CHAPITRE 3

SALUT D'ISRAËL ET SALUT DU MONDE


Le salut final de tout Israël va précéder et provoquer le salut final du monde entier car l'ultime venue du Père vers ses fils sera le Jour de la venue définitive des fils vers leur Père : " Il vient pour établir son règne sur la terre" ! (Psaume 98)

"QUE SERA ALORS LEUR RETOUR A DIEU SINON LA VIE ÉTERNELLE SURGISSANT DU MILIEU DES MORTS "?

"Mais, toi, ramène-nous à toi pour que nous revenions vraiment à toi, car c'est toi, Seigneur, qui est notre Dieu"! (Jérémie 31. 18)

Tout Israël "retournera" à son Dieu lors du "retour" de Dieu en son Grand Jour et grâce au "retour" du Fils dans la gloire de son Père. Alléluia!

INTRODUCTION

De la première partie de cet essai il est bon de retirer et de souligner deux thèses théologiques (pardon pour ce langage un peu "pédant" !).

La première est celle-ci :

C'est le Seigneur d'Israël lui-même, dans sa souveraine liberté, qui a la responsabilité et la joie de mettre un terme (bientôt !), par son grand pardon définitif, au long aveuglement de la plupart des israélites.

C'est LUI qui le fera, tout comme c'est Lui qui, au premier siècle de notre ère, a "endurci" et placé "sous son jugement et sa colère "sa Sion dévoyée et les fils d'Israël rebelles à son amour. (Romains chapitres 9, 10 & 11)

La seconde thèse est celle-ci :

De même que, au premier siècle, l'endurcissement des juifs (à l'égard de leur Messie) a précédé et produit l'ouverture du salut à tous les païens (= les non-juifs) du monde entier,

de même la réhabilitation et le salut définitif de tout le peuple d'Israël vont maintenant précéder et provoquer le salut de la création tout entière et l'instauration du Royaume Éternel, par l'action finale de la miséricorde du Seigneur et de son Messie.

N.B : Car le salut final du monde et la résurrection des morts dépendent du salut final des juifs. (Romains 11. 12-15)

"C'est des juifs qu'est venu le salut " (Jean 4. 22), par le premier avènement du Christ. Et c'est des juifs que va surgir le salut final, par l'ultime avènement du Christ.

 

"Si la banqueroute des juifs a fait la richesse des non-juifs, combien plus les non-juifs vont-ils gagner à l'enrichissement débordant des juifs .!.....

Et si leur disgrâce a donné lieu au retour en grâce du monde entier, que ne produira pas leur réintégration dans la grâce de leur Dieu ?

Est-ce que ce ne sera pas alors l'explosion de la Vie Éternelle jaillissant du milieu des morts ? ! "

(Romains 11. 12 & 15)

Pour rendre plus explicite cette introduction, on peut ajouter les remarques suivantes :

En ce qui concerne la première thèse : elle prétend rendre compte de ce que notre maître Jésus et son serviteur l'apôtre, croyaient et enseignaient au sujet de Dieu: " Dieu" est le "Dieu d'Israël ". Sa souveraineté sur sa création et sur ses créatures s'exerce soit par sa "colère", soit par sa "miséricorde" et son pardon. Mais sa liberté de Père qui est "Amour" conduit toute l'histoire des hommes à faire triompher la miséricorde sur la colère. Non point grâce à des performances humaines mais grâce à sa seule performance : le triomphe définitif et universel de son "Fils unique" revenant en Sauveur et Libérateur du monde.

N.B : que théologiens, prédications et catéchismes reviennent à cette théologie de Jésus et de Paul ! ! C'est ma prière.

Quant à la seconde thèse, en résumant l'enseignement des chapitres 8 à 11 de la lettre aux Romains, elle veut mettre en lumière ce plan de Dieu pour le salut du monde que les prophètes d'Israël avaient, en leur temps, révélé :

La relation indissoluble qui unit absolument, à travers l'histoire de l'Alliance, le destin d'Israël et le destin des autres peuples de la terre ; cette sorte d'inter-dépendance ("dialectique" !) entre ce qui arrive aux juifs et ce qui arrive au monde (pour le meilleur et pour le pire !) selon la promesse faite à Abram : "toutes les familles de la terre seront bénies en ta descendance ª (Genèse 12 & suiv.)

Par l'abaissement d'Israël mis, au premier siècle, sur la "voie de garage", c'est le monde entier qui a été enrichi. A combien plus forte raison le monde entier va-t-il être "comblé" (par son Créateur et Sauveur) quand " tout Israël" va être sauvé en reconnaissant son Roi !

PROPHÉTIE DE PAUL

Voilà donc comment Paul prophétise l'avenir d'Israël et l'avenir du monde : cet avenir est le salut intégral , total, définitif et perpétuel. Un bel avenir, à coup sur, pour l'humanité!

Nous avons de la difficulté à concevoir ainsi le salut, habitués que nous sommes à comprendre le "salut Éternel" comme une affaire individuelle (mon salut, le salut de mon âme), affaire réglée par le verdict final d'un "jugement dernier", pour "le ciel".

En réalité, le salut final annoncé par l'Évangile est la transformation de "la création toute entière" grâce à la re-création de l'humanité en Christ et par le Christ. Non pas au terme d'un progrès ou d'un processus d'amélioration mais par le "Retour" ou "l'Arrivée" du Christ accompagné de la résurrection et du dévoilement de tout son "corps" (son " Israël complet", sa " Jérusalem nouvelle", son "peuple saint" ) au profit de tout le reste des habitants de la terre. Terre enfin guérie du mal et de la mort !

Certes Paul insiste pour préciser que tout cela est un "mystère" dont Dieu lui a donné connaissance par "révélation" et nullement une découverte de sa brillante intelligence.

Il n'en est pas moins vrai que tous les prophètes (ceux de l'exil à Babylone et ceux d'après cet exil) avaient prophétisé ce "salut" de toutes les "nations" grâce au salut final de Sion et de son Roi (" Gloire d'Israël et lumière des nations"). Paul ne cite-t-il pas ici une de ces paroles prophétiques de l'écriture ? (Romains 11. 27)

QUELQUES PROPHÉTIES DU SALUT FINAL

Esaïe prophétise l'avenir glorieux d'Israël. il annonce le rôle messianique de Jérusalem et de son Roi, non seulement en faveur du peuple élu, mais aussi au bénéfice des "païens" :

" Un jour, toutes les nations afflueront vers Jérusalem. Car c'est de Sion que sort la Tora (l'instruction) du Seigneur et c'est de Jérusalem que provient sa parole ... Il jugera les nations, il persuadera des peuples nombreux et ils n'apprendront plus la guerre.. " (Esaïe 2. 1-5, cf aussi Zacharie 8. 1-23)

"A cause de vos fautes le Seigneur met du temps à intervenir pour vous et il repousse à plus tard ce qu'Il nous a promis ....Mais Il va user de représailles contre tous ses ennemis, même les plus lointains.

Ainsi du soleil levant au soleil couchant on rendra honneur au Seigneur quand sa Présence glorieuse arrivera.

Oui, le Rédempteur (le "racheteur", le libérateur ) va venir vers Sion pour la délivrer, pour libérer ceux d'Israël qui s'écartent de l'impiété de Jacob.....

Donc, debout Jérusalem ! Ton Sauveur arrive ! .. " Je viens , dit le Seigneur, rassembler les nations de toutes langues pour qu'elles contemplent ma gloire...

Ce jour-là retentira le son saccadé du grand cor (le chophar) rassemblant les exilés d'Israël." (Esaïe 27. 13 et 9. 16-21 et chapitres suivants)

Mais c'est l'ensemble des prophéties sur le salut final qu'il faut considérer pour comprendre le sens de l'Histoire mondiale et saisir la Gloire de ce "jugement" ultime annoncé en faveur de " tout Israël" .

L'avenir qui arrive et qui vient vers notre monde à vitesse accélérée consistera donc en ceci, selon la Promesse :

Ce sera d'abord le salut de tout Israël sortant de Jérusalem et de la Manifestation glorieuse de son Roi, son Messie, "le roi des juifs crucifié". Ce salut interviendra soudain, au terme des jours de la "colère"(exil, ruine, dispersion, choah ..) non seulement par l'ultime jugement des nations, mais aussi et surtout par l'extension à tout le genre humain du salut donné premièrement à "tout Israël " par celui qui le rachète, le Seigneur lui-même.

" Le seigneur avait dispersé Israël, mais maintenant il le rassemble et veille sur lui, comme un berger sur son troupeau ..

Alors les jeunes filles danseront de joie, de même que les jeunes gens et les vieillards. En effet, déclare le Seigneur, je changerai leur tristesse en gaieté, je les consolerai de leurs chagrins et je les remplirai de joie. " (Jérémie 31. 10-14)

" Mais Caïphe, le grand prêtre, prophétisait que Jésus devait mourir pour la nation juive ; et non seulement pour cette nation, mais aussi pour rassembler en un seul corps tous les enfants de Dieu dispersés" (Ev. de Jean 11. 51-52)

LE VERSET 15 DU CHAPITRE 11

Arrêtons-nous longuement, maintenant, sur cette phrase importante à la fin de laquelle nous pouvons mettre à la fois un point d'interrogation et un point d'exclamation.

Traduit mot à mot, le texte grec dit : "que sera leur réintégration sinon la vie sortant du milieu des morts (?)"

Il ne faut pas traduire par "sortant de la mort" car il y a ici un masculin pluriel : les morts. La traduction latine (Vulgate) traduisait bien : " nisi vita ex mortuis" .

Et il vaut mieux éviter la traduction "le passage de la mort à la vie" car elle fait trop facilement penser à une simple "résurrection" au sens figuré (par exemple à la "résurrection" de l'état hébreu ou de la langue hébraïque). A. Chouraqui n'évite pas le malentendu en traduisant : "sinon la vie à partir de la mort". Et les traducteurs de la T.O.B., dans leurs notes, semblent bien ne pas prendre à leur compte une traduction qui ferait clairement comprendre qu'íil s'agit de la résurrection des morts au sens propre, la "résurrection du milieu des morts" au dernier jour. Mais le Père Lyonnet lui-même, dans la Bible de Jérusalem, donnait le mauvais exemple en traduisant "que sera leur admission sinon une résurrection d'entre les morts..." Sa note (Édition 1954) avouait d'ailleurs son embarras d'exégète devant une pensée de Paul qu'il jugeait "vague" !

Mais c'est le mot "vie" qui, ici, est sans doute le plus équivoque. Le mot grec volontairement employé ici par Paul est " Voon" ... qui sert à désigner la vie en plénitude, la vie divine, la vie éternelle, ( à la différence de l'autre mot "Bios", qui désigne la vie "biologique", celle des êtres vivants de la "biosphère"). Mais en français, nous n'avons que le mot "vie" pour les deux mots grecs.

Mieux vaudrait donc, en français, écrire un V majuscule et même oser y ajouter "éternelle " si l'on veut éviter au lecteur tout contresens. Sinon on finirait par croire que l'apôtre prédisait là la restauration de l'état juif, le "miracle" ( !) du sionisme contemporain ou un grand "réveil charismatique" de tous les juifs du monde actuel !

Alors pourquoi ne pas se risquer à une traduction mot-à-mot mais un peu "dynamique" dans ses équivalences: "que sera leur retour dans l'amitié de Dieu sinon la Vie Éternelle sortant du monde des morts ?"

Ou même à une sorte d'explicitation : "que sera l'heure de leur retour dans la grâce de Dieu sinon l'Heure du jaillissement de la Vie Éternelle délivrant des tombeaux tous les fils de Dieu!" cette Heure étant cette "révélation" des fils de Dieu qu'annonce Romains 8. 19.

Notons aussi que la préposition en grec " ex " ( devant le mot "mort" ) veut dire " hors de " ," du milieu de", " en sortant de " et est employé couramment pour exprimer la sortie hors du tombeau, hors de la mort, ou " du milieu des autres morts" ( qui , eux, n'entrent pas dans le cortège nuptial du Christ lors de sa Parousie s'ils n'appartiennent" pas au Christ - selon 1 Corinthiens 15 23 )

Demandons-nous enfin pourquoi Paul n'utilise pas ici le mot "résurrection" au lieu du mot "Vie" ? La réponse est, sans doute, qu'il fait ici la même chose que le quatrième Évangile (au chapitre 5. versets 25-29) : il écarte un terme qui pourrait être compris comme simple retour à l'existence antérieure ou simple rappel à la vie (cf Lazare, selon Jean 11.), tout comme Jean 5. 29 distingue "résurrection de Vie" et "résurrection de jugement". Paul choisit au contraire ce mot "Vie" qui ne peut s'appliquer qu'au "Salut" (pour "tout Israël " ici) et qui, au sens fort, désigne cette Vie éternelle de plénitude et de bonheur qui est la vie même du Père et du Fils.

Non, l'apôtre, pour une phrase de cette importance, n'a pas écrit "dans le vague" ni au hasard ! Mais il ne se doutait pas des déformations que feraient subir à sa pensée les théologiens pagano-chrétiens dont les présupposés philosophiques restent en général porteurs d'antisémitisme et lourds d'un terrible " sommeil eschatologique" (on ne croit pas à l'arrivée "proche" du jour de IHVH !). Il est vrai que si Paul avait pu prévoir que, durant des siècles de "chrétienté", les chapitres 9, 10 et 11 de sa lettre prophétique auraient été jetés aux oubliettes par l'Église, il aurait jeté au feu son manuscrit, d'écoeurement !

Car c'est bien sur le terreau de cet antisémitisme chrétien que la Choah a pris ses racines et que les nazis ont conçu et réalisé leur "solution finale" de la question juive.

 ( Georges SIGUIER . 14 rue Saint Jacques 81200 MAZAMET )

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