Lettre
ouverte aux pasteurs protestants.
( Georges Siguier Pasteur
)
( Contre la
fragmentation en "églises " de
l'Église indivise de
Jésus)
De
Grâce!
Je n'ai rien contre
les pasteurs protestants: J'ai été l'un
d'eux pendant 30 ans; j'ai revêtu moi aussi,
longtemps, la robe pastorale; et ceux qui sont
photographiés à l'assemblée du
désert cévenol sont de chers amis et des
frères profondément fidèles au
service du maître, et plusieurs ont disparu ces
dernières années...
C'est pourquoi c'est
à moi même aussi que j'écris cette
"lettre ouverte", à moi que l'on persiste à
appeler "monsieur le pasteur" et qui,en fait, continue
d'accomplir un service qui est à la fois de nature
"pastorale" et de style protestant... tout en
étant "oecuménique". S'il y a des griefs
dans les pages qui suivent, il faut que je me les adresse
à moi même!
En effet, c'est un grave
reproche théologique que je voudrais exprimer ici:
nous autres, pasteurs responsables d'églises
issues du courant "protestant" ou
"évangélique", mettons en oeuvre une
pastorale fondée sur une grave erreur
ecclésiologique. Cette erreur (et ce
péché ) consiste à diviser,
désunir, démembrer et fragmenter
l'église locale de Dieu... du fait même de
notre fonction ecclésiastique, par le fait
même que chacun de nous est serviteur
mandaté par une "dénomination". Comment
être délivré?
Entrer dans une nouvelle
vision de l'église réelle
("
Viens je te montrerai
l'épouse..".
Apocalypse 21. 9 ), s'engager dans une nouvelle pratique
personnelle de l'unité ecclésiale locale (
indépendamment de notre fonction ou "cahier des
charges"), accepter d'être de bons bergers pour les
frères et les confrères catholiques,
pentecôtistes, libristes, salutistes,
réformés et c..; ( que le Seigneur me donne
à aimer et à servir dans
l'agglomération où je vis ), ne serait-ce
pas là le début de la "métanoïa
"( conversion) pastorale?
Ceux-là
précisément ( ceux et celles qui ne sont
pas de mon "enclos", de mon "bord" ou de mon "clan"
),ceux là vont m'y aider, c'est sur. Et même
( par définition! ), je ne pourrai pas cesser
d'être porteur de séparations ou même
force de fragmentation (certains parmi nous,
évangéliques, sont de vraies "bombes"
à fragmenter... l'église de Jésus!!
) sans bénéficier de l'amitié, de la
prière et des lumières de mes
"confrères bergers" qui relèvent d'autres
"Églises" (sic) que de la "mienne" (re-sic!) Que
l'Esprit de sainteté et de vérité
nous soit redonné et renouvelé pour
cela!
Bien sur, à mes
amis prêtres catholiques j'offre aussi ces pages .
Avec humour: pour les "dédommager "de ma "lettre
ouverte à mon curé"!
Oui, il faut être contre!
Le lecteur est
probablement surpris par ce "contre" qui précise
le sujet traité dans cette "lettre aux pasteurs
protestants": contre la division de l'église
locale. Il verra cependant que je ne suis nullement
contre les pasteurs eux mêmes mais contre leur
responsabilité dans l'état de division de
l'église, à l'endroit et au moment
où s'exercent leur ministère.
En effet si, en chaque
localité, la communauté des fidèles
du Christ est démembrée et
fractionnée en plusieurs" enclos
"ecclésiastiques, de façon
répétitive et instituée, ce n'est
pas une fatalité, ce n'est pas une situation dans
laquelle nos ministères pastoraux ne seraient pas
impliqués. Non en vérité, nous
sommes, nous les pasteurs, les premiers responsables de
cette division. Puisque division il y a, c'est qu'il y a
des "diviseurs". Et ces agents de division, ces forces
séparatrices qui "séparent ce que Dieu a
uni", ce sont nos ministères.
En quoi exactement,
pourquoi et comment divisons-nous l'église tout en
la construisant, c'est bien cela qu'il faut tirer au
clair.
Quiproquo sur l'Église.
Le malentendu sur
l'Église qu'il faut lever sans cesse, en
répétant continuellement la même
chose, c'est ceci:
Là où nous
parlons d'Église locale en pensant à notre
groupement ecclésial particulier et confessionnel
tel que nous l'organisons localement, le Seigneur de
l'Église, lui, ne veut connaître, ne veut
voir, ne veut rassembler et ne veut aimer que son
groupement à lui, l'Église une et unique
que son Esprit fait vivre.
Au sens de sa parole et
de son oeuvre, l'Église locale de Jésus
n'est autre que l'assemblée locale qui unit tous
ses disciples et rien que ses disciples, en cette
localité.
Je constate avec
reconnaissance que le Seigneur des Pasteurs m'utilise
encore................ Je reste un des
vôtres.....................................
J'aurais pu intituler ces
quelques pages: "la pastorale des pasteurs" car leur
objet est double. D'une part je voudrais partager avec
vous l'interrogation théologique et biblique qui
remet en cause la position ecclésiologique qui
nous est commune ( malgré nos divergences
affichées). D'autre part je voudrais partager avec
vous la pratique pastorale nouvelle qu'à quelque
uns nous expérimentons à Mazamet, depuis
plusieurs années, et qui consiste essentiellement
à réunir régulièrement
à la table du Seigneur des fidèles de
diverses Églises de la ville.
Veillez, frères,
accueillir avec bienveillance ce double souci et lisez
sans prévention ni préjugé ce qui
suit. N'ajoutez pas encore vos rejets à ces refus
irrationnels et déraisonnables qui ont
déjà ouvert des blessures lorsqu'on m'a
souvent répété "Tu te mèles
de ce que tu ne connais pas. Tu poursuis des buts
intéressés et tes motivations sont
sectaires: tu veux faire une super église ...et ta
propre église!" Tu gène le dialogue
oecuménique et tu entraves la marche des
églises vers l'unité! et c....
Non, chers amis, tout
cela nous regarde tous et nous concerne tous,
terriblement! car nous avons tous un seul chef, le
Seigneur. Et nous n'avons pas à "appartenir"
à nos églises, ni à "prêcher
pour sa paroisse"!
Parlons donc, en premier
lieu, de ce que nous appelons
l'"écclésiologie", dans notre jargon de
théologiens. Pensons-y "en vérité ",
c'est à dire sans en rester à ce que disent
les textes officiels de nos Églises mais en
regardant de près notre propre doctrine sur
l'Église et nos propres conceptions de notre
"ministère pastoral".
En effet, c'est notre
comportement pastoral et notre conduite pratique qui
expriment l'idée que notre coeur se fait de
l'Église et l'idée que notre tête se
fait du "Berger" de l'Église. Mais inversement, il
faut dire que notre "théologie pratique"
personnelle est le produit de l'enseignement sur
l'Église qui nous a été
inculqué par nos maître à penser et
nos bergers dans nos écoles, facultés ou
instituts.
Or les expériences
faites sur place, à la base, depuis quelques
années, nous ont une fois de plus ( depuis plus
d'un demi siècle! ) prouvé que les pasteurs
protestants font preuve d'un tel "cléricalisme,"
d'un tel "confessionnalisme", d'un tel "esprit de
clocher", d'une telle suffisance "ecclésiastique
", et souvent d'un tel "autoritarisme" qu'ils n'ont rien
à envier à leurs collègues
catholiques quant à l'art pastoral de cloisonner
injustement l'unique troupeau du seul Berger...tout en se
laissant élever eux mêmes sur un
piédestal.
Serait-ce que nous
manquons de zèle spirituel, nous les pasteurs
protestants? Serait-ce que nous n'avons pas de foi, ni de
consécration à Dieu,ni d'humilité
personnelle? Serait-ce que nous manquons de savoir
biblique ou de connaissance doctrinale?Serait-ce que le
savoir faire pastoral ou la compétence nous font
défaut? Serait-ce que nous ne sommes que des
"fonctionnaires de Dieu", mercenaires professionnels
stipendiés?
Assurément pas!
Nous le savons bien, n'est ce pas et en dépit de
notre splendide isolement derrière les murs de nos
petites églises, nous nous aidons sans cesse
mutuellement, nous nous enrichissons et nous nous
encourageons réciproquement, solidaires et unis
dans le Saint Esprit pour un ministère pastoral si
difficile que chacun de nous gémit chaque jour:"
Qui est suffisant pour ces choses!"
Alors, quelle est la
raison profonde ( théologique!) de ce "malheur"
qui semble nous condamner à ne pas bâtir
l'Église de Dieu sans la diviser,et à ne
pas être pasteur dans l'unique Église locale
de Jésus sans être cantonné dans une
" dénomination" ecclésiastique locale?Quel
est le motif spirituel (ecclésiologique!) qui nous
oblige, par "cahier des charges" imposé, à
porter deux " casquettes" forcément impossibles
à porter en même temps: la charge de faire
aimer Jésus et tout son "corps" tel que
Jésus le crée et l'aime, et la fonction de
gestionnaire et d'organisateur d'une
société religieuse et cultuelle
particulière?
Non, ce n'est pas notre
propre personne qui est à" juger" ou à
"mettre en examen" mais c'est la théologie et
l'ecclésiologie de notre propre église
dénominationnelle qui est à remettre en
examen critique, devant le tribunal de notre propre
conscience éclairée par l'Esprit Saint. A
moins que nous aussi,les protestants et les
évangéliques, nous ne sacralisions "notre
Église, nous ne "divinisions" notre propre clan
spirituel, comme le font, depuis plus longtemps que nous,
les théologiens et les bergers de ce que
l'historien des religions classe sous le titre de
"catholicisme"! Quelle est donc l'hérésie (
voire l'apostasie ) qui se cache derrière nos
ecclésiologies respectives, je veux dire au coeur
même de nos constitutions d'Eglises, de nos
déclarations de foi, de nos disciplines et
pratiques héritées de nos pères ( ou
improvisées depuis quelques
années!)?
Et si c'était le
fait même que nous appelons "Église" une
entité religieuse et un organisme
ecclésiastique de dimension nationale ou
internationale qui s'affirme en face de ( et
séparé de ) une quantité
d'organisations analogues fondées sur la
même prétention?
Et si c'était, par
conséquent, le fait même que , dans chaque
localité où nous groupons "nos"
églises respectives, nous osons appeler
"Église locale" une fraction du peuple de Dieu que
nous transformons en "succursale" en " filiale" d'une
société religieuse nationale ou
internationale dont chacun de nous est le gérant
et le fondé de pouvoir?
J'ai mis des
décennies, pour ma part, à comprendre
clairement que "l'Église Réformée de
France", par exemple, en définissant ses paroisses
comme "Églises locales" ( en face des autres
"Églises locales" analogues ) prouvait que son
existence même se fondait sur un principe
séparateur, diviseur, sectaire (osons le mot ) et
vouait du même coup ses pasteurs à ne pas
être aussi pasteurs des salutistes, des libristes,
des pentecôtistes, des baptistes, des darbystes..et
des catholiques ou des orthodoxes ou des
anglicans!!
Et si, par
conséquent, notre division inqualifiable en ce qui
concerne le Repas du Seigneur ,ici, localement et en
permanence, était notre commune
désobéissance à la pastorale que
notre Seigneur nous prescrit? Infidélité
pastorale, ecclésiale, théologique, en
dépit de nos justifications bibliques ( sic !)
séculaires!
Et si, au fond,
l'héritage de nos réformateurs ( ceux du
16° siècle et ceux des siècles
récents) était une lourde tare
héréditaire au plan de la
compréhension de l'Église et des
ministères pastoraux qui la servent?!
Et si c'était cela
qu'il fallait réformer aujourd'hui, dans notre
ville, sans remettre à plus tard, sans se
préoccuper du prochain "poste pastoral" où
je serai nommé ou muté, sans prier pour que
Dieu fasse à ma place le travail d'unité et
de remembrement du corps du Christ malade, ce travail
qu'il me demande à moi de faire? Et si la
principale souffrance actuelle du souverain Pasteur
était que ses "bergers", dans cette ville, se
permettent de ne pas être unis entre eux par la
communion fraternelle dont ils ont vocation d'être
ensemble les modèles, pour le bien de toute
l'Église locale, de tout le troupeau local des
brebis.
Car les brebis souffrent
terriblement de ce cloisonnement, de cette fragmentation
et de cet émiettement que nous leur imposons. Oui
nous! car la division entre chrétiens ne tombe pas
du ciel comme une fatalité qui serait
imposée! Il y a bien des gens qui l'entretiennent
et la pratiquent...;
Et si la
"métanoïa", si la repentance à
laquelle chaque dénomination protestante est
appelée par l'Esprit Saint, si cette
réforme et ce réveil commençaient
par nous, les dirigeants des dénominations de
toute couleur, réformés,
anglicans,évangéliques,protestants,
pentecôtistes..et charismatiques?
Et si ? Et si
?
Simples questions,
simples
hypothèses...........................
Suit, dans le
texte original, l'historique et la pratique du partage
du pain et du vin à la même table
à