EVE, FAUTIVE OU COMPLICE ?

 

L'Anesse de Balaam ( Nombres 22 . 21 à 40 )

"Le lendemain matin, Balaam se leva, sella son ânesse et partit avec les dignitaires de Moab. Mais Dieu se mit en colère en le voyant partir, et l'ange du SEIGNEUR se posta sur le chemin pour lui barrer la route tandis qu'il cheminait, monté sur son ânesse, accompagné de ses deux serviteurs . L'ânesse vit l'ange du SEIGNEUR posté sur le chemin, l'épée nue à la main ; quittant le chemin, elle prit par les champs. Balaam battit l'ânesse pour la ramener sur le chemin. L'ange du SEIGNEUR se plaça alors dans un chemin creux qui passait dans les vignes entre deux murettes. L'ânesse vit l'ange du SEIGNEUR : elle se serra contre le mur. Comme elle serrait le pied de Balaam contre le mur, il se remit à la battre. L'ange du SEIGNEUR les dépassa encore une fois pour se placer dans un passage étroit où il n'y avait pas la place d'obliquer ni à droite, ni à gauche. L'ânesse vit l'ange du SEIGNEUR ; elle s'affaissa sous Balaam qui se mit en colère et la battit à coups de bâton.

Le SEIGNEUR fit parler l'ânesse et elle dit à Balaam : « Que t'ai-je fait pour que tu me battes par trois fois ? » - « C'est, lui dit Balaam, que tu en prends à ton aise avec moi ! Si j'avais une épée en main, je te tuerais sur-le-champ.» L'ânesse dit à Balaam : « Ne suis-je pas ton ânesse, celle que tu montes depuis toujours ? Est-ce mon habitude d'agir ainsi avec toi ? » - « Non » dit-il. Le SEIGNEUR dessilla les yeux de Balaam, qui vit l'ange du SEIGNEUR posté sur le chemin, l'épée nue à la main ; il s'inclina et se prosterna face contre terre. Alors l'ange du SEIGNEUR lui dit : « Pourquoi as-tu battu ton ânesse par trois fois ? Tu le vois, c'est moi qui suis venu te barrer la route car, pour moi, c'est un voyage entrepris à la légère. "L'ânesse m'a vu, elle, et par trois fois s'est écartée de moi. Si elle ne s'était pas écartée devant moi, je t'aurais tué sur-le-champ, tandis qu'à elle j'aurais laissé la vie sauve. »

Balaam dit à l'ange du SEIGNEUR : « J'ai péché car je n'ai pas reconnu que c'était toi qui étais posté là, devant moi, sur le chemin. Maintenant si ce voyage te déplaît, je m'en retournerai. » Mais l'ange du SEIGNEUR lui dit : « Va avec ces hommes, mais tu diras seulement la parole que je te dirai. » Balaam s'en alla donc avec les dignitaires de Balaq.

Apprenant que Balaam venait, Balaq vint à sa rencontre à Ir-Moab, sur la fontière marquée par l'Arnôn, à la limite de son territoire . Balaq lui dit : « N'ai-je pas envoyé assez de monde pour t'appeler ? Pourquoi n'es-tu pas venu ? Ne suis-je donc pas en mesure de te traiter avec honneur ? » Balaam répondit à Balaq : « Eh bien, je suis venu jusqu'à toi ; maintenant, me sera-t-il possible de dire quoi que ce soit ? Je dirai la parole que Dieu mettra dans ma bouche. » Balaam partit avec Balaq et ils arrivèrent à Qiryath-Houçoth. Balaq offrit un sacrifice de gros et de petit bétail dont il envoya des parts à Balaam et aux dignitaires qui l'accompagnaient."

( Nombres 22, 21-40 ) 1541_nombres.html


Commentaires de Jaqueline Kelen

La femme doit marcher sous les ordres de son époux et maitre, s'occuper des enfants, de la maison, mais par-dessus tout elle doit se taire. Le silence, c'est la qualité première d'une bonne épouse...Comme si les femmes étaient redoutables parce que, elles aussi, peuvent parler pour Dieu, à l'instar des prophètes. Comme si les femmes étaient plus douées, plus intuitives, plus proches de l'invisible, et elles aussi, pouvaient montrer le chemin...

Un devin des bords de l'Euphrate, ennemi d'Israël, du nom de Balaam, s'avançait monté sur son ânesse (pas un âne : une ânesse - la différence est ici capitale). Il allait rejoindre les princes de Moab, ennemis du peuple hébreu. L'ânesse tranquillement allait son chemin, portant son maître sans rien dire jusqu'au moment où, devenue conune folle ou piquée par un taon, elle fit un écart et partit à travers champs. En fait elle avait vu, de son oeil doré d'ânesse, et elle avait entendu avec ses longues oreilles, l'Ange de Yahvé, dressé comme un terrible obstacle, pour empêcher Balaam. de poursuivre son chemin meurtrier.

L'ânesse fut battue, injuriée, et ramenée sur le chemin. Humiliée, l'oreille basse, elle continua sa route, mais voici que de nouveau l'Ange de Yahvé se dressa face à elle. Pour l'éviter, elle rasa le mur tellement près que la jambe et le pied de Balaam en furent tout rapés et écorchés. Et l'ânesse fut battue et réprimandée une seconde fois. Balaam se promit de vendre cette tête de mule à la prochaine foire, ou de l'abattre...

Le jeu entre l'ânesse et l'ange continua, se resserrant l'ange se posta entre deux murs, bouchant tout le chemin; l'ânesse refusa d'avancer, et même elle s'aplatit au sol devant une telle apparition. Balaam se retrouva ridiculement assis sur une ânesse couchée à terre. Il battit sa monture à coups redoublés, prêt à la tuer sur place. Mais là, l'ânesse se rebella. Elle sortit de son silence, de sa soumission : elle se mit à parler, oui, une ânesse ; c'est presque aussi rare que d'entendre parler une femme...

Car les hommes de Dieu ou d'ailleurs ont tellement l'habitude et le monopole de la parole et de la sagesse qu'ils ont les oreilles bouchées à tout ce qui ne parle pas comme eux; les femmes, les plantes, les pierres et les ânesses parlent, mais les hommes - les prophètes de préférence - n'en veulent rien savoir.

Sans doute, le véritable homme de Dieu, le vrai prophète, est non celui qui parle, mais celui qui écoute (la terre, les plantes, les femmes et les ânesses). En cela Balaam se révéla un vrai homme de Dieu : non seulement il ne ferma pas la bouche de son ânesse, mais il ne s'étonna pas de l'entendre parler.

Et l'ânesse se plaignit de son maître, elle rappela ses bons et loyaux services, si mal récompensés. Alors Balaam vit, à son tour, l'invisible, l'ange de Yahvé placé en travers du chemin ; et, comme il avait entendu parler son ânesse, il entendit ce que l'ange lui disait : l'ange prit la défense de l'ânesse, il fit l'éloge de la bête, louant sa perception fine, voire son intuition du sacré, que l'homme avait prises pour de l'entêtement. C'est Balaam qui était un balourd, une bête bornée; et l'ange s'était retenu pour ne pas le tuer, d'impatience...

Ils reprirent ensuite leur chemin : Balaam guidé par l'ânesse, et l'ânesse par l'ange.Dès lors la bouche de Balaam s'ouvrit, il devint un prophète de Yahvé; il prononça oracles, poèmes et anathèmes; Balaam devenait lyrique et inspiré, ou est-ce l'ânesse, la femelle faussement soumise, qui soufflait ?

Jacqueline KELEN dans Les femmes de la Bible, Albin Michel

"EVE, FAUTIVE OU COMPLICE "?


Etude de France Quéré.

"C'est la faute à la femme : elle a été séduite par le serpent et elle a séduit. Quelle honte! Quel crime! Et que de conséquences! Mais le texte est-il peu subtil au point de refléter seulement l'éternelle méfiance envers la femme ?

Eve résiste d'abord, puis cède au serpent. Elle mange du fruit et en donne à son mari, qui en mange aussi, sans faire, ma foi, trop de façons. Combien de coupables ? Trois : le serpent, la femme, l'homme. Aussi Dieu infligera-t-il trois châtiments. Il n'y a que les sots pour croire que seule la femme a failli. Le péché n'épargne personne d'entre les vivants.

Le vieil écrivain a été troublé, comme nous, par la violence inhérente à la vie animale. La bête traque, pique, mord, dévore. La femme crie, trompe, frappe. L'homme blesse et tue. Cet enchaînement dans le mal apparaît lorsque chacun rejette sur autrui la faute : Dieu accuse Adam, Adam accuse Eve, Eve accuse le serpent.

Un seul péché, trois pécheurs. Mais la faute, entre eux, n'est pas tout à fait la même : le serpent prend l'initiative, la femme se laisse corrompre, l'homme obéit comme un étourdi. Le premier veut sciemment le mal, le second croit que c'est le bien, le troisième ne pense à rien du tout. Y a-t-il d'autres sortes de péché ?"

France QUERE, dans "Dis-moi, Denys, qui sont ces femmes de la Bible ?" Centurion


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