Interpellations

 

 

3111 définitions, questions :E. Savajol

3112 Eglise lève-toi ! E. Savajol

3113 ne fais-tu pas barrage à l'Esprit Saint ? André Spurgeon

3114 les indulgences!: E. Savajol

3115 au cardinal Ratzinger... E. Savajol

3116 les églises n'ont-elles pas parfois un comportement de secte? E savajol

3117 aux clercs G. Siguier

3118 du gouvernement dans l'église : J.F. Doran

3119_legaut.html extraits

3120 trahison des clercs : G. Siguier

3121 l'oecuménisme est dépassé !: G. Siguier

3122 aux pasteurs protestants: G.Siguier

3123 à mon curé : G. Siguier

3124 marie mère de Jésus Christ dans les jours de sa chair. E. Savajol.

3125 évangéliser l'église !

3126 Mariage indissolubilite, nullite Ed.Savajol

3127 Credos !

3130 dogme_edmond.htm Ed .Svajol

3131 dogmes-siguier.htm G. Siguier

3132 transsubstantiation.htm G. Siguier

3133 misères cathos:pouvoirs

3134-repas diviseur

3135 chretiens libres

3136-acosta -reformes

3137 -derive vers la religion

3138-pain-eucharistie.htmClaire-Marie

3139_oser-transgresser

3140-geffre-claude

3141-dupuis-jacques

3142-sobrino-jon

3144-comblin-jose.htm  Eglise et Pouvoir

3145- kung-aux-eveques

/3146-dirigeants-myre.htm

3147-vaticanII-comblin.htm

3150-lefebvre-au-pape

 
Évangéliser l'Église

Charles-Marie Guillet :Théologien

L'Église? Que n'en a-t-on pas dit et écrit depuis 40 ans! A l'annonce du concile Vatican II (25/l/1959), il semblait fleurir, pour nous français,et pour d'autres, une grande décennie ecclésiologique (pensons au Père Congar!).

Le concile, malgré des batailles de retardement, engendra deux grandes constitutions: sur le mystère de l'Église (Lumen Gentium = LG) et sur l'Église dans le monde de ce temps(Gaudium & Spes = GS). Le bouillonnement des années 60 & 70 continue depuis d'ailleurs dans ces années 80 et 90 (Rigal, Tillard), même s'il faut alors mettre des nuances.

Nuances sur le bilan du concile Vatican II

Lumen Gentium (1964), on l'a dit maintes fois, opère une vraie révolution copernicienne. Le mystère de 1'Eglise, sa réalité profonde, est d'abord un peuple que Dieu fait, par 1'envoi du Fils et de 1'Esprit (LG n°4). L'Église est d'abord communauté, fraternité, égalité fondamentale (LG n°32). Elle n'est pas d'abord répartition en classes, en groupes, en rôles, avec (avant toute chose) un sommet pontifical-épiscopal.

Où en sommes-nous ici? Dans un pays comme le nôtre (où l'on a parlé et où l'on parle beaucoup des laïcs, où beaucoup de ceux-ci sont engagés), la révolution reste à faire, en vérité profonde. Au plan du droit, à partir duquel on "organise", notre Église demeure cléricale à tous les niveaux ... Ce qui s'oppose à l'individualisme libéral très marqué de notre temps.

Gaudium & Spes ( Décembre 1965) a solennellement affirmé: "l'Église dans le monde de ce temps". On y a cru! Pas à la transformation du monde en 10 ans! Personne ne l'a jamais pensé! .... Et pourtant, dès 1975 (Évêques français à Lourdes): rappel à la transcendance, " Méfiez vous du monde ".

Gaudium & Spes est-elle ratée ?

Même si on n'ose pas le dire, on commence à le penser... De 1978 à 1985, on assiste à une sacralisation accentuée des dires, des préceptes, des gestes, des ministres. La vraie Église doit radicalement se séparer du monde. Le "peuple de Dieu" est remplacé plus ou moins par la "communion ecclésiale hiérarchique": pour cause de non démocratie dans l'Église. Cette Église doit se recentrer, se proclamer, se faire voir. Doit-elle devenir spectacle? A certains jours on le croirait. Un réel triomphalisme demeure bel et bien: pieusement motivé, médiatique ment soutenu. Il occulte la réalité du monde source d'angoisse ou appel à.

L'engagement.

Peut-être tout ceci (cette difficile et actuelle question de la vie du chrétien et de son Église dans un monde sécularisé) explique-t-il une sorte de retour à Jésus: comme un lieu de la venue de Dieu dans le monde, plus peut-être que comme "chef de 1'Eglise": ce créneau, pour beaucoup de chrétiens et d'autres! ayant l'air occupé par le Pape! Un pape omniprésent, il est vrai!!

Le retour de Jésus (seul lieu pour parler en vérité de l'Église) On a beau parfois en être navré, mais c'est le " Jésus " de Jacques Duquesne qui se vend! Un Jésus qui n'a aucunement perdu sa divinité, mais un Jésus terriblement, étonnamment humain.

Mais si la Bonne Nouvelle pour les hommes était bien que Dieu soit vraiment là, dans notre histoire humaine? Je fais mien ici le titre d'un petit livre récent, profond et délicieux, de René Luneau " Jésus, l'homme qui évangélisa Dieu " (Le Seuil 99). Étonnante parenté avec la grosse brique de Joseph Moingt "L'homme qui venait de Dieu" (Cerf 93): je m'inspire beaucoup, assez souvent à la lettre, de ces 2 auteurs.

Le Dieu de Jésus (qui est source de l'Église LG n°44) est bien avant tout, en effet, une Bonne Nouvelle pour les hommes. Ce Dieu inattendu est un Dieu évangélique. Cela veut dire quoi?

Le Dieu qui se donne a voir en Jésus, c'est le serviteur des pauvres et des exclus (pas seulement ceux de la Palestine d'il y a 20 siècles, mais ceux aussi de tous les lieux et de tous les temps). Il est à la fois légaliste et libertaire, ou plutôt "ailleurs" (Ch Perrot).

Il pardonne toujours (70 fois 7 fois, Mathieu 18, 21-22): cela est totalement inattendu. On n'était pas, on n'est toujours pas, prêt à accueillir une telle largesse. C'est Dieu le premier qui cherche l'homme pécheur: c'est lui qui est prodigue, et il n'est jamais si proche que dans le frère dont on se fait vraiment le prochain (Luc 15).

Ce Dieu , c'est aussi l'Esprit promis et transmis, bien au delà de ce que les disciples de Jésus ressuscité, d'hier et d'aujourd'hui, pouvaient et peuvent attendre. C'est chaque jour que sa présence s'éprouve et se vérifie, dans l'amour pratique et réel des hommes (Jean 3, 21; 1 Jean 3,14); et là rien ne peut arrêter la croissance de la semence imprévue; car il ne s'agit pas de revenir à un ancien monde par une sorte de réanimation des morts; il s'agit de la genèse d'un monde radicalement nouveau (dans la résurrection de Jésus: Eph 1, Col 1).

Jésus en un mot donne à l'image globale de Dieu d'autres couleurs et d'autres contenus que ceux auxquels on était (auxquels nous sommes encore) habitués. Ce Dieu d'amour et de miséricorde (qui écrit, autant dans les marges qu'en pleine page) cassait et brouillait (casse et brouille toujours) les repères habituels des gens religieux (Moingt); il déstabilise les pratiques religieuses trop assurées d'elles-mêmes (pourtant reçues et acceptées); il fragilise les certitudes séculaires et les usages les mieux fondés (prières "matérialisantes", providence commode, justice "humaine" de récompense ou de punition, répétition matérielle contraignante des dogmes et des préceptes, institutions figées et pour elles-mêmes). Du Dieu de Jésus a l'Église:

il faut évangéliser I'Eglise.

- L'Église évangélique du fils de Dieu. Il faut pour les disciples de Jésus, pour leur communauté dans l'histoire, pour signifier dans cette histoire, la Parole vive de l'évangile, des points de repères (une " Église " dit St Paul). Mais attention, Jésus n'est pas l'héritier des lévites et du temple. Cet héritage lévitique réinvestit hélas très tôt (aujourd'hui encore ... ) l'Église, comme s'il fallait perpétuer le culte du temple de Jérusalem. L'important n'est plus ici Jérusalem (des juifs) ou le Garizim (des Samaritains), mais l'esprit et la vérité (cf Jean 4, la Samaritaine). II faut aller au delà du Temple et des ministres pour pressentir quelque chose du mystère de Dieu ; au delà de qui tout est proche, puis qu'il est d'abord exprimé dans le frère (" pour rejoindre Dieu, il faut passer d'abord par le frère et non par le temple " Moingt) cf Mathieu 25, 1

Jean 3,14.

L'Église évangélique de Jésus, cet homme qui venait de Dieu. Cette Église est dans le monde de ce temps. Peut-être faudrait-il dire: elle est signe de ce milieu divin qui englobe le monde, qui l'inspire et l'anime (Lettre a Diognète); tout en lui étant "soumise" en sa réalité humaine et historique. L'institution ecclésiastique, tout en étant sacrement du mystère, est aussi dépendante de l'histoire, de sa réalité humaine toujours diverse et changeante (sociétés, cultures, religions, outils ...).

Le disciple de Jésus doit donc innover en des circonstances que son maître n'a pas connues et ne pouvait pas connaître; l'Esprit pousse ce disciple a aller plus loin que son maître, à faire autrement que lui, pour suivre cette ouverture initiée par Jésus: aller toujours plus loin dans le sens d'un amour sans exception et sans récession (Mathieu 5; Jean 14-16)

Une Église pour le monde

L'Église de Jésus, dont la base est 1'égalité des hommes sauvés (participant gratuitement à la présence agissante de 1'Esprit du ressuscité, cf LG n° 32), ne peut qu'être tolérante en ce monde, c'est à dire ouverte aux autres et respectueuse de ce qu'ils sont. Elle doit donc être préoccupée avant tout de dialogue et d'humilité: elle sait avouer qu'elle ne peut être elle-même sans les autres, et leurs richesses accueillies (cf LG; GS et Dignitatis humanae = DH, déclaration de Vatican II sur la liberté religieuse).

L'Église de Jésus est invitée par suite (notamment chez nous catholiques)-

à mettre en oeuvre pratiquement le pouvoir premier en elle qu'est le sacerdoce baptismal: la communauté sacerdotale des baptisés se construit elle-même en servant le monde, en participant au service christique du salut.

- à s'inspirer humainement de ce qui paraît aux hommes de notre temps la manière la moins mauvaise (la plus proche de 1'évangile?) de régler les conflits: la démocratie. Cette Église de Jésus est inséparablement convaincue de n'être elle-même, dans le monde et pour lui, que par l'initiative de Dieu (qui libère les hommes).

Elle peut reconnaître cette initiative grâce aux ministères qui lui sont donnés. Le don de ces ministères se situe à la jonction de l'initiative transcendante de Dieu et de la vocation (de l'appel ) qu'en expriment les disciples dans la communauté. Ce qui veut dire: la naissance et 1'exercice concret des ministères demandent toujours une action liturgique (lieu communautaire d'ouverture au transcendent, à l'absolu, à Dieu), mais cela au coeur d'une action collective et responsable d'hommes debout dans la prière et dans L'engagement pour la cité du monde.

Cette Église de Jésus est par suite appelée au courage du témoignage (toujours prête à payer le prix de son libre prophétisme) et au courage de la conversion (toujours prête a écouter et accueillir les autres sans arguer de privilèges permettant de dénier autrui ou de refuser ses critiques). Cette Église de Jésus ne peut demander aux autres que ce qu'elle se demande à elle-même. Elle ne peut vivre dans le monde sans participer (par exemple : démocratie, femme et pouvoir ecclésiastique, amour et justice dans 1'écoute des plus exclus et des plus pauvres)...

En guise de conclusion Quelques lignes de l'engagement nécessaire ici pour l'Église de Jésus: Pour affronter le mal autrement qu'elle ne le fait (en ses textes mêmes officiels ou liturgiques). Le mal (la souffrance) y est parfois (souvent?) premier par rapport au salut, la passivité de la peur (de la crainte) plus présente que l'engagement de " l'espérance pour tous ".

Le christianisme, on devrait le savoir et le dire, est exactement le contraire! Combattre la lâcheté des hommes devant l'indifférence répandue face aux malheurs de leurs semblables, face aux guerres larvées ou éclatantes, et à toutes leurs injustices. Participer activement à l'anxiété actuelle sans précédent devant les risques de détérioration des rapports de l'homme à la biosphère (la dimension écologique de la théologie).

Saisir en vérité la pesanteur (sans précédent également) des moyens de l'action humaine (cf l'éclatante et l'inquiétante puissance de toutes les grandes technologies). Ces moyens se présentent souvent en eux-mêmes comme moralement neutres; ils peuvent alors conduire à une inconscience dramatique concernant le rapport de l'homme à ses fins, le rapport profond de l'homme aux autres hommes ( paix, justice, bonheur...). Saisir en particulier comment les moyens les plus puissants et sophistiqués de la communication humaine moderne peuvent conduire a un véritable empoisonnement de cette communication; et s'efforcer quotidiennement d'y parer (cf A Jacob, L'homme et le mal Cerf 1998).

L'affirmation ici, de " la splendeur de la vérité ", de " l'union de la foi et de la raison " (cf les 2 encycliques de Jean-Paul II), par le " magistère suprême " de l'Église de Jésus, ne peut plus être solitaire, centralisée, à priori universelle. Le privilège d'une culture, d'un temps, d'un continent, d'une philosophie ne peut plus être maintenu.

Peut-on souhaiter que Jean-Paul II soit le dernier pape à sembler vouloir conserver ce privilège: dans un monde où la hiérarchie apparaît difficilement capable d'imposer purement par en haut " un système de validation du croire " (Danièle Hervieu-Léger), sans reconnaître vraiment l'importance " du sens de la foi des fidèles " (LG n°12)... Quel charisme pour le prochain pape? Pour restaurer la puissance de validation de l'institution - Église? ! ! Éveiller les consciences plutôt qu'asséner la vérité. Charisme de l'écoute valorisante de l'interlocuteur, plus que, celui d'une infaillibilité de plus en plus douteuse pour nos contemporains car elle ne semble jamais les écouter en vérité (se bornant apparemment à n'écouter qu'elle-même). Charisme qui ne peut être personnel qu'à l'intérieur d'une collégialité vraie, et, plus encore, qu'au sein du peuple de Dieu (LG n° l2).

Où l'on voit que dans le monde qui va, un discours unique (pontifical ou épiscopal) ne peut sans doute se maintenir; sous peine de faire de notre Église un royaume fermé, dont le privilège serait de devenir étranger (dans un monde dont il se veut pourtant sacrement du salut, cf LG/GS). Le provisoire ou le précaire appartiennent à la grandeur de l'Église visible, et l'avenir est toujours "inquiétant".

 Mais croire pour le chrétien, n'est pas adhérer a des concepts toujours plus ou moins fermés par nature. C'est communier mystérieusement à l'action créatrice et salvatrice de Dieu... dans son Église! L'Église de Jésus?

A nous, avec Jésus de "pratiquer la vérité": la lumière viendra ! (Jean, 3, 21).

Charles-Marie Guillet, théologien, Août Septembre 1999 voir aussi:"l'Eglise, communauté de témoins dans l'histoire", édition du Centurion, 1988.

 

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