ou
le cléricalisme contre Jésus :
Georges Siguier (pasteur)
"Vous
êtes tous frères car un seul est votre
père...Honnis soient donc les scribes et les
pharisiens!"
(évangile
de Matthieu 23 1à12 )
Nous sommes tous des laïques .
Ne
réagissons pas trop vite contre une telle
affirmation! Même si, depuis notre enfance, nous
jugeons normale et évidente la distinction entre
"laïques" et "clercs".
Dans l'Église ,
bien sur!
En pratique, protestants
et catholiques sont d'accord pour faire une
différence essentielle entre les" laïcs "et
les "pasteurs". Même si la théorie dit que
nous sommes tous" laïques"!!!
Qu'en est il dans la
pensée des évangélistes et des
apôtres? Dans
l'enseignement de Jésus :
Je voudrais
tranquillement attester que , pour le Maître et ses
premiers témoins, la distinction entre un
"clergé" et des "laïques" à
l'intérieur de l'Église, est une
très grave faute.
Jésus, Lui a
été et à agi en sens inverse des
"scribes" et des "pharisiens".
Lui a
été aux antipodes de cette
"hypocrisie": ( évangile de Matthieu
chapitré 23 )
Bien parler mais agir
mal, tricher, donner le change et se duper soi
même, inconséquence et double langage,
impureté qui fait cohabiter le oui et le non,
"rabbinat indigne"!
Lui a
été le contraire de ces "autorités
religieuses"
Qui, tout en se disant
"ministres" exercent un pouvoir, une domination et par
conséquent une oppression. Plus ou moins
tyrannique et autoritaire, le clerc, en fait,"lie des
fardeaux pesants sur le dos des autres" et se
présente comme un patron, un chef, un"
préfet", un propriétaire,voire un"
souverain pontife" et un autocrate.
Lui , s'est
refusé à être un "hiérarque",
un échelon
d'une hiérarchie,
ou le sommet d'une échelle de dignitaire
politico-religieux.Il n'a pas joué au grand
personnage et ne s'est pas voulu "haut
placé".
Ni
préséance, ni primauté ( pas
même d'honneur!) ni priorité, ni
notoriété, ni notabilité. Donc
l'inverse de la vantardise et de la vanité qui
cherchent à se "faire voir", l'inverse de
l'ambition et de la carrière
ecclésiastiques....la croix!
Il s'est voulu
"domestique" pour être et rester un vrai
"frère "pour nous. Il est resté
laïque, en bas de la
hiérarchie.
Lui n'a pas
été et n'est pas actuellement un
"rabbin pour lui même", pour soi,
autonome,
se faisant servir et
entretenir avec des honoraires mais "devant Dieu" "pour
le Père seul", simple serviteur de Dieu, pauvre et
souffrant, martyr. Venu non pour être servi mais
pour servir!
Voilà
pourquoi
Lui, à l'inverse
des "scribes" et des "pharisiens", en contraste et en
opposition aux "chefs du peuple et grands prêtres"
haï et mis à mort par les sadducéens,
hérodiens, zélotes et pouvoirs
politico-militaires juifs et païens
il n'a pas
été dans l'aveuglement des guides
spirituels, aveuglés et aveuglant les autres qui
les suivent et leur font confiance. Au lieu d'agir dans
l'inconscience et dans les ténèbres,
égarant et divisant le peuple du
Seigneur,
lui a
été et est la lumière du monde et le
roi d'Israël.
J.P.
AUDIT
Les
deux modèles sociaux
(le
prêtre et le docteur de la loi ) étaient
extrêmement prestigieux dans le judaïsme
palestinien de l'époque. L'appropriation de ces
deux modèles se faisait, dans le premier cas par
l'ascendance lévitique, et dans le second, avant
tout par la fréquentation des maîtres de la
tradition pharisienne.
Appartenir
aux deux à la fois revenait à doubler
l'effet de prestige et la" présence" "sociale,
grâce à ces "titres reconnus":
Autorité reconnue et pouvoir
établi
Or
Jésus n'était pas prêtre.
Il
était à peu près ce que nous
appellerions aujourd'hui un "laïc". A notre
insu, nous sacerdotalisons aujourd'hui son projet et ses
démarches. Alors qu'en fait son action n'a pas
été un "ministère "au sens que
l'histoire religieuse a donné à ce terme
mais une "action
publique " (civile ! laïque) ,un "faire " et un
"dire"
(luc 24 19 ); "Ministrare" traduit le grec
"diakonein",non pas "hierateuein": Il s'agit du service
domestique, notamment des tables. Il a vécue sa
mission comme double "diaconie "de Dieu et des
siens.
De
même Jésus n'avait pas
fréquenté les écoles de
"légistes": A l'écart du sacerdoce
lévitique par sa naissance. Jésus n'avait
pas fréquenté non plus les grandes
écoles des maîtres de la loi... Il
n'enseignait pas comme les scribes (Matthieu 7 29
)
"mais avec autorité"
Cela signifiait sans doute, au premier abord, que
Jésus paraissait tirer son enseignement de son
propre fonds, et que, au surplus, il avait quelque chose
à dire...D'ou son étonnante liberté
de mouvement!!
Mais le
plus important est ceci: non seulement Jésus
n'était pas "prêtre et scribe" par sa
condition sociale, culturelle et religieuse mais aussi et
surtout, il n'a pas voulu être cela pour
accomplir sa mission. Ce qu'il
a choisi d'être
pour son service de Dieu, ce fût d'abord
d'être un "héraut"
(kerux,
prophète
proclamant un "kérygme" ) puis
un"
instructeur" (
maître formateur de disciples) un
"didascalé". C'est le modèle des
prophètes anciens qu'il choisissait.
La
raison profonde de ce choix ( pour son propre service
comme ensuite pour ses serviteurs dans ses
"églises" ) n'est elle pas à
préciser ainsi:
La
fonction et l'état de prêtre (
médiateur incontournable entre Dieu et son peuple)
de même que la fonction et l'état de scribe
( patenté, officiel, diplômé et
intermédiaire théologique inévitable
impliquent une position hiérarchique et une
supériorité sur des inférieurs,
donc une relation de domination, de pouvoir et de force.
Ce qui est contradictoire avec
l'égalité, la fraternité et la
liberté dans l'Église du
Père.
Tous
vous êtes frères
"Un seul
est votre Père un seul est votre
maître...donc tous vous êtes frères
!!
Qu'il n
'y ait donc pas parmi vous des "scribes et pharisiens",
des "prêtres et docteurs de la Tora"
(Matthieu 23 1à12 et 20 25 -28)
Jésus
disait cela "aux
gens, en même temps qu'à ses
disciples".(Mat
23 1) Non seulement pour rappeler à tous les fils
d'Israël qu'ils sont tous frères du fait
qu'ils sont tous "enfants
de Dieu" (Mat
23 9), mais aussi pour proclamer solennellement que le
clergé et la hiérarchie religieuse
d'Israël étouffent cette fraternité en
se substituant au seul et unique maître, le Messie
Jésus qu'ils refusent et condamnent.
"Ils
aiment avoir la priorité aux places dans les
dîners et la préséance aux
sièges dans les synagogues, et recevoir des
courbettes sur les places publiques, et s'entendre
appeler par les gens "Maître".
"Maître
" ! en hébreu "rabbi", en latin "magister", au
sens fort de "grand professeur hautement qualifié
et diplômé", un peu comme lorsqu'on donne du
maître à un notaire ou à un chef
d'orchestre célèbre. Jésus
décrit la cruelle vérité de ces
relations hiérarchiques ou certains sont en haut
et au dessus des autres, avec primauté,
priorités, préséances,
prééminences, trônes et
c...
C'est la
règle des relations sociales et politiques en ce
monde, au milieu des "païens", c'est à dire
des humains qui sont étrangers à l'alliance
du Roi d'Israël avec son peuple. C'est la loi et
c'est le régime qui président à
l'histoire du "siècle présent". Même
si vous voyez ces grands se nommer entre eux
"frères", même si vous les voyez se donner
le baiser de paix, ne vous y trompez pas: ces gens haut
placés sont forcément dominateurs et font
inévitablement subir à ceux sont "en bas"
le poids de leur pouvoir oppressif et pour le moins
intimidant.
De
telles relations ne permettent pas la "fraternité,
c'est à dire la communion d'amour entre
frères et soeurs. C'est aussi ce que dit
Jésus, selon (Marc 11 42. )
"Vous le
savez, chez les païens ( les étrangers
à Israël ) ceux qu'on regarde comme des
chefs les tiennent soumis à leur pouvoir, et leurs
grands sous leur domination. Il n'en est pas ainsi chez
vous..."
Ici le
Seigneur ne dit pas : "Il ne doit pas en être ainsi
parmi vous, dans ma
communauté.
Il
dit exactement:
"Il n'en est pas ainsi parmi vous, dans mon
Église,dans ma famille,la famille de notre
Père"...Jésus
n'indique pas un idéal moral à essayer
d'atteindre. La différence radicale entre les
serviteurs ( ministres dans l'assemblée et
ministres inter- assemblées) est donc ici
clairement établie:
en
"régime "ecclésial normal et saint, il ne
saurait exister de hiérarchies, c'est à
dire de "pouvoirs" hiérarchisés à la
façon des "pouvoirs "de ce monde. Qu'il s'agisse
des pouvoirs "politiques" de dirigeants siégeant "
au dessus" et "sur" des inférieurs,
ou qu'il
s'agisse de pouvoirs "religieux" de dirigeants
théologiques siégeant "dans la chaire de
Moïse"(23 2 ) en "supérieurs" investis d'un
"magistère", dans les deux cas cette
prétention cléricale à un rôle
de " médiateurs" et "d'incontournables
intermédiaires" est un abus et une
infidélité au Christ et à son
Père, le Seigneur notre Dieu.
Pour
restaurer dans l'Église, à tous les niveaux
(local et mondial) , et la vraie égalité
entre tous et la vraie liberté spirituelle de
chacun et la vraie pratique de la fraternité
d'amour "en Christ" et par l'Esprit Saint, il est
indispensable de lutter contre le "cléricalisme"
sous toutes ses formes, et notamment contre tous les
systèmes "hiérarchiques" des
ministères ecclésiaux. "Le
cléricalisme voilà l'ennemi!"(L. Gambetta).
Afin que nous vivions tous en frères dans
l'église!
Mais il
rappelle la loi qui régit, dans son église,
les relations entre chrétiens, c'est à dire
le régime de fraternité,
d'égalité et de liberté que le Saint
Esprit inspire et produit,là ou la vie en
église est normale, saine et fidèle. "Il
n'en est pas ainsi parmi vous".
Lorsque
s'introduisent dans l'Église de Dieu des relations
hiérarchiques, des rapports de forces, des
primauté, des pouvoirs et des privilèges,
alors l'Église est gravement malade. La sainte
différence entre l'Église et le monde est
détruite,la frontière entre les
frères et les" autres"( les non croyants) est une
"passoire", et la sanctification des ministères
est à refaire.
Voilà
pourquoi ici Jésus dit:
"Mais
vous ( mes disciples ) ne vous faites pas appeler
"Maître" (rabbi, magister, savant ): car vous
n'avez qu'un seul instructeur et tous, vous êtes
des frères. Et n'appelez sur la terre personne
votre "Père" car c'est au ciel que vous avez votre
seul et unique Père. Et ne vous faites pas appeler
du titre de guide ( doctrinal ) car votre guide à
vous est exclusivement le Christ. Non le plus grand parmi
vous sera votre serviteur (votre diacre, votre serviteur
: non en titre mais en fait! )
Notre
Père et les clercs
(
Clergé catholique ou clergé protestant...)
Georges Siguier, pasteur.
"Notre
père "......
( Matthieu 6 )
Il est
à la fois le Père "des cieux," le
Très Haut inaccessible et indicible, et le "voyant
du secret" ( A.Chouraqui ) ,celui qui est là, dans
le cellier et présent à notre "fort
intérieur"; présence intime, incognito et
cependant totale!
Dans
l'assemblée ou ses enfants sont "en
église", puisque le Père est là, il
en résulte la complète
égalité de tous: à cause de cette
présence qui est sans barrière ni relais ni
intermédiaire ni médiation,"vous êtes
tous frères".
Donc
égaux et libres, directement, personnellement et
communautairement en union et communion avec le
Père et entre vous.
Toute
hiérarchie créant des relations de
supériorité, de pouvoir et de force dans
l'église locale et entre les églises
locales est donc un abus de pouvoir et un obstacle
à la libre relation d'amour entre les enfants de
Dieu et entre chaque chrétien et son
Père. Si sous pretexte de "ministère",
certains frères sont érigés en"
prêtres" , "chefs", ou détenteurs d'un
"magistère", ils "fonctionnent" contre l'amour du
Père!
La
vie et le témoignage de l'Église sont
profondément déformés par
l'existence permanente de "clercs" ecclésiastiques
dont les "magistères théologiques " et les
pouvoirs ecclésiastiques " sont amalgamés
avec les forces oppressives et aveuglantes d'
"autorités" et de " logiques socio-
politico-financières.
Cela
attriste le Saint Esprit et contrarie Jésus, le
chef de l'Église, en déformant gravement le
visage du Père des cieux, devant les
hommes.
Car
le Christ seul est "Chef","Roi", "Maître". Et
soit avant soit depuis sa résurrection, il ne se
veut Chef qu'en étant serviteur, Roi qu'en
étant " diacre" (serveur )," Docteur" qu'en
étant simple porte parole du Père, simple
"héraut" et "prophète" jugé fou et
dangereux!
Nos
clercs actuels ne seraient -ils pas, de par les
fonctions et les préséances qui leur sont
octroyées, l'équivalent en église
des "scribes et des pharisiens" en Israël
autrefois?
Et si
c'est là, si souvent, notre malheur de ministres
ordonnés et établis et le malheur des
brebis divisées et opprimées, alors ne faut
il pas encourager les frères et les soeurs
à nous dire : "le cléricalisme,
voilà l'ennemi!" (Léon Gambetta
)
"J'exhorte
donc les anciens qui sont parmi vous, moi qui suis un
ancien avec eux et témoin des souffrances du
Christ, moi qui ai part à la gloire qui va
être révélée:
Paissez
le troupeau de Dieu qui vous est confié, non par
contrainte mais de bon gré, selon Dieu; non par
cupidité mais par dévouement
N'exercez
pas de pouvoir dominateur sur ceux qui vous sont
échus en partage, mais soyez les
modèles du troupeau.
Et quand
paraîtra le Souverain berger, vous recevrez la
couronne de gloire qui ne flétrit pas ."
( 1 Pierre 5
.1 à 4 )