Interpellations à la
hiérarchie
Edmond Savajol
Au Cardinal
Ratzinger
( curie romaine :
préfet de la congrégation pour la doctrine
de la foi.)
( à propos d' une
conférence donnée le 27 mai 1998 à
Rome aux mouvements d'Eglise )
"Lorsqu'ils
s'insèrent avec humilité dans la vie des
Églises locales et qu'ils sont accueillis
cordialement par les évêques et les
prêtres dans les structures diocésaines et
paroissiales, les mouvements représentent un
véritable don de Dieu."
Et s'ils ne sont pas
accueillis..... (c'est le cas de toute
nouveauté surgie hors sérail, comme
Jésus Christ ou Jean le Baptiste ou Pierre et
Paul, Jacques, Jean, et les autres !) serait-ce le rejet,
l'ignorance.
Cela revient-il à
dire ?" hors de l'église institutionnelle pas de
salut": avec comme conséquences : mises à
l'écart, quarantaine, sectorisation individuelles
et collectives.
Ne retrouvons nous pas
là, les mêmes manières de faire
que Jésus Christ a dénoncé en
Matthieu 23 et qui ont été à la base
de son rejet par les "autorités " et de son
exécution? Chacun de nous, peut dresser une
liste de témoins rejetés ....
L'église
primitive, celle de Pierre, de Jean , de Paul et des
autres n'était t'elle pas considérée
comme une secte juive!?
Un exemple: Jean Hus
( je cite la documentation catholique du 16 janvier
2000 N° 2218 page 62 ) "S'adressant aux
représentants du monde de la culture, Jean Paul II
en avril 1990 avait en effet reconnu la grandeur humaine
et spirituelle du prêtre tchèque
accusé d'hérésie et condamné
à être brûlé vif par le concile
de Constance en 1414. "Aujourd'hui , ( je le cite ) je
ressens le devoir d'exprimer un profond regret pour la
mort cruelle infligée à Jean Hus et pour la
blessure, source de conflits et de divisions, qui a ainsi
été ouverte dans les esprits et les coeurs
du peuple de Bohême."
Pourrait suivre une
longue liste de victime des pouvoirs....A cette
époque le Pape était il infaillible parlant
au nom du concile
?
"Le prophète
à dit la vérité, il doit être
exécuté .."
Qui pourrait faire
changer les moeurs des gens au pouvoir? à part
l'Esprit Saint. Car souvent:
"Ils
déclarent bien le mal et mal le bien. Ils font de
l'obscurité la lumière et de la
lumière l'obscurité, ils font passer pour
amer ce qui est doux et doux ce qui est
amer." (Esaie 5 20
)
Il faut
reconnaître cependant qu'actuellement les moeurs de
l'église sont les meilleures depuis les deux
premiers siècles.
Nous trouvons dans le
texte du cardinal un constat, ébauche d'une
autocensure, d'un examen de conscience qui devrait
être une remise en question:" Le concept d'
institution se désagrège si on cherche
à le définir avec une rigueur
théologique" dit le cardinal Ratzinger.
Autrement dit les
structures purement institutionnelles, comme la Curie
romaine, n'auraient aucun fondement
évangélique, aucun fondement sur la Parole,
le Verbe, aucun fondement
théologique!
Plus loin,le cardinal
dit encore: "lorsque les institutions deviennent vraiment
trop nombreuses et trop prépondérantes,
alors elles mettent en danger l'ordre et la
vitalité de sa nature spirituelle." (l'
Église )
Si
"l'autorité" tue ou étouffe le
prophète individu ou le mouvement
prophétique, la vie chrétienne
s'étiole et disparaît. Alors
grandissent la religiosité, le piétisme le
formalisme, les pouvoirs, les sectes. Pour asseoir
son "autorité" la hiérarchie déclare
sacré ce qui ne semble pas l'être, elle
crée des lois, des obligations.. Jésus
Christ lui même à dénoncé ces
pratiques avec violence. ( Luc 11 42 à 52
)
Une interpellation du
cardinal Ratzinger (mais toujours sur le plan du permis
pas permis) : "Mais il faut aussi que l'on dise
clairement aux églises locales, et même aux
évêques, qu'il ne leur est pas permis de
prétendre de quelque manière à
l'uniformité absolue dans les organisations et les
programmes pastoraux. Ils ne devraient pas mettre leurs
propres projets pastoraux à un niveau
supérieur à celui des oeuvres de l'Esprit
Saint." Cela veut dire que cela existe, mais qui va
discerner ! et décider ! Y a t'il dans l'Eglise
un contre pouvoir, une opposition qui est le poumon de
nos sociétés organisées. Ce
contre pouvoir existe pourtant; poussé par
l'Esprit Saint des prophètes parlent , mais ils
sont muselés comme au temps de l'Ancien
Testament, comme au temps du Christ, de Jean le Baptiste,
d'Etienne et c.....
Dans ce même
texte, nous trouvons :"De même que les vocations au
sacerdoce ne peuvent être produites ni
établie de manière administrative, ainsi
les mouvements ne peuvent être organisés et
fondés systématiquement par
l'autorité.."... tous ces mouvements divers,
toutes ces bonnes volontés mises à
l'écart, excommuniées....les Vaudois, les
Montanistes, les Cathares, les Hussites," les
Luthériens, les Calvinistes qui ont
été écartés, mis à
l'index, excommuniés, nombre d'individus
brûlés avec leurs écrits . Avec
ces contraintes n'est il pas grotesque de dire (sic)
à propos de Jean Hus : "il faudrait parler d'une
faute de part et d'autre, qui a finalement conduit
à la division."...!
Mais cet homme a
été condamné comme
hérétique et brûlé vif:
là il s'agit de crimes, d'assassinats et non de
fautes de part et d'autre !!
Citons Teilhard de
Chardin: En 1926, ses supérieurs lui
retirent sa chaire à l'Institut Catholique. En
1927 , la censure romaine refuse l'imprimatur pour "
le milieu divin". En 1933, les autorités
romaines lui interdisent toute activité à
Paris. En 1938 on lui défend de publier
"l'énergie humaine". En 1944, ses
supérieurs lui notifient de ne plus traiter de
sujets philosophiques. En 1948 , il lui est interdit
de donner suite à une nomination au Collège
de France. En 1949, la censure refuse "le groupe
zoologique humain". En 1951 il est "exilé
"d'Europe à l'Institut de recherches de la Wenner
Green Foundation à New York. En 1954, il vient
pour deux mois en visite à Paris, mais il doit
quitter la ville comme un fuyard six semaines avant le
terme prévu, à cause des attaques dont il
est l'objet. L'année de sa mort en 1955 , on
lui interdit de participer au congrès
international de paléontologie . Une seule
personne a suivi son cercueil, lorsque le dimanche de
Pâques, Teilhard a été inhumé
à 160 kms de New York. Le catalogue de ses oeuvres
établi par C. Cuénot : 380 numéros.
Teilhard n' a pu en publier que très peu. Durant
sa vie, il ne put voir publier ses oeuvres principales. A
sa mort le droit de propriété relatif
à ses manuscrits passa , avec le consentement des
Jésuites ,(merci) par acte testamentaire, à
sa secrétaire Jeanne Morter et fut de ce fait
soustrait au pouvoir de la censure romaine. Quelle aurait
pu être l'action de ce théologien si l'on
n'avait si honteusement abusé de son
obéissance "ecclésiale", et si on l'avait
laissé libre d'agir! (extrait du livre "Etre
vrai" de Hans Küng page 224 )
Hélas, dans
l'Eglise, si vous faites partie des clercs, vous ne
pouvez plus parler, écrire et agir librement.
Mû par l'Esprit Saint vous ne pouvez avoir un
discours différent du pouvoir en place sans
risques graves . ( La hiérarchie peut vous
couper les vivres, vous mettre à l'index comme le
théologien Hans Küng, ou vous excommunier
officiellement ou officieusement, sans l'écrire.
Elle peut aussi vous muter dans un diocèse virtuel
comme Mgr Gaillot à Parténia.)
Si vous êtes
laïcs et heureux de l'être vous êtes
considérés comme ignorant, car un
consensus existe : seul le clerc sait et est digne de
confiance. ( Les choses évoluent heureusement )
L'avantage des laïcs c'est de pouvoir ouvrir la
bouche, mais ce ne peut être qu'un discours en
cercles restreints car un laïc ne peut parler en
chaire au moins dans l'église catholique . Il n'a
jamais droit de réponse, il n'a qu'à
accueillir les discours, il est censé être
ignorant, ou alors il faut qu'il fasse partie du
sérail, qu'il devienne diacre par exemple; ainsi
on pourra avoir barre sur lui. La lecture de la Bible lui
a été longtemps interdite. Merci a mes
frères protestants.
Heureusement nombre
de laïcs maintenant travaillent la Parole, la
connaissent. Et en France nul ne peut nous enlever le
droit d'expression . Merci à la République
et à la laïcité .Merci à
tous ceux qui ont osé dire et écrire ce que
l'Esprit leur met au coeur. Merci à Marcel
Légaut et à de nombreux autres dont je ne
puis citer le nom.
JÉSUS
CHRIST À BESOIN DE PROPHÉTES : DE
HÉRAUTS, DE PORTE VOIX .
LIBRES
DE TOUTE ATTACHE CONFESSIONNELLE .
ROULANT
POUR LE PERE, LE FILS, L'ESPRIT SAINT.et l'ensemble des
humains,
GRATUITEMENT.
L'Eglise catholique
a-t-elle changée ?
Bruno
Chenu,assomptionniste,co-président du Groupe
des Dombes
© La Croix du
samedi 30 et dimanche 31 octobre 1999 3-5 rue Bayard75393
Paris Cedex 8 Tel : 01 44 35 60 60
Il n'y a rien de plus
terrible, dans le dialogue entre catholiques et
protestants, que les stéréotypes
séculaires que l'on se sert aimablement pour bien
prouver que l'on a raison d'être ce que l'on est
et, surtout, de ne pas chercher une nouvelle relation
à l'autre. A tour de rôle, on se lance des
accusations de « papôlatrie » ou de
« libre examen ». Parmi les images que les
protestants se font des catholiques, il y a celle d'une
Église Romaine qui n'aurait pas réellement
changé depuis le XVIè siècle et qui
cacherait derrière un discours « fraternel
», des convictions qui demeurent inacceptables au
regard du « pur Évangile ».
Que le discours
catholique ait évolué, il suffit de
juxtaposer deux textes concernant justement la
démarche oecuménique. En 1949, il y a juste
cinquante ans, le Saint-Office publiait une isntruction
sur le « Mouvement oecuménique » qui se
situait pleinement dans la perspective du « retour
» des « dissidents » à «
l'unique Église du Christ ». Elle demandait
d'écarter l'opinion erronée selon laquelle
« l'Eglise catholique peut être
perfectionnée par les autres Eglises ». Or,
que lisons-nous dans la première encyclique de
l'histoire catholique sur l'oecuménisme, Ut unum
sint (1985) ? « J'écoute, écrit
Jean-Paul II, la requête qui m'est adressée
de trouver une forme d'exercice de la primauté
ouverte à une situation nouvelle » (n°
95). Et le Pape demande l'aide des responsables et des
théologiens des autres Eglises « pour
instaurer sur ce sujet un dialogue fraternel et patient
» (n° 96). N'est-ce pas la recherche d'un
« perfectionnement » ?
Au-delà du
changement de problématique, les protestants sont
peut-être à se rendre compte que cela
même qui leur hérisse le poil est ce qui
garantit l'évolution du catholicisme, à
savoir le sens de l'Eglise. Le catholique a un
attachement filial à l'Eglise, une sorte de
confiance spontanée à l'Eglise, et le
protestent aimerait que cette relation soit plus
immédiatement critique, plus distancée.
Mais ce positionnement de
l'Eglise, au carrefour
de tous les actes de foi, est aussi ce qui permet au
catholique individuel de ne jamais surestimer ses
opinions personnelles, de s'intégrer à un
ensemble plus large, à une expérience
séculaire. Et l'histoire d'un corps comme l'Eglise
ne procède pas par ruptures,mais par glissements,
par déplacements. Les francs-tireurs se sentent
obligés au souci de ceux qui sont derrière.
Car pour cette Église, la communion visible est un
élément non négligeable du
témoignage de l'Evangile.
Dans cette même
logique, où la cohérence du corps dit
quelque chose de la vérité de l'Evangile,
la parole d'Yves Congar (en 1947 !) est toujours
éclairante : « L'Eglise catholique aime
éprouver les choses avant de les approuver. »
On peut légitimement estimer que les
évolutions souhaitées, qu'elles soient
théologiques, éthiques ou
oecuméniques, tardent, rencontrent des blocages
inadmissibles, du fait notamment d'une valorisation
excessive de la dimension personnelle de
l'autorité.
Mais, s'il a fallu
trente ans de travail plus ou moins souterrain et
à contre-courant pour que Vatican II ait lieu et
soit ce qu'il a été, on peut imaginer sans
peine que seul un investissement de longue haleine,
nourri de foi et d'intelligence, stimulé par un
vrai dialogue avec les autres, permettrait à
l'Eglise catholique de franchir une nouvelle
étape. Nul catholique ne doute que des positions
changeraint sur tel ou tel point, car il sait que son
Église a plutôt une conception
évolutive de l'histoire, même si
l'opération prend du temps. Le catholique
d'aujourd'hui a, dans ses gênes, ce mélange
d'optimisme et de patience, mêmes 'il s'en
défend.
Au seuil du nouveau
siècle, catholiques et protestants auraient
intérêt à relire les propos du
pasteur Tommy Fallot à son ami l'abbé
Rirot, vicaire général d'Alby, en 1894 :
« Le jour où les protestants comprendront
tout ce qu'ils peuvent acquérir au contact des
catholiques, le jour où les catholiques(...)
comprendront que le protestantisme est autre chose qu'une
négation de la foi catholique, ce jour-là,
les coeurs chercheront les coeurs, et les anges se
prépareront à entonner l'hymne de la
pacification dans la charité et la
vérité reconquise. »