Mariage
nullité .. ! ?
Edmond
Savajol
Ce que veut dire nul,
dans le "Larousse" : Nul = sans valeur, sans
mérite, sans importance, sans
effet.
Le brin d'herbe, la
pomme, le grain de blé, la rose, le galet, le
rocher, la mer, la montagne ont une valeur, une
importance, le mérite de réjouir notre vue
ou de nous rassasier.
Une relation humaine
peut -elle être nulle?
Quel homme assez
prétentieux ou quel groupe assez suffisant peut-il
déclarer nulle une relation quelle quelle
soit?
Toute relation humaine
a de la valeur , valeur relative aux hommes et femmes
qui la vivent.
Sourire, tendre la main,
dialoguer, discuter, s'interpeller, ouvrir son coeur,
s'embrasser, avoir une relation d'amour psychologique,
physique ou spirituelle. mais aussi affirmer son
désaccord , dire non, refuser, résister,
s'opposer. Qui pourrait affirmer le contraire?
Bien sur, il y a des
relations mal ajustées, des relations
tordues, pathologiques, mais sont elles pour
autant nulles... NON.
Et pourtant certaines
églises dont l'église catholique romaine
déclarent nulles des relations comme les mariages,
même les mariages avec enfants! ! Langage
codé , langue d'initié !! Qui peut
comprendre ?
Si la relation de leurs
parents est considérée par certaines
églises comme nulle, la plupart de ces enfants
savent naturellement qu'ils ont la même valeur que
les autres et en cela ils accueillent sans le savoir ou
en conscience les paroles du Christ !! Par contre, comme
un effet de boomerang, ils considèrent souvent que
le corps social qui a déclaré nulle la
relation de leurs parents ( dans laquelle ils ont leur
origine ) n'a plus d'importance à leurs yeux..
N'est-ce pas un juste retour des choses !
Ne serait-il pas urgent
que les églises bannissent ces mots de
nullité de leur vocabulaire et
s'interdisent de porter un jugement en toute chose, sur
toutes choses, s'interdisent de vouloir posséder
toutes choses.
Il serait urgent
que les églises accueillent les hommes et les
femmes comme ils sont , tels qu'ils sont. Il
serait urgent que les églises dissolvent leurs
tribunaux ecclésiastiques, renvoient leurs avocats
et notaires de l'officialité ecclésiastique
annoncer la Parole de Dieu et témoigner de leur
foi . Ou, que ces mêmes tribunaux servent de contre
pouvoir aux autorités ecclésiastiques qui
ne semblent pas en avoir. Bien entendu il va de soi que
ces tribunaux ne seraient plus désignés par
les évêques mais par le peuple de
Dieu.....
Il serait urgent de
rendre l'autorité aux communautés
chrétiennes, autorité qu'elles avaient
naturellement au temps de Paul, de Jacques et de Pierre !
et qui depuis ont été confisqué par
les clercs !
Il serait urgent de
permettre aux couples qui se reforment dans un
deuxième mariage et veulent suivre le Christ
d'être accueilli et de bénir et rendre
grâce pour ce nouveau départ
!
Pour cela il n'est pas
nécessaire de dire que ce qui a été
vécu avant est nul ...Dire cela est peut
être catholique mais ne me semble pas
chrétien ! !
Qu'en pensez vous?
Edmond
Savajol.
Divorcés et
divorcés remariés.
Dans l'église
catholique le débat est difficile, c'est une des
rares questions ouvertement débattues, y compris
parmi les évêques (en particulier Mgr
Lebourgeois (retraité), et ceci malgré
l'intransigeance du magistère romain,
illustrée encore récemment, par ce texte de
juillet 2000.
L'épreuve d'une
rupture familiale est souvent l'occasion d'une recherche
personnelle, d'une quête spirituelle. La distance
ou le rejet de la part de notre église, de nos
communautés, de leurs responsables, sont alors
d'autant plus insupportables
L'association
" Chrétiens divorcés "
écoute, accueille, offre des lieux
d'échange pour les divorcés et les
divorcés remariés. Elle procure la liste
des nombreux groupes relais existant en France, Suisse et
Belgique. Elle publie un bulletin de liaison, à la
fois forum d'opinions et nourriture spirituelle :
" Chemins d'espérance ", 27 Avenue de
Choisy, 75013 Paris. Tél. 01 45 85 12
05.
Religieuses victimes
d'abus sexuels
Dans son édition
du 16 mars dernier, la revue américaine
National Catholic Reporter a largement
traité le grave problème des abus sexuels
perpétrés par des prêtres sur des
religieuses dans 23 pays des cinq continents, en
particulier en Afrique. Les rapports,
rédigés par des religieuses en 1994 et 1995
et fondés sur des informations recueillies sur le
terrain, sont à l'origine de ces
révélations. La situation des malades du
Sida dans le clergé et la vie religieuse
était le sujet initial de leur enquête. Ces
rapports ont été étudiés, en
leur temps, avec la Congrégation pour les
Instituts de Vie consacrée. Aussi, des mesures
semblent avoir été prises alors. Mais des
faits sont accablants.
Un évêque du
Malawi aurait poussé à la démission
les responsables d'une congrégation
féminine diocésaine ayant
dénoncé les abus sexuels de prêtres
sur leurs religieuses, dont 29 étaient enceintes.
Des prêtres auraient insisté pour que les
religieuses qui attendaient un enfant subissent un
avortement. Des sanctions n'ont pas toujours
été prises à l'encontre des
coupables.
Ces dernières
années, de nombreuses religieuses ont lancé
des appels et déploré le silence entourant
ces situations. C'est pourquoi, les congrégations
religieuses les ont aussi prises en compte, au sein de
leurs instances internationales. Selon les auteurs de ces
rapports, le problème relèverait de
plusieurs facteurs.
Dans certaines
sociétés, tout homme devrait avoir des
relations sexuelles et des enfants, le célibat des
prêtres serait donc perçu comme une simple
renonciation au mariage et non comme une abstinence
sexuelle.
Dans ce cas, face
à l'épidémie de Sida, les
religieuses étaient considérées
comme des « sujets ne présentant aucun risque
». Enfin, la dépendance financière de
certaines institutions religieuses les a parfois rendu
vulnérables aux exigences de ceux qui subviennent
à leurs besoins.
Le 20 mars, M.
Joaquín Navarro-Valls, directeur de la Salle de
presse du Saint-Siège, déclarait : «
Le problème est connu et est limité
à une région géographique
déterminée. Le Saint-Siège traite
actuellement ce problème en collaboration avec les
évêques, avec l'Union des Supérieurs
généraux (USG) et l'Union internationale
des Supérieures générales (UISG).
[...] Certaines situations négatives ne
peuvent faire oublier la fidélité souvent
héroïque de l'immense majorité des
religieux, des religieuses et des prêtres
».
(NCR, 16 mars et Vida
Nueva, 31 mars). La documentation catholique N° 2249
du 3/06/2001 - Evénements - Monde - page 547 - 377
mots.
Cela pose le
problême du pouvoir des évêques sans
contre pouvoir effectif......Ils peuvent couvrir tout et
n'inporte quoi...surtout dans les pays sans
démocratie véritable et lois
laîcs.
Cela pose le
problême du célibat des prêtres.
Pourquoi ne pas leur laisser le libre choix, se marier ou
pas ?
Mais l'enjeu n'est
peut-être pas là où l'on pense. Pour
moi, que les prêtres puissent se marier ou rester
célibataire ne change rien ni à la
prêtrise ni à la recherche
spirituelle.
Par contre ce qui
changerait serait la manière dont les clers
mariés avec des enfants accepteraient mutations et
ordres divers des hiérarchies. Il semblerait que
les évêques ne pourraient plus faire
à leur guise. La voix des femmes et des enfants
serait d'un poids important. Beaucoup de manières
de faire changeraient. La morale ne serait plus dans le
dire et le fossé entre la base et la
hiérarchie s'élargirait. le Vatican et la
hiérarchie seraient obligés de modifier
leur manière de faire . Là est le
véritable risque que la curie et le Vatican ne
veulent pas courir pour le moment.
Edmond
Savajol
Où
l'on voit le Vatican inviter les avocats civils
laîcs , a refuser de servir dans les
séparations et les divorces.
Où
l'on voit le Vatican redonner du poids aux avocats clercs
pour affirmer la nullité d'un mariage. Cette
contradiction nous semble insoutenable.
L'institution
catholique romaine aurait-elle le monopole de la sagesse
et de l' intelligence ? Les laîcs seraient-ils
nuls, incompétents et débiles? (Voir plus
haut texte sur nullité.)
L'indissolubilité
du mariage est un bien
Allocution au Tribunal de
la Rote romaine À l'occasion de l'ouverture de
l'Année judiciaire 2002, le Pape Jean-Paul II a
reçu en audience, le 28 janvier, les membres du
Tribunal de la Rote romaine : le Doyen, Mgr Raffaello
Funghini, les Prélats Auditeurs, les autres
membres du Tribunal (défenseurs du lien, notaires,
etc.) et les avocats agréés. Il leur a
adressé le discours suivant (*) :
1. Je remercie vivement
Monseigneur le Doyen qui, interprétant
parfaitement vos sentiments et vos préoccupations,
a souligné, par de brèves observations et
des données chiffrées, votre travail
quotidien et les graves et complexes questions qui sont
l'objet de vos jugements. L'inauguration solennelle de
l'Année judiciaire me donne l'agréable
occasion d'une rencontre cordiale avec tous ceux qui
travaillent au Tribunal de la Rote romaine -
Prélats Auditeurs, Promoteurs de justice,
Défenseurs du lien, officiers et avocats - pour
leur manifester ma reconnaissance et ma satisfaction, mon
estime et mes encouragements. L'administration de la
justice à l'intérieur de la
communauté chrétienne est un service
précieux, car il constitue les prémices
indispensables à une authentique
charité.
Votre activité
judiciaire, comme l'a souligné Monseigneur le
Doyen, concerne surtout des causes de nullité de
mariage. En cette matière, avec les autres
tribunaux ecclésiastiques et en exerçant
une fonction très spéciale parmi eux, que
j'ai soulignée dans Pastor Bonus (cf. art. 126),
vous constituez une manifestation institutionnelle
spécifique de la sollicitude de l'Église en
jugeant, selon la vérité et la justice, la
délicate question concernant l'existence ou non
d'un mariage. Cette fonction des tribunaux dans
l'Église s'insère, comme une contribution
dont on ne saurait se passer, dans le contexte de toute
la pastorale matrimoniale et familiale. Et
précisément, l'optique pastorale requiert
un constant effort d'approfondissement de la
vérité sur le mariage et sur la famille, et
il en est de même en tant que condition
nécessaire pour l'administration de la justice
dans ce domaine.
2. Les
propriétés essentielles du mariage -
l'unité et l'indissolubilité (cf. CIC, can.
1056 ; CCEO, can. 776 ¤ 3) - fournissent l'occasion
d'une réflexion profitable sur le mariage
lui-même. Aussi aujourd'hui, renouant avec ce que
j'ai eu l'occasion de traiter dans mon discours de l'an
dernier (sic) sur l'indissolubilité (cf. AAS, 92
[2000], p. 350-355) [DC 2000, n. 2220, p.
158-161. NDLR], je désire traiter de
l'indissolubilité comme bien pour les
époux, pour les enfants, pour l'Église et
pour toute l'humanité. La présentation
positive de l'union indissoluble est importante pour en
redécouvrir le bien et la beauté. Tout
d'abord, il faut dépasser la vision de
l'indissolubilité comme une limite posée
à la liberté des contractants, et donc
comme un poids, qui peut parfois devenir insupportable.
Dans cette conception, l'indissolubilité est vue
comme une loi extrinsèque au mariage, comme «
l'imposition » d'une norme contre les «
légitimes » attentes d'une réalisation
ultérieure de la personne. À cela s'ajoute
l'idée assez répandue selon laquelle le
mariage indissoluble serait le propre des croyants, qui
ne peuvent par conséquent prétendre «
l'imposer » à la société civile
dans son ensemble.
Le mariage, dessein
divin
3. Pour donner une
réponse valable et exhaustive à ce
problème, il faut partir de la Parole de Dieu.
Concrètement, je pense au passage de
l'Évangile de Matthieu qui rapporte le dialogue de
Jésus avec des Pharisiens, puis avec ses
disciples, au sujet du divorce (cf. Mt 19, 3-12).
Jésus dépasse radicalement les discussions
d'alors quant aux motifs qui pouvaient autoriser le
divorce, lorsqu'il affirme : « C'est en raison de
votre endurcissement que Moïse vous a
concédé de renvoyer vos femmes. Mais au
commencement, il n'en était pas ainsi » (Mt
19, 8). Selon l'enseignement de Jésus, c'est Dieu
qui a lié par le lien conjugal l'homme et la
femme. Certes, cette union passe par le libre
consentement de tous deux, mais ce consentement humain a
pour objet un dessein qui est divin. En d'autres mots,
c'est la dimension naturelle de l'union, et plus
concrètement la nature de l'homme
façonnée par Dieu lui-même, qui
fournit la clef de lecture indispensable des
propriétés essentielles du mariage. Leur
renforcement ultérieur dans le mariage
chrétien par l'intermédiaire d'un sacrement
(cf. can. 1056) s'appuie sur un fondement de droit
naturel : si on ôte ce fondement, l'oeuvre
salvifique elle-même et l'élévation
que le Christ a réalisée une fois pour
toutes en ce qui concerne la réalité
conjugale deviendraient
incompréhensibles.
4. D'innombrables hommes
et femmes de tous les temps et de tous les lieux se sont
conformés à ce dessein divin naturel,
même avant la venue du Sauveur, et bien d'autres
s'y conforment après sa venue, même sans le
connaître. Leur liberté s'ouvre au don de
Dieu, que ce soit au moment de s'épouser ou au
cours de la vie conjugale. Cependant, la
possibilité de se rebeller contre ce dessein
d'amour existe toujours : se reproduit alors cette «
dureté du coeur » à cause de laquelle
Moïse a permis la répudiation, mais que le
Christ a définitivement vaincue. Il faut
répondre à ces situations par l'humble
courage de la foi, d'une foi que soutient et corrobore la
raison elle-même, pour la mettre en mesure de
dialoguer avec tous à la recherche du vrai bien de
la personne humaine et de la société.
Considérer l'indissolubilité non pas comme
une norme juridique naturelle mais comme un simple
idéal, vide le sens de la déclaration sans
ambiguïté du Christ Jésus, qui a
refusé de manière absolue le divorce car
« au commencement, il n'en fut pas ainsi » (Mt
19, 8). Le mariage « est » indissoluble : cette
propriété exprime une dimension de son
objectivité même, elle n'est pas un fait
purement subjectif. Par conséquent, le bien de
l'indissolubilité est le bien du mariage
lui-même ; et l'incompréhension du
caractère indissoluble constitue
l'incompréhension du mariage en son essence. Il
s'ensuit que le « poids » de
l'indissolubilité et les limites qu'elle comporte
pour la liberté humaine ne sont rien d'autre que
le revers, pour ainsi dire, de la médaille, en ce
qui concerne le bien et les potentialités
inhérentes à l'institution matrimoniale en
tant que telle. Dans cette perspective, cela n'a pas de
sens de parler d'« imposition » de la part de
la loi humaine, puisque celle-ci doit refléter et
protéger la loi naturelle et divine, qui est
toujours une vérité libératrice (cf.
Jn 8, 32).
Liés pour
toujours
5. Cette
vérité sur l'indissolubilité du
mariage, comme tout le message chrétien, est
destinée aux hommes et aux femmes de tous les
temps. Pour que cela se réalise, il est
nécessaire que l'Église témoigne de
cette vérité et que toutes les familles, en
tant qu'« Églises domestiques » dans
lesquelles le mari et l'épouse se reconnaissent
mutuellement liés pour toujours par un lien qui
exige un amour sans cesse renouvelé,
généreux et prêt au sacrifice, en
témoignent plus particulièrement, On ne
peut se rendre à la mentalité favorable au
divorce : ce qui nous en empêche, c'est la
confiance dans les dons naturels et surnaturels de Dieu
à l'homme. L'activité pastorale doit
soutenir et promouvoir l'indissolubilité. Les
aspects doctrinaux doivent être transmis,
clarifiés et défendus, mais les actions
cohérentes sont encore plus importantes. Quand un
couple traverse des difficultés, la
compréhension des Pasteurs et des autres
fidèles doit être unie à la
clarté et à la force de rappeler que
l'amour conjugal est la voie pour résoudre
positivement la crise. C'est précisément
parce que Dieu les a unis par un lien indissoluble, que
mari et femme, employant toutes leurs ressources humaines
avec bonne volonté mais mettant leur confiance
principalement en l'aide de la grâce divine,
peuvent et doivent sortir renouvelés et
fortifiés des moments de
défaillance.
6. Quand on envisage le
rôle du droit dans les crises matrimoniales, on
pense trop souvent presque exclusivement aux
procès qui sanctionnent la nullité du
mariage ou bien la dissolution du lien. Cette
mentalité s'étend parfois même au
droit canonique, qui apparaît ainsi comme la voie
pour trouver des solutions de conscience aux
problèmes matrimoniaux des fidèles. Cela
comporte sa part de vérité, mais des
solutions éventuelles doivent être
examinées de telle sorte que
l'indissolubilité du lien, chaque fois qu'il
apparaît que celui-ci a été
contracté de manière valide, continue
à être sauvegardée. L'attitude de
l'Église va même jusqu'à être
favorable à la convalidation, si cela est
possible, de mariages nuls (cf. CIC can. 1676 ; CCEO,
can. 1362). Il est vrai que la déclaration de
nullité du mariage, selon la vérité
acquise grâce à un procès
légitime, ramène la paix dans les
consciences, mais cette déclaration - et cela vaut
aussi pour la dissolution du mariage ratifié et
non consommé, ainsi que pour le privilège
de la foi - doit être présentée et
mise en oeuvre dans un contexte ecclésial qui soit
profondément en faveur du mariage indissoluble et
de la famille qui est fondée sur lui. Les
époux eux-mêmes doivent être les
premiers à comprend re que c'est seulement dans la
recherche loyale de la vérité que se trouve
leur vrai bien, sans exclure a priori la convalidation
possible d'une union qui, tout en n'étant pas
encore matrimoniale, contient des éléments
de bien, pour eux et pour leurs enfants,
éléments qui doivent être
attentivement évalués en conscience avant
de prendre une décision
différente.
Combattre le
divorce
7. L'activité
judiciaire de l'Église qui, en sa
spécificité, est elle aussi une
activité vraiment pastorale, s'inspire du principe
de l'indissolubilité du mariage et tend à
en garantir le caractère effectif dans le Peuple
de Dieu. En effet, sans les procès et les
sentences des tribunaux ecclésiastiques, la
question de l'existence ou non d'un mariage indissoluble
des fidèles serait reléguée à
la seule conscience de ceux-ci, avec le risque
évident de subjectivisme, spécialement
quand il y a dans la société civile une
crise profonde quant à l'institution du mariage.
Toute sentence juste de validité ou de
nullité du mariage est un apport à la
culture de l'indissolubilité tant dans
l'Église que dans le monde. Il s'agit d'une
contribution très importante et nécessaire.
En effet, elle se situe sur un plan immédiatement
pratique, donnant une certitude non seulement aux
personnes impliquées prises individuellement, mais
aussi à tous les mariages et aux familles. Par
conséquent, l'injustice d'une déclaration
de nullité, opposée à la
vérité des principes normatifs ou des
faits, revêt une gravité
particulière, car son lien officiel avec
l'Église, favorise la diffusion d'attitudes
où l'indissolubilité est soutenue en
paroles mais obscurcie dans la vie.
Parfois, ces
dernières années, on a contrecarré
la traditionnelle « favor matrimonii », au nom
d'une « favor libertatis » ou d'une «
favor personae ». Dans cette dialectique, il est
évident que le thème fondamental est celui
de l'indissolubilité, mais l'antithèse est
encore plus radicale en tant qu'elle concerne la
vérité même sur le mariage, plus ou
moins ouvertement relativisée. Contre la
vérité d'un lien conjugal, il n'est pas
correct d'invoquer la liberté des contractants
qui, en l'assumant librement, se sont engagés
à respecter les exigences objectives de la
réalité matrimoniale, laquelle ne peut
être altérée par la liberté
humaine. L'activité judiciaire doit donc
s'inspirer d'une « favor indissolubilitatis »,
laquelle évidemment n'entend pas porter
préjudice aux justes déclarations de
nullité, mais met en avant la conviction
opérationnelle du bien qui est en jeu dans les
procès, en même temps que l'optimisme
toujours renouvelé qui vient du caractère
naturel du mariage et du soutien du Seigneur aux
époux.
8. L'Église et
chaque chrétien doivent être lumière
du monde : « De même, que votre lumière
brille devant les hommes : alors, en voyant ce que vous
faites de bien, ils rendront gloire à votre
Père qui est aux cieux » (Mt 5, 16). Ces
paroles de Jésus trouvent aujourd'hui une
application singulière en ce qui concerne le
mariage indissoluble. Il pourrait sembler que le divorce
est tellement enraciné en certains milieux
sociaux, que cela ne vaut pratiquement pas la peine de
continuer à le combattre en répandant une
mentalité, une coutume sociale et une
législation civile en faveur de
l'indissolubilité. Et pourtant, cela en vaut la
peine ! En réalité, ce bien se situe
précisément à la base de toute la
société, comme condition nécessaire
de l'existence de la famille. Aussi son absence a-t-elle
des conséquences dévastatrices, qui se
propagent dans le corps social comme une plaie - selon le
terme qu'emploie le Concile Vatican II pour
décrire le divorce (cf. Gaudium et spes, 47) - et
exercent une influence négative sur les
nouvellesgénérations devant lesquelles est
obscurcie la beauté du mariage
véritable.
Ne pas coopérer au
mal
9. Le témoignage
essentiel sur la valeur de l'indissolubilité est
rendu par l'intermédiaire de la vie matrimoniale
des conjoints, dans la fidélité à
leur lien au milieu des joies et des épreuves de
la vie. On ne peut donc pas estimer que la valeur de
l'indissolubilité est l'objet d'un pur choix
privé : elle concerne un des fondements de toute
la société. Et donc, tandis que l'on doit
encourager tant d'initiatives que les chrétiens,
avec d'autres personnes de bonne volonté,
promeuvent pour le bien des familles (comme, par exemple,
la célébration des annive rsaires de
mariage), on doit éviter le risque de la
permissivité dans des questions fondamentales qui
concernent l'essence du mariage et de la famille (cf.
Lettre aux familles, 17).
Parmi ces initiatives, ne
peuvent faire défaut celles qui visent à la
reconnaissance publique du mariage indissoluble par les
systèmes juridiques civils (cf. ibid., 17).
L'opposition décidée à toutes les
mesures légales et administratives qui
introduisent le divorce ou qui équiparent au
mariage les unions de fait, même les unions
homosexuelles, doit s'accompagner d'une attitude de
proposition, grâce à des dispositions
juridiques tendant à améliorer la
reconnaissance sociale du mariage véritable, dans
le cadre des dispositions juridiques qui,
malheureusement, admettent le divorce. D'autre part, les
artisans du droit dans le domaine civil doivent
éviter d'être personnellement
impliqués en tout ce qui peut être
finalement une coopération au divorce. Pour les
juges, cela peut sembler difficile, car les
systèmes juridiques ne reconnaissent pas une
objection de conscience pour les exempter de prononcer
une sentence. Pour des motifs graves et
proportionnés, ils peuvent donc agir selon les
principes traditionnels de la coopération
matérielle au mal. Mais eux aussi doivent trouver
des moyens efficaces pour favoriser les unions
matrimoniales, surtout par une oeuvre de conciliation
sagement conduite.
Les avocats, en tant que
libres professionnels, doivent toujours refuser que leur
profession soit utilisée pour une fin contraire
à la justice, comme c'est le cas en ce qui
concerne le divorce ; ils peuvent seulement collaborer
à une action en ce sens quand celle-ci, dans
l'intention du client, ne vise pas la rupture du mariage,
mais bien d'autres effets légitimes que, dans un
système juridique déterminé, on ne
peut obtenir que par cette voie judiciaire (cf.
Catéchisme de l'Église catholique, n.
2383). De cette manière, par leur oeuvre d'aide et
de pacification des personnes qui traversent des crises
matrimoniales, les avocats servent vraiment les droits de
la personne et évitent de devenir de purs
techniciens au service de n'importe quel
intérêt.
10. À
l'intercession de Marie, Reine de la famille et Miroir de
Justice, je confie la croissance de la conscience de tous
en ce qui concerne le bien de l'indissolubilité du
mariage. Je lui confie encore l'engagement de
l'Église et de ses fils, avec celui de nombreuses
autres personnes de bonne volonté, en cette cause
qui est si décisive pour l'avenir de
l'humanité. Avec ces souhaits, en invoquant
l'assistance divine sur votre activité, chers
Prélats auditeurs, Officiers et avocats de la Rote
romaine, j'accorde affectueusement à tous ma
Bénédiction. n
(*) Textes
originaux français dans l'Osservatore Romano du
11 janvier. La documentation catholique N° 2264
du 17/02/2002 - Actes du Pape Jean-Paul II -