformément à léconomie, ils sont produits corporellement avec le Sauveur qui na pas partagé ces passions ?
Cest que dans le corps, le Sauveur était une image du Tout, qui est un. Cest pourquoi il a reproduit le type de lindivisibilité par laquelle limpassibilité existe. Mais eux sont des images de chacun de ceux qui sont apparus ; cest pourquoi ils reçoivent de leur modèle la division, ayant été formés pour être implantés dans le monde inférieur, plantation qui partage elle aussi le mal qui existe dans les régions quils ont atteintes. En effet, la volonté a maintenu le Tout sous le péché afin que, conformément à cette volonté, le Sauveur puisse être miséricordieux à lendroit du Tout et quils soient sauvés, car un seul est destiné à donner la vie, alors que tous les autres ont besoin dêtre sauvés.
Par conséquent, cest pour ces raisons que ceux que Jésus a jugés dignes dassurer aux autres la proclamation ont reçu les premiers la grâce et le don de le proclamer. En eux est déposée en effet la semence de la promesse de Jésus le Christ, dont notre ministère annonce la manifestation et lunion. Cette promesse comportait leur instruction et leur retour à ce quils sont depuis le début, dont ils possèdent une goutte de sorte quils puissent y retourner ; cest ce que lon appelle la rédemption. Et cest la libération de la captivité et lacquisition de la liberté la captivité de ceux qui étaient esclaves de lignorance qui règne en ses domaines. La liberté par contre est la connaissance de la vérité qui existait avant que ne fût lignorance ; elle règne éternellement, sans commencement et sans fin, elle est un bienfait, la réalisation du salut ; elle est libération de la nature esclave dont ont souffert ceux qui ont été produits par une pensée inférieure et vaniteuse, qui incline au mal et qui les fait succomber à lamour du pouvoir. Par labondance de la grâce aux yeux tournés vers les enfants, ils ont reçu en partage la liberté qui renverse la passion et anéantit les effets causés par le Logos. Celui-ci les avait déjà écartés lorsquil sétait séparé deux, mais il avait reporté leur destruction à la fin de léconomie, leur permettant dexister à cause de leur utilité pour les choses à venir.
Les trois races humaines
Les différentes réactions des hommes devant la lumière
Lhumanité se divisa en trois sortes de natures, spirituelle, psychique et hylique ; elle reproduit ainsi le type de la triple disposition par laquelle le Logos produisit les hyliques, les psychiques et les spirituels. Cest à son fruit que lon reconnaît lessence de chacune de ces trois races, elles nont cependant pas été reconnues dès le début, mais seulement lors de lavènement du Sauveur, qui a mis en lumière les saints et révélé ce que chacun était. La race spirituelle est en effet comme une lumière née de la lumière, et comme un esprit né de lesprit. À lapparition de la tête du Sauveur, elle se précipita aussitôt vers lui et aussitôt devint corps pour sa tête, et sur-le-champ elle reçut la connaissance par la révélation. Pour sa part, la race psychique, lumière issue dun feu, a tardé à reconnaître celui qui sest révélé à elle, encore plus à se précipiter vers lui avec foi. Cest plutôt par une voix quelle est instruite cela leur suffit et elle nest pas éloignée de lespérance née de la promesse, puisquelle a reçu, pour ainsi dire en guise darrhes, lassurance des choses à venir. Mais la race hylique est complètement étrangère. Elle est comme les ténèbres quécartent les rayons de lumière. En effet, elle est détruite par lapparition du Seigneur, parce quelle na pas accepté le surabondant éclat de sa lumière , et elle est remplie de haine à son égard à cause de sa manifestation.
La destinée des trois races
La race spirituelle recevra un salut complet à tous égards, mais la race hylique sera détruite à tous égards, comme un adversaire récalcitrant. Quant à la race psychique toutefois puisquelle est située au milieu en raison de son mode de production et que sa constitution est double en raison de sa disposition au bien et au mal, lissue qui lui est réservée est incertaine et lentrée totale dans ce qui est bien.
La destinée des différentes catégories de psychiques
Ceux que le Logos produisit sur le modèle du préexistant, lorsquil se rappela ce qui est en haut et quil implora le salut, et qui appartiennent à son souvenir, ce salut leur appartient complètement sans incertitude. Ils seront sauvés à cause]de cette pensée salvifique, selon ce quelle produit en eux. Tel est également le cas pour ceux quils ont produits, quils soient anges ou hommes : selon quils confessent, prient et cherchent celui qui leur est supérieur, ils obtiendront aussi le salut, comme ceux qui les ont produits, parce quils sont issus de cette disposition bonne. Ils ont été assignés au service de la proclamation de lavènement du Sauveur lorsque celui-ci était encore à venir et de sa manifestation après sa venue. Anges ou hommes envoyés pour ce service ont reçu de ce fait lessence de leur être.
Quant aux psychiques issus de la pensée de lamour du pouvoir, qui sont venus à lexistence dans lassaut mené par ceux qui combattent, ils sont les produits de cette pensée. À cause de cela, le sort final de ces êtres mélangés sera incertain. Ceux qui auront été produits dans lamour du pouvoir quils exercent pour un temps et des moments, et qui rendront gloire au Seigneur de gloire et abandonneront leur colère, ceux-là recevront pour leur humilité la récompense de subsister jusquà la fin. Dautre part, ceux qui senorgueillissent à cause du désir de lamour de la gloire et aiment la gloire temporaire sans être conscients que le pouvoir ne leur a été confié que pour le temps et les instants qui leur appartiennent, et qui, pour cette raison, nont pas confessé que le Fils de Dieu est le Seigneur du Tout et le Sauveur, et nont renoncé ni à leur nature colérique ni à limitation des mauvais, ceux-là seront jugés pour leur ignorance et leur irréflexion qui est la souffrance. Ils seront jugés avec ceux qui se sont perdus, tous ceux qui, parmi les psychiques, se sont détournés et pis encore, de sorte quils ont eux aussi commis contre le Seigneur ces indignités commises contre lui par les puissances de la gauche jusquà sa mort. Ils ont persisté dans la pensée quils deviendraient les maîtres du
Tout si seulement était tué celui qui avait été proclamé roi du Tout. Ainsi se sont acharnés les hommes et les anges qui ne sont pas issus de la disposition bonne de la droite, mais du mélange. Et ils ont choisi volontairement pour eux-mêmes les honneurs passagers et la convoitise. Cest par lhumilité que passe le chemin du repos éternel conduisant au salut de ceux qui, parmi la droite, seront sauvés. Après avoir confessé le Seigneur, nourri la pensée de ce qui plaît à lÉglise, et participé avec elle au chant 3 des humbles à travers tout ce quils ont pu faire qui soit agréable à lÉglise, de sorte quils ont partagé ses afflictions et ses souffrances en tant que partisans fidèles du bien de lÉglise, ils auront part à lespérance et ceci sapplique aux hommes et aux anges. De même, le chemin de ceux qui sont issus de lordre de la gauche les mène à la perdition, non seulement parce quils ont renié le Seigneur, et tramé un sombre complot contre lui, mais aussi parce quils ont dirigé leur haine, leur envie et leur jalousie contre lÉglise elle-même. Et cest la raison de la condamnation de ceux qui se sont agités et qui se sont portés à éprouver lÉglise.
Le destin de lélection et de la vocation
Introduction
LÉlection est concorporelle et consubstantielle au Sauveur ; à cause de son unité et de son union avec lui, elle ressemble à une chambre nuptiale, car cest avant tout pour elle que le Christ est venu. Quant à la Vocation, elle occupe la place de ceux qui se réjouissent à propos de la chambre nuptiale et qui exultent et se félicitent de lunion de lépoux et de lépouse. Le lieu de la Vocation sera donc léon des images, le lieu où le Logos ne sest pas encore uni au Plérôme. Et cest en cette union que lHomme-Église est heureux, se réjouit et espère. Il fut divisé en esprit, âme et corps dans léconomie de celui qui a pensé ... LHomme qui était en lui était unique, il est le Tout et tous sont en lui et il possède lémanation provenant du Père dans la mesure où les régions sont capables de la recevoir.
Le salut des élus
Et il possède les membres que nous avons indiqués. Aussitôt que fut proclamée la rédemption lhomme parfait reçut la connaissance de façon à se tourner immédiatement vers son unité, vers le lieu doù il est issu et à retourner dans la joie au lieu doù il est issu, au lieu doù il émana. Ses membres toutefois avaient besoin dune école celle-ci se trouve dans les régions inférieures qui sont pourvues de manière à ce quelle reflète les images et les archétypes comme un miroir. Ce besoin durera jusquà ce que tous les membres du corps de lÉglise soient réunis et rétablis ensemble lorsquils seront manifestés comme le corps intégral ...... le rétablissement dans le Plérôme. Celui-ci possède un premier accord unificateur, laccord existant pour la gloire du Père, si bien que les Touts en ont reçu une représentation. Son rétablissement final surviendra toutefois après que le Tout ait été manifesté dans le Fils, lui qui est la rédemption, la voie vers le Père incompréhensible, le retour au préexistant, et après que les Touts aient été manifestés authentiquement dans linconcevable et lindicible, linvisible et linsaisissable, de telle sorte que le Tout reçoive la rédemption. Celle-ci nest pas seulement une libération de la domination exercée par ceux qui appartiennent à la gauche, ou un affranchissement de lautorité exercée par ceux qui appartiennent à la droite, dont nous avons pensé être respectivement les esclaves et les fils, et dont on ne saffranchit pas sans être bientôt de nouveau à eux. Mais la rédemption est aussi une remontée et les degrés du Plérôme et tous ceux qui ont reçu des noms et qui les comprennent suivant la capacité de chacun des éons, et une entrée en ce lieu silencieux où il nest nul besoin de voix, ni de compréhension, ni de pensée ni dillumination mais où il ny a que des réalités lumineuses par elles-mêmes.
Enfin, ce ne sont pas seulement les hommes terrestres qui ont besoin de rédemption, mais les anges ont aussi besoin de la rédemption et de limage, de même que les plérômes des éons et les merveilleuses puissances lumineuses on ne doit pas en douter. Même le Fils, qui sert de modèle de la rédemption pour le Tout, a eu besoin de la rédemption lui aussi, lorsquil sest fait homme, sétant lui-même soumis à tout ce dont nous avons besoin, nous qui dans la chair sommes son Église. Donc, après quil eût reçu le premier la rédemption par le logos descendu sur lui, tous les autres qui lont reçu ont reçu par lui la rédemption. En effet, ceux qui ont reçu celui qui a reçu, ont aussi reçu ce qui était en lui. Car il est venu parmi les hommes qui sont dans la chair, pour apporter la rédemption, lui, le premier-né et lamour du Père, le Fils venu dans la chair. Et les anges du ciel ont été jugés dignes de former en lui une communauté sur la terre. Cest pourquoi on appelle le Fils rédemption angélique du Père et consolation de ceux qui ont souffert pour le Tout en vue de la connaissance du Père, parce quil a reçu cette grâce avant quiconque.
Le Père le connaissait à lavance car il existait dans sa pensée avant que rien ne fût, tout comme existaient également en elle ceux pour qui il la manifesté. Il logea la déficience dans ce qui ne dure quun temps et des instants, pour la gloire de son Plérôme. Cest parce quil est inconnu que le Père a pu montrer sa bienveillance en se faisant connaître, et ainsi, la réception de sa connaissance est devenue la manifestation de sa générosité et de sa surabondante douceur, qui est la deuxième gloire. Cest pourquoi il est lui-même à la fois cause de lignorance et auteur de la connaissance. En effet, par sa sagesse cachée et inaccessible, Dieu le Père, que personne na trouvé par sa propre sagesse ou capacité, a préservé la connaissance jusquà la fin, jusquà ce que les Touts aient peiné à sa recherche. Il se donne lui-même à eux afin que, pour sa plus grande gloire, ils reçoivent la connaissance par la pensée supérieure quil leur a inspirée et par ce moyen quil leur a procuré, qui est laction de grâce sans fin quils lui rendent. Depuis son immuable conseil, le Père inconnaissable dans sa nature manifeste éternellement cette connaissance à ceux qui se sont montrés dignes à ses yeux, de sorte quils reçoivent sa connaissance par sa volonté.
Cétait réflexion de la sagesse du Père que ceux dont il avait prévu quils atteindraient la connaissance et ses bienfaits fassent aussi lexpérience de lignorance et de ses souffrances, afin quils goûtent les choses mauvaises et quils sexercent par elles comme un ..[ . ].. temporaire, [ . . . . . . . . . . . . ] recevoir la jouissance des biens éternels. Le rejet constant et les accusations dont ils sont lobjet de la part de leurs adversaires les distinguent et les parent comme le signe merveilleux des choses den haut, pour quil devienne manifeste que lignorance de ceux qui ne connaissent pas le Père était leur propre fait, alors que cest par sa puissance quil a donné à ceux qui lont connu la capacité de le connaître. On appelle à juste titre cette connaissance « la connaissance de tout ce qui peut être pensé » et « le trésor ». Pour tout dire, elle est la manifestation de ceux qui ont été connus à lavance, et le chemin vers laccord et vers le préexistant, et elle est la croissance de ceux qui ont renoncé à leur propre grandeur dans léconomie de la volonté divine, de sorte que la fin sera comme le commencement.
Quant au baptême authentique, en lequel doivent descendre les Touts et en lequel ils viendront à lexistence, il ny en a pas dautre hormis celui-là seul qui est la rédemption en Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit, après la confession de la foi en ces noms qui forment un nom unique de la Bonne Nouvelle. Parce quils ont cru en la réalité de ce qui leur a été enseigné, ceux qui croient en cette réalité obtiennent le salut en retour ; ils atteignent invisiblement le Père et le Fils, et le Saint-Esprit, parce quils leur ont rendu témoignage dans une foi inébranlable et quils les saisissent dans une ferme espérance. Cest ainsi que leur foi saccomplit dans leur retour vers ces noms, et dans lunion du Père avec eux, le Père Dieu, lui quils ont confessé dans la foi et qui leur a 18 accordé dêtre unis avec lui dans la connaissance. Le baptême dont nous parlons est appelé « vêtement de ceux qui ne sen dévêtent pas », car cest lui que portent ceux qui le revêtent et qui ont été sauvés. Et on lappelle « linfaillible confirmation de la vérité » : fermement et immuablement, il saisit ceux qui ont été rétablis et ils le saisissent. On lappelle « silence » à cause de sa quiétude et de sa tranquillité. On lappelle aussi « chambre nuptiale » à cause de laccord inséparable de ceux quil a connu et qui lont connu . Et on lappelle encore « lumière qui ne séteint pas et qui na pas besoin de feu » car elle néclaire pas de lextérieur, mais ceux qui la portent en eux et quelle porte en elle deviennent lumière. Et on lappelle aussi « vie éternelle », cest-à-dire limmortalité. Et les noms de tous les délices quil contient sappliquent à lui proprement, avec simplicité, sans division ni réduction, sans déficience ni fléchissement, et tout le reste. En effet, comment le désigner autrement, sinon comme « les Touts » ? Cest que, même si on lui donne des noms innombrables, ils ne servent quà en exprimer un aspect particulier, alors quil transcende tout mot et quil transcende toute voix, et quil transcende tout intellect, et quil surpasse tout, et quil surpasse tout silence. Il en est ainsi ... avec son caractère propre. Telle est en effet sa nature indicible et incompréhensible, quil fait sa demeure en ceux qui connaissent au moyen de ce quils ont atteint, qui est ce à quoi ils ont rendu gloire.
Le salut de ceux qui sont appelés
Même sil y aurait encore beaucoup de choses à dire au sujet de lÉlection, il faut toutefois que nous reparlions de ceux qui appartiennent à la Vocation car cest ainsi quon appelle ceux de la droite ; nous naurions pas profit à les oublier. Nous en avons parlé comme si la description limitée que nous en avons donnée suffisait. Comment en avons-nous traité partiellement ?
Eh bien voici. Tous ceux qui sont issus du Logos, soit de sa condamnation des mauvais, soit de sa colère contre eux, ou du fait quil sen est détourné cest sa conversion aux choses den haut ou de sa prière et de son souvenir des pré existants ou de son espérance et de sa confiance de recevoir le salut de ce qui est bon, tous ceux-là furent jugés dignes, parce quils sont des êtres issus de ces bonnes dispositions, et quils sont nés dun sentiment issu de ce qui est.
En outre, avant le moment où le Logos sest lui-même occupé deux de façon invisible par un acte de sa volonté, ce qui est supérieur leur procura, en raison de leur obéissance, une pensée qui est devenue cause de leur existence. Et ils ne sexaltèrent pas de leur guérison, pour prétendre que nul nexistait avant eux, mais ils reconnurent quil y avait un principe à leur être et ils voulurent connaître ce qui existait avant eux. Ensuite, ils saluèrent lapparition fulgurante de la lumière et ils portèrent témoignage quelle était apparue pour leur salut. Et ce nest pas uniquement à propos de ceux qui sont venus du Logos que nous avons dit quils atteindraient au bien, mais ceux quils ont engendrés à leur tour, suivant les mêmes dispositions bonnes, auront part eux aussi au repos à cause de la surabondance de la grâce. Quant à ceux qui sont issus du désir de lamour du pouvoir, et qui portent en eux la semence de lamour du pouvoir, ceux dentre eux qui ont oeuvré avec ceux qui ont une disposition au bien recevront la récompense des bons, pourvu quils soient bien disposés et quils veuillent abandonner lamour de la vaine gloire passagère et quils accomplissent les commandements du Seigneur de gloire au lieu de rechercher les honneurs passagers, et ils hériteront du royaume éternel.
Après ce retour nécessaire à ce que nous avons déjà dit, nous devons maintenant ajouter aux propos précédents concernant le salut et le repos de tous ceux de la droite, quils soient mélangés ou non, les fondements et les illustrations de la grâce à leur endroit de façon à les joindre les uns aux autres. Cela rendra manifeste la nature de leur foi. De façon à établir ceci dans un discours, nous devons confesser que le royaume qui est dans le Christ abolit toute diversité, inégalité et différence. La fin en effet, connaîtra à nouveau lunité, comme le commencement était un lieu où il ny a ni mâle ni femelle, ni esclave ni homme libre, ni circoncis ni incirconcis, ni ange ni homme, mais le Christ est tout en tout. Comment celui qui nétait pas auparavant viendrait-il à lexistence, à moins que ... la nature de celui qui nest pas un esclave, puisquil prendra place avec un homme libre. Bien plus, ils recevront en effet la vision directe, de sorte quils ne se fieront plus seulement à quelques paroles transmises au moyen dune voix. Il en est ainsi, car le rétablissement dans ce qui était est unité. Même si certains furent exaltés à cause de léconomie, parce quils ont été instaurés comme cause de ce qui est venu à lexistence, multipliant les forces physiques et se délectant en elles, ils]recevront, anges et]hommes, la royauté, la confirmation et le salut.
En voici les fondements : ceux qui sont apparus dans la chair ont cru sans hésiter quil était le fils du Dieu inconnu, dont on navait pas parlé auparavant et que personne navait pu voir. Et ils ont abandonné les dieux quils avaient servis auparavant et les seigneurs des cieux et de la terre. Avant son ascension dune part, même alors quil était encore un enfant, et quil avait déjà commencé à prêcher, ils ont rendu témoignage ; et une fois déposé dans le tombeau, comme un homme mort, les anges , ils comprirent quil était vivant et ils reçurent la vie de celui qui était mort. Et ils vouèrent à un autre les nombreux cultes antérieurs et les gestes symboliques quils exécutaient dans le temple. Cest la confession qui leur donne la puissance de faire cela parce quils se sont hâtés vers lui. Ils ont reçu en effet ces institutions pour sen départir au profit de celui qui ne fut pas honoré ici-bas, mais en échange, ils reçurent le Christ dont ils comprirent quil était den haut, du lieu doù ils sont venus en sa compagnie, un lieu divin et seigneurial. Les noms quavaient reçus en prêt ceux à qui ils rendaient un culte, quils soignaient et quils servaient, furent attribués à celui quils désignent légitimement.
Ce nest quaprès son ascension que dautres comprirent dexpérience quil était leur Seigneur, et quil nétait soumis à nul Seigneur. Ils lui rendirent leurs royaumes, ils se levèrent de leurs trônes, ils refusèrent leurs couronnes. Comme nous lavons déjà mentionné, il se manifesta à eux pour des raisons de salut et de conversion à la bonne pensée envers [ . . . . . . ] [ . . . . . . ]. ami et les anges [ . . . . ].. et les nombreux bienfaits quils ont accomplis envers elle. Cest ainsi quon leur a confié pour le bien des élus, la charge de rapporter au ciel les iniquités dont ceux-ci ont souffert pour quelles soient jugées pour léternité, dun jugement sans appel et infaillible. Et ils demeurent à cause des élus jusquà ce que ceux-ci soient tous entrés dans la vie physique et quils en soient resortis. Tant que les saints demeurent dans les corps sur la terre, les anges servent tous leurs [ . . . . ]., partageant leurs souffrances, leurs persécutions et les tribulations qui se sont accumulées sur eux plus que sur quiconque. Comme le mal mérite la destruction, les serviteurs du mal, < > < > avec fermeté à cause de ce mode de vie qui est au-dessus de tous les cieux et qui est leur bonne pensée et leur amitié. LÉglise se souviendra deux comme de bons amis et de fidèles serviteurs lorsquelle aura reçu la rédemption, et elle leur donnera]en récompense la joie de la chambre nuptiale et la . . . . . . . qui est dans sa maison .[ . .. . . . ].. qui est dans cette pensée. . . .et ce quelle doit .. . . le Christ qui est avec elle . . . . . attente du Père du Tout.
LÉglise leur procurera des anges comme guides et comme serviteurs, car les éons se souviendront de la bienveillance que mirent ces bons amis à son service et ils leur accorderont la rétribution que méritent toutes leurs bonnes pensées. Cest leur émission, de sorte que, comme le Christ . . . volonté qui a apporté les sublimes grandeurs à lÉglise, et les lui a données, à son tour aussi lÉglise sera une pensée pour eux et leur donnera des demeures en lesquelles ils resteront éternellement, après quils auront renoncé à lattraction de la déficience, attirés vers le haut par la puissance du Plérôme grâce à la grande générosité et à la douceur de léon préexistant.
CONCLUSION : LA FIN DES TEMPS
Telle fut la nature de lengendrement complet de ceux qui étaient avec lui lorsquil a brillé pour eux dune lumière qui a manifesté .. . . . . comme son . . . . . . . . . . . qui sera . . . . . . . . .. comme son . . . . . . . la seule différence qui existe parmi ceux qui ont été . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ceux qui . . . . . . . . . au moyen de . . . . . . . . . . . . . . . valeur comme je lai déjà expliqué, alors que les hyliques seront laissés à larrière jusquà la fin pour être détruits, car ils ne donneront pas leurs . . . . Sils sont retournés à nouveau à ce que . . ... . . comme ils . . . . . . . alors quils nexistent pas . . . . . . mais ils ont été utiles . . pour le temps quils ont été parmi eux, bien quils . . . . . dabord, alors . . . . . .. pour faire autre chose selon le pouvoir quils détiennent dans létablissement pour sopposer à eux. Bien que je fasse en effet un constant usage de]ces paroles . . sa pensée. Des . . . . . . . . . . . . . . . . . . . grandeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . tous. . . . . . . anges . . . . . . . . . .. paroles au son de la trompe qui annoncera la grande réconciliation définitive dans lorient resplendissant, dans la chambre nuptiale, qui est lamour de Dieu le . . .. . . . selon la puissance qui . . . . . . . . de la grandeur . . . . . . . . la douceur de . . . . . . . . à lui, alors quil se manifeste lui-même aux grandeurs . . . . . . . . sa bonté . . . . . . . . . . la louange, la puissance et la gloire par Jésus, le Christ, le Seigneur, le Sauveur, le Rédempteur de tous ceux quembrasse son amour miséricordieux, et par son Esprit saint dès maintenant à travers les générations des générations, pour les siècles . . des siècles. Amen.
Notes sur le Traité tripartite
Avec ses quatre-vingt-huit pages, le Traité tripartite est le plus long des écrits de la bibliothèque de Nag Hammadi qui nous soient parvenus dans un bon état de conservation. Il constitue une véritable somme de théologie gnostique. Ce traité est, en effet, loeuvre dun maître valentinien qui expose sa compréhension du système sur lequel lÉglise valentinienne a fondé sa doctrine. Dans sa forme et son contenu, il correspond aux traités sur lesquels les hérésiologues Irénée e Hippolyte ont appuyé leur présentation de lhérésie valentinienne. Il fournit donc un accès direct à ce type de littérature, sans quil soit nécessaire de passer par linterprétation, à certains égards tendancieuse, quen ont donnée les hérésiologues.
Bien quil ne fasse aucun doute quil ait dabord été rédigé en grec, ce texte nest connu que par cet unique manuscrit copte. Aucun autre témoin ne nous en est parvenu, et on nen connaît aucune mention ou citation dans la littérature ancienne. Bien que loeuvre se situe à lintérieur dune tradition dexposition systématique du valentinisme, lauteur nen demeure pas moins un penseur original qui sintéresse davantage à la structure logique du système quil expose quau détail de sa mythologie. Il se considère lui-même comme appartenant à lÉglise de la chair du Seigneur et il est attentif à expliquer sa conception de lÉglise et la situation de celle-ci en ce monde. Que le traité ne se donne pas explicitement lui même pour valentinien na cependant rien détonnant puisque les valentiniens se considéraient dabord et avant tout comme des chrétiens et ne faisaient que rarement référence à Valentin lui-même.
La comparaison du contenu avec les systèmes valentiniens décrits par les hérésiologues révèle un grand nombre dexpressions et de motifs communs. Parmi les plus caractéristiques, mentionnons : le partage de léon déchu en deux entités, dont lune remonte au Plérôme ; la mission du Fils- Sauveur en tant que fruit commun du Plérôme ; et la tripartition entre le matériel, le psychique et le spirituel. Le recours à la catégorie intermédiaire du psychique pour attribuer une valeur positive au créateur du monde, au monde lui-même, aux Écritures juives, et aux autres chrétiens non valentiniens, est typique du valentinisme. Cette catégorie sert à distinguer lÉglise valentinienne, elle même considérée comme spirituelle, des autres chrétiens et des juifs dune part, et des groupes caractérisés par un dualisme et un anti-judaïsme radical, comme lÉglise de Marcion et certains groupes gnostiques dautre part.
La disposition du traité suit un modèle qui nous est bien connu par la présentation que font les hérésiologues du système valentinien, et dont on retrouve les principaux éléments dans certains traités gnostiques non valentiniens comme, par exemple, lApocryphon de Jean. Réduit à ses éléments fondamentaux, ce modèle comprend : 1° la description du Dieu transcendant et du Plérôme ; 2° la passion du plus jeune et dernier des éons ; 3° la mission du Sauveur et la création du monde ; 4° la création de lhumanité ; 5° lavènement du Sauveur et 6° leschatologie. Ce modèle laisse cependant une large place aux variations individuelles.
Limportance du Traité tripartite ne tient pas seulement au fait quil permet de mieux comprendre un certain nombre déléments fondamentaux du système valentinien, mais elle tient aussi au fait quil nous permet dobserver jusquà quel point un maître pouvait donner sa propre perception du système, à partir de certains thèmes communs. Ce que les hérésiologues tournaient en dérision et présentaient comme des désaccords sans fin entre les hérétiques était en réalité lexpression dun jeu constant sur ces thèmes communs et dune méfiance à légard dun vocabulaire figé qui aurait détourné lattention des vérités transcendantes.
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