3 . TROISIÈME ANNONCE PROPHÉTIQUE


Pour conclure ces réflexions sur "la Parousie de Jésus et le salut de tout Israël", je reviens un instant sur un troisième texte prophétique, celui qui a été examiné longuement au début de ces pages :

"Cette même miséricorde qui vous a déjà sauvés, vous païens, cette même miséricorde de Dieu va maintenant les sauver à leur tour, eux les juifs."
(Romains 11 . 31.)

Et c'est sur le mot "maintenant" qu'il faut s'arrêter et insister. La présence de cet adverbe, à plusieurs reprises, dans ces phrases de Paul, nous pose et nous re-pose la question du temps qui sépare le premier avènement du Messie (son "ascension-intronisation") de son ultime avènement (son "retour-parousie") : ce temps (les "derniers temps") était-il prévu et prédit pour être très long (vingt siècles !) ou très court (un siècle au plus, par exemple) ?

La réponse des historiens, chrétiens ou non, est en général celle-ci : les premiers chrétiens, comme Jésus lui-même, attendaient l'avènement du Règne et de son Roi pour le proche avenir (sans pour autant savoir exactement "le jour et l'heure"). En général, d'ailleurs, ces mêmes historiens estiment que Jésus et ses premiers témoins se sont trompés puisque l'Histoire a prouvé leur erreur !

Les théologiens, eux, sont plus embarrassés et, grosso modo, se divisent en trois camps : ceux qui ne croient pas du tout à la Parousie de Christ et qui tournent en dérision les prédicateurs de l'apocalypse" - ceux qui y croient mais renvoient toujours la Parousie au très long terme, au lointain avenir et aux "calendes grecques" - et ceux qui la désirent tellement fort qu'ils l'annoncent pour l'immédiat et affirment qu'elle peut arriver à tout moment (demain matin ou cette nuit même !), faisant fi du "programme" historique et du signal avertisseur final qui ébranlera toute notre terre et tout son environnement, juste avant la manifestation et l'apparition du Seigneur (Matthieu 24 . 29-30, Marc 13 . 24-27, Luc 21 . 25-27).

Mais, pour ne pas en rester au niveau "historico-critique" (qui est "théologiquement" incompétent) et pour ne pas en rester à l'embarras et aux contradictions des théologiens (qui sont souvent, d'ailleurs, des "philosophes religieux"), ne faut-il pas retourner à l'exégèse, à l'étude des textes ? A condition d'étudier les textes "dans l'Esprit Saint", "dans la foi", notamment la foi aux prophètes, et avec la présupposition que l'ensemble des écrits bibliques est cohérent. Par exemple la pensée eschatologique de l'apôtre Paul est cohérente avec la pensée eschatologique des évangiles synoptiques transmettant leurs trois "apocalypses".

A ce moment-là, notre propre sommeil eschatologique se trouve dérangé et nous nous étonnons de découvrir l'íunité des témoignages évangéliques sur le sens et la durée des "derniers temps". En particulier la compréhension nouvelle du "mystère" (Romains 11 . 25) et de la promesse de miséricorde finale faite à Israël, nous explique pourquoi les "derniers temps", entre ascension et parousie, étaient normalement destinés à être courts.

Comme Karl Barth avait raison d'écrire :

"Le mystère dont Paul parle au verset 25 (du chapitre 11) ne consiste pas en ce que cet événement (qui va de soi) arrivera un jour, mais en ce qu'il ne s'est pas encore produit."

en parlant de la fin de l'aveuglement des juifs ! Ce salut de "tout Israël " était donc, pour Paul et ses frères en Christ, à attendre normalement pour "maintenant", c'est à dire pour leur génération ou, tout au plus, la suivante. Et, en pensant ainsi, Paul ne se trompait pas. Il avait raison d'écrire : " maintenant" (Romains 11 . 31).

Or, voilà que nous nous heurtons à de l'indécision chez les traducteurs et les commentateurs : après les historiens, après les théologiens, c'est au tour des exégètes de nous rendre perplexes au sujet de ce petit mot, l'adverbe "maintenant". A partir d'une différence entre les divers manuscrits et grâce à la possibilité de donner des traductions un peu différentes du mot grec employé par Paul ( "nun " ) ,nos amis exégètes traduisent ce verset de façons diverses mais jamais "innocentes"

La T.O. B. dit : ´ "afin qu'ils obtiennent alors miséricorde."

A. Maillot dit:" afin que, dés maintenant, il leur soit fait à eux aussi miséricorde"

S. Bénétreau dit : "afin qu'ils obtiennent [maintenant] miséricorde à leur tour".

Chouraqui dit : "pour qu'ils soient, eux aussi, à présent graciés".

Osty et Trinquet disent : "pour obtenir bientôt miséricorde à leur tour".

Le français fondamental dit : "alors maintenant eux aussi pourront recevoir la pitié de Dieu".

Mais j'ai envie de donner ma préférence au P. Lyonnet (Bible de Jérusalem édition 1954 en fascicules) qui traduit :

"afin qu'eux aussi ils obtiennent au temps présent miséricorde", en notant qu'il s'agit là du "temps messianique" et en rendant le triple emploi de l'adverbe en deux versets par la même expression française :

"En effet, de même que jadis vous (les pagano-chrétiens) avez désobéi à Dieu et qu'au temps présent vous avez obtenu miséricorde grâce à leur désobéissance, eux (les juifs) de même au temps présent ont désobéi grâce à la miséricorde exercée envers vous, afin qu'eux aussi ils obtiennent au temps présent miséricorde. Car Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire à tous miséricorde." (versets 30 à 32 du chapitre 11)

Ce "temps présent" est une étape spécifique et unique en son genre de l'Histoire humaine. C'est le temps où le Messie Sauveur est donné au monde, pour le salut. C'est le "temps messianique", le 1 er siècle.

Je voudrais ajouter quelques lignes au sujet de l'actualisation de cette prophétie de Jésus par rapport aux événements contemporains qui se produisent à Jérusalem.

Souvent, en effet, les chrétiens ont voulu tirer des conclusions un peu hâtives et mal fondées de l'événement suivant : la "reconquête" par l'état d'Israël de la totalité de la ville de Jérusalem, en 1967. Ces chrétiens ont dit : " puisque la ville de Jérusalem n'est plus sous la domination d'une autorité militaire étrangère (arabe en l'occurrence) il faut en conclure que, désormais, jamais plus la souveraineté juive sur la totalité de sa "capitale éternelle" ne sera remise en question et n'échappera à Israël". Cette interprétation de Luc 21 . 24 consiste donc à affirmer que la récupération de la vieille ville de Jérusalem par les forces armées de l'état sioniste réalise à la lettre la "prédiction" faite par le Seigneur et proclame glorieusement (au son du "chofar" du rabbin aumônier militaire) la fin du "temps des nations", c'est-à-dire la fin de cette liberté séculaire que la patience du Seigneur laisse aux "païens" d'être contre Israël les instruments de la "colère "(Luc 21 . 22 et 23, Osée 9 . 7). Or, en cette année 2001 (en juin !), force est de constater que le Seigneur d'Israël n'a nullement mis un terme aux pressions politico-militaires des "goïm" (arabes et "occidentaux") sur la ville de Jérusalem ! Le "jugement des nations" n'est pas encore "accompli" et la "détresse" d'Israël prophétisée par Jésus continue d'exister au coeur même de "Sion". Le chofar sioniste n'a pas sonné " la fin du siècle présent ": peut-être, en ce début du 3 ème millénaire, sonne-t-il plutôt le glas du sionisme de l'État hébreu, cette "puissance" que le souffle de l'Avènement de Jésus ("le Roi des juifs" ) va détruire, comme toutes les "puissances "!!

Au cas où ces lignes tomberaient sous les yeux de mes chers amis juifs (et sionistes !) ou, bien pire, sous les yeux de leurs adversaires antisionistes virulents (comme Roger Garaudy et comme de nombreux théologiens), j'ai à coeur de faire amende honorable et de confesser que, moi aussi, autrefois, j'ai plus ou moins été séduit par l'interprétation prophétique que je viens de dénoncer. Non par antisémitisme mais plutôt par "philosémitisme", par amour pour le peuple d'Israël.

Dans les jours qui ont suivi la fin de la guerre 39-45 j'ai moi aussi trop facilement vu dans les "renaissances" et les "victoires" permises par le Seigneur d'Israël à son peuple, l'accomplissement des prophéties bibliques et des promesses de Jésus. Mais, ensuite, il m'a fallu douter de mes interprétations et des "actualisations" faites par de nombreux frères en Christ.

Pour l'instant, je conclurai mes réflexions sur la prophétie du Maître en disant :

la bonne nouvelle annoncée par Jésus est avant tout ceci : la servitude d'Israël-Jérusalem sous le joug des peuples de toute la terre prendra fin. Cette libération coïncidera avec la fin de la "colère", c'est-à-dire du Jugement de la Maison de Dieu et du peuple d'Israël. Cette fin du Jugement sera produite non par les forces armées de l'État juif mais par le dévoilement "dans la gloire du Père" du véritable" Roi d'Israël ", Jésus le crucifié. Cette "Arrivée" du Messie ressuscité produira en même temps la fin de ce monde, la fin du "siècle présent", et la destruction définitive des "Pouvoirs, Dominations et Autorités". Mais jusqu'à ce jour-là, jusqu'à cette minute-là, ne faut-il pas que dure la servitude et la détresse de la "Jérusalem d'en bas" (la Jérusalem actuelle : Galates 4 . 25-26) ?

Oui, jusqu'à l'heure de la Parousie du Christ, nous serons dans ce "temps présent", ce "temps messianique", ce "maintenant", cet "aujourd'hui" (Hébreux 4 . 7-11) où Sion n'est pas encore délivrée et tout Israël pas encore sauvé.

Oui, et pour résumer le sens de cette prophétie du Seigneur, il paraît assez simple de dire ceci :

Le piétinement, l'occupation et l'asservissement de Jérusalem par les puissances politiques et militaires des peuples de la terre (voisins ou lointains géographiquement) ne finiront que par la fin du "temps des nations". Ce temps laissé à l'humanité par la patience de Dieu coïncide avec les "derniers temps", cette ultime période de l'Histoire où le Messie est déjà là et déjà vainqueur mais pas encore "dévoilé" . Le langage apocalyptique emploie pour ce "temps des nations" les chiffres symboliques de " 3 ans et demi " ou de "1000 ans". Donc, ce n'est que la Parousie et l'Arrivée du Fils de l'Homme qui vont mettre un terme à l'asservissement et à la détresse de Sion et de ses habitants.

La prophétie ne dit pas : la servitude et l'angoisse de Jérusalem finiront à l'approche de la Parousie, vers la fin du temps des nations.

Au contraire, elle dit : la servitude et l'angoisse de Jérusalem finiront grâce à la fin du temps des nations, c'est-à-dire par "le souffle de l'Avènement" du Christ mettant le point final au "siècle présent". (II Thess. 2 . 8).

Sans doute pouvons-nous ajouter ceci : ainsi sera parfaitement accomplie la prophétie du prophète Daniel (12 . 1-13) où nous lisons ceci :

"Le temps de la fin sera pour mon peuple un temps d'angoisse comme il n'y en aura jamais eu ...

"mais quand ces événements extraordinaires prendront-ils fin ?" demande-t-on. Et la réponse à cette question vient :

"ils prendront fin quand la puissance du peuple de Dieu sera entièrement brisée." (traduction en français courant)

Nous pouvons donc reposer ici la question qui se pose au sujet d'Israël tout entier, dans cette perspective d'un temps historique normalement prévu comme devant être court, et même" écourté " s'il plaisait à Dieu :

Paul ou Luc ou Marc envisageaient-ils une conversion en masse des juifs avant la Parousie et comme une condition spirituelle à remplir pour que le Seigneur puisse revenir ? Pensaient-ils que l'illumination de tout cet Israël "endurci" (Romains 9 à 11) se produirait sous le choc d'une nouvelle effusion du Saint-Esprit, d'une deuxième Pentecôte ("la pluie de l'arrière-saison") grâce à laquelle le Père se laisserait enfin persuader d'ouvrir les cieux pour laisser descendre sur terre son Fils ?

Il ne semble pas qu'il en soit ainsi. La façon dont Paul raisonne au chapitre 11 de la lettre aux Romains, la façon dont Luc décrit dans "les Actes" l'oeuvre du Saint-Esprit, ne permettent pas de penser que ce "scénario"-là soit envisagé.

Au contraire, dans ces écrits-là comme d'ailleurs dans les autres textes du Nouveau Testament, y compris l'Apocalypse, tout donne à penser que la majorité des juifs restera "endurcie" jusqu'à la fin. Leur "retournement" en bloc en faveur de leur Messie véritable ne sera pas leur mérite, leur succès, leur "oeuvre" (même pas sous la pression d'une nouvelle Shoah !!). Il sera uniquement l'oeuvre miséricordieuse de leur Dieu leur faisant voir leur Messie, avec les fruits inouïs de sa victoire à lui (le dévoilement de son "corps" ressuscité et glorifié).

Existe-t-il quelque raison valable pour ne pas lire et comprendre dans ce sens-là cette phrase du Seigneur même si, prise isolément, elle ne paraît pas très explicite ?

"Jérusalem sera sous la botte des étrangers de toute la terre (et elle restera ainsi) jusqu'au jour où sera révolu le délai accordé par Dieu aux nations." (Luc 21 . 24)

Ce jour-là sera-t-il autre chose que le jour de l'Arrivée et de l'Avènement du Christ Jésus rassemblant du milieu du monde entier son "Israël messianique" inséparable de lui, morts et vivants transformés à son image ?

Ne sera-ce pas là le premier acte de règne et de "gouvernement" de ce Seigneur qui, monté au ciel, en revient "dans la gloire du Père " ?

"Il est monté au ciel, il siège à la droite de Dieu. Il reviendra de là pour gouverner les vivants et les morts. Et son règne n'aura pas de fin."

C'est ce que je crois, moi aussi.

Et je pense que le bout de la nuit et l'arrivée du jour sont maintenant bien plus proches que ne le croit l'Église. Dés lors, pourquoi donc ne pas prier ardemment notre Père d'accélérer encore le peu de temps qui nous sépare de la venue de son Règne ?

"Oui, que ton Règne arrive !" et " Que ce monde passe ! Amen !"

  Georges SIGUIER . 14 rue Saint Jacques 81200 MAZAMET  

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