Femmes dans l'Eglise du Christ Marie-Jo Thiel
Marie-Jo Thiel, professeure déthique et de théologie morale à lUniversité Marc Bloch de Strasbourg (1), a été invitée à sexprimer, le 29 novembre 2005, en la cathédrale de la capitale alsacienne et dans le cadre des conférences de lAvent sur le thème "Femmes dans lÉglise du Christ". Cette conférence a été publiée dans "La documentation catholique" du 19 novembre 2006 (DC 2006, n° 2368, p. 1015-1023). "Théologia.fr" met cette conférence en ligne avec l'autorisation de "La documentation catholique" et et de Marie-Jo Thiel.
Quand Mgr J. Doré ma demandé de parler des femmes dans lÉglise, jai commencé par décliner linvitation. Ne rencontre-t-on pas dans lÉglise les mêmes discriminations, les mêmes enjeux de pouvoir que ceux qui ont cours dans la société ? Et cela depuis les origines ? "Nous avons malheureusement, reconnaissait Jean-Paul II, hérité dune histoire de très forts conditionnements qui en tout temps et en tout lieu ont rendu difficile le chemin de la femme, fait méconnaître sa dignité, dénaturé ses prérogatives, lont souvent marginalisée et même réduite en esclavage. Tout cela la empêchée dêtre elle-même et a privé lhumanité dauthentiques richesses spirituellesé (2).
Si lÉglise na jamais affirmé que les femmes navaient pas dâme, le bêtisier reste immense. "La femme est quelque chose de défectueux" (3) écrit par exemple Thomas dAquin. Son rôle est dautant plus passif que le rôle de lovocyte est méconnu jusquau XIXe siècle. Dotée dune moindre musculature, la femme est ainsi considérée dans presque toutes les sociétés et religions, comme "naturellement", en son "essence", subordonnée à lhomme, prédisposée à certains rôles et pas à dautres.
Aujourdhui (4), lon a pris conscience des dérives de ce "naturalisme" et des écueils de lidée d"essence féminine" ; des femmes ont osé se lever pour dénoncer dintolérables discriminations, mais la cause quelles défendent fait peur. Lenjeu est constamment une question de pouvoir de quelque bord que lon se trouve. La Congrégation pour la Doctrine de la Foi soulignait il y a un an : "Aux abus de pouvoir, [la femme] répond par une stratégie de recherche de pouvoir" (5). Et de reprocher aux femmes de devenir des "rivales" de lhomme. Évaluant limpact de la loi sur la parité en France, Laurence Rossignol et Lucile Schmid constatent que depuis cette loi "Dans les partis [politiques], le rapport au pouvoir sest crispé", "les hommes [toujours] dirigent, organisent, décident, les femmes soccupent du lien social, elles ont la responsabilité des domaines où lon soigne les plaies humaines" (6). Pourquoi cette crispation ? Parce que, note Geneviève Fraisse, "le démocrate a peur, dès la Révolution française, lorsquil imagine que lidentité des hommes, leur similitude, ne peut, sans dommages, sappliquer aux femmes" (7).
Les femmes ne font pourtant pas la révolution. Dabord parce que, note Pierre Bourdieu, la domination que les femmes subissent, est tellement ancrée dans les mentalités que les femmes contribuent elles-mêmes, inconsciemment, au jeu de cette domination. Ensuite, reconnaissons-le aussi, il est plus confortable de se dire que tout va bien dans le meilleur des mondes. Certes, les femmes ont sans doute su depuis toujours, dans une conscience plus ou moins claire, quelles étaient reléguées dans une situation dinfériorité. Mais nest-ce pas humiliant de reconnaître cela ? Nest-il pas plus facile et plus gratifiant de penser que ce nest là quun problème pour quelques autres, que lon est soi-même au-dessus de toute discrimination, que lon a réussi à être suffisamment forte, attractive, déterminée pour dépasser cela ? Toute discrimination traîne avec elle une image de "faute", comme si lon était responsable de cette situation de par son corps, son identité, sa culture, ou parce que lon ne sest pas montré suffisamment "à la hauteur"
Certes, il y a déjà eu beaucoup de progrès parce que des femmes ont osé dénoncer linjustifiable et que dautres les ont entendues et que lon a pu se justifier, chiffres à lappui. Car pour être entendu sans être aussitôt ridiculisé, il faut légitimer son dire du côté de lobjectivation scientifique, il faut se légitimer. Et pour avoir le courage de se lever alors que souvent les chiffres pourraient parler tout seul, il faut que les violences de la discrimination naient plus dautre mode de manifestation que le cri. Nest-ce pas Sohane brûlée vive pour ne pas sêtre pliée aux normes de la cité, ou Samira Bellil victime de tournantes qui poussent à la création du mouvement "Ni Putes Ni Soumises" (8) ?
Ainsi quand Mgr Doré ma proposé de parler des femmes dans lÉglise du Christ, je me suis dit : Cest vraiment trop compliqué ! trop délicat ! Car sil est évident que le Christ a confié aux femmes une responsabilité inouïe dont nous commençons peut-être seulement à prendre toute la mesure, lÉglise, Jean-Paul II et bien dautres lont rappelé, a également baigné dans le climat ambiant. Mais pouvais-je me taire ? Au regard de la réalité sociale, naurais-je pas fait le jeu de la violence insidieuse et dautant plus odieuse ? Pourtant que dire sans verser dans la jérémiade ni cautionner lintolérable ? Au regard du trésor évangélique, naurais-je pas mis sous le boisseau la lumière de la Bonne Nouvelle du Christ qui a osé miser sur les femmes au point de leur confier les termes essentiels de sa révélation : lannonce de la naissance du Sauveur à Marie, une fille de chez nous ; le premier témoignage de la résurrection à une femme qui "a beaucoup aimé"
Forte de ce trésor, lÉglise a apporté une large contribution à la reconnaissance de la dignité des femmes au cours de lhistoire. Elle a refusé dès lorigine leur appropriation par les hommes, les mariages arrangés, insistant sur le libre consentement des femmes, quelle que soit leur classe sociale. À celles qui voulaient saffranchir de leurs familles, elle a offert la vie religieuse, une manière dacquérir la liberté en des époques où le destin féminin consistait à se marier. Et elle a reconnu officiellement le mérite de bien de ces femmes, allant jusquà proclamer certaines comme Thérèse de Lisieux, "docteurs de lÉglise", et dautres, Brigitte de Suède, Catherine de Sienne et Thérèse-Bénédicte de la Croix (c'est-à-dire Edith Stein) copatronnes de lEurope (1er octobre 1994). Et comment ne pas nommer également Mère Teresa de Calcutta qui a bouleversé le monde entier par ses actes de charité ou dautres femmes encore qui ne seront sans doute jamais canonisées, mais qui, à linstar dune Madeleine Delbrel, ont essayé de vivre de cette foi avec le meilleur delles-mêmes.
Pourtant, même dans lÉglise, le malaise demeure aujourdhui. Le rapport de Mme Rosemary Zapfl-Helbing à lAssemblée parlementaire du Conseil de lEurope (Doc 10670 rév., 22 sept. 2005), note que "La plupart des femmes sont affectées dune manière ou dune autre par la position des différentes religions à légard des femmes". Et de souligner que les monothéismes en Europe ne sont pas vraiment favorables à légalité des sexes. Plus exactement, si Dieu a créé des hommes et des femmes égaux en dignité, chaque sexe se voit attribué par Dieu ou en son nom, des responsabilités spécifiques et non interchangeables. Ce qui, continue le rapport, a conduit à des traitements discriminatoires, les femmes étant sommées de "rester à leur place", celle que lallemand résume avec les 3 K : Kinder, Küche, Kirche (enfants, cuisine, Église).
Cest aussi limage qua laissée le rassemblement des différentes religions de SantEgidio à Lyon en ce même mois de septembre. Rencontre ô combien louable dont le but était de proclamer envers et contre tout "le courage dun humanisme de paix". Pourtant les photos parues dans la presse noffraient que des visages masculins. Aucun visage de femme sur ces images de responsables religieux exhortant à souvrir à "lautre" À telle enseigne que des courriers de lecteurs (9) ou des chroniqueurs, tel Régis Debray (10), se sont saisis de la question, ou plutôt de ce paradoxe. Car il y a bien là paradoxe : le Christ confie une responsabilité inouïe aux femmes. Et lÉglise primitive la met en uvre dans une communauté où hommes et femmes prient ensemble, dun seul cur, égaux devant Dieu. Mais apparaissent, assez vite, les premières tensions comme sil fallait accommoder lÉvangile aux cultures androcentriques (cest-à-dire centrées autour de lélément masculin) Dans les écrits patristiques, on trouve ainsi le meilleur et du moins bon Pourtant, même si les cultures sinvitent ainsi à linterprétation, le pouvoir de lÉcriture reste précisément un pouvoir de critique et de suscitation :
de critique de ce qui nest pas conforme au Christ, centre des Écritures,
de suscitation, car la méditation des Écritures conduit à se laisser travailler de lintérieur par lEsprit de liberté, quand bien même un tel travail demande du temps.
Essayons donc dans un premier temps de cerner quelques évolutions récentes autour du rôle de la femme dans lÉglise, puis laissons précisément lÉcriture nous interpeller : dabord à partir de la création en Genèse 1-3, puis des récits mettant en jeu des femmes dans la nouvelle Alliance.
Évolutions récentes autour du rôle de la femme dans lÉglise
La conférence de ce soir, dans cette cathédrale de Strasbourg, était-elle possible il y a quelques années ? Ce nest pas sûr ! Beaucoup de réalités concernant la femme sont en train dévoluer, peut-être faut-il dire de "germer" car leur visibilité à lextérieur de lÉglise reste encore peu perçue. Néanmoins, lÉglise bouge ! Et cest peut-être par le biais de la formation, y compris théologique que se laissent voir à la fois de belles nouvelles pousses et encore des problèmes de terrain qui, paradoxalement, en deviennent plus visibles !
La théologie universitaire par exemple. Il sagit dune évolution profonde datant des années 1950 aux États-Unis, et 1970 pour la France. Quand jai été nommée professeure à Strasbourg en 1999, les étudiants africains ont, en début dannée, interrogé mes collègues pour leur demander si la femme que jétais, était vraiment professeure, si lévêque du lieu avait vraiment donné son accord pour ma nomination. "Mais, me demanda lun deux, est-ce quon na pas eu peur de nommer une femme professeure de théologie morale ?". Incontestablement limage de la femme théologienne, enseignant même à des prêtres, travaillant en collégialité avec ses pairs, engagée dans la recherche et débattant en public, fait rupture avec lidée que la femme naurait pas le droit denseigner. Et pour les étudiants européens, cela relève aujourdhui de lévidence. Lenracinement académique ne peut donc que modifier, peu à peu, en profondeur, la conception de la théologie autant que la structuration ecclésiale partie prenante de cet enseignement et de cette recherche théologiques.
En faculté de théologie catholique, sur la trentaine denseignants-chercheurs que nous sommes à Strasbourg, il y a aujourdhui 6 femmes (11). En théologie protestante, sur 22 enseignants, il y a 3 femmes. Ces chiffres ne sont certes pas très importants, mais néanmoins significatifs car nous sommes partis de zéro. Et laccès des femmes aux grades universitaires supérieurs passe par une compétition où à lexigence de formation universitaire, se superposent les enjeux de pouvoirs inhérents à ces postes.
Qui sont les étudiants de théologie catholique ? Il y a là des séminaristes, des clercs, des religieux, des religieuses, mais surtout beaucoup de laïcs. Et plus de la moitié, voire les trois-quarts selon les groupes, sont des femmes ; beaucoup sont déjà engagées pastoralement et cherchent une formation non trouvée ailleurs. Serait-ce à dire que luniversité est un nouveau lieu, un lieu aux exigences intellectuelles fortes, un lieu démocratique ouvert sur luniversel, un lieu singulier aussi pour répondre aux questions de la foi ? Le phénomène est intéressant, dautant plus quil concerne massivement les femmes : "Des femmes de plus en plus nombreuses, écrit Marie-Thérèse Van Lunen-Chenu (12), acquièrent une compétence théologique reconnue comme savante par les diplômes prévus à cet effet, en même temps quelles prennent expérience et autorité dans des charges et autorités ministérielles dun caractère nouveau et qui débordent souvent le quadrillage ecclésiastique prévu, même si celui-ci, au fur et à mesure, sadapte".
Et de fait, même si leur emploi en Église reste souvent précaire, ces femmes ont beaucoup innové et apporté à lÉglise : elles sont aujourdhui présentes avec leur compétence un peu partout, dans les secteurs de la santé, de la pauvreté, du social, dans les aumôneries scolaires, dans laccompagnement de lincroyance et de la foi Dans son exhortation Christifideles laici en 1989, Jean-Paul II le notait : "Que l'on songe, par exemple, à la participation des femmes aux Conseils pastoraux diocésains et paroissiaux, comme également aux Synodes diocésains et aux Conciles particuliers. C'est en ce sens que les Pères du Synode ont écrit : 'Que les femmes participent à la vie de l'Église sans aucune discrimination, même pour les consultations et l'élaboration de décisions'" (13).
En 1984, 80 % des 220.000 catéchistes et animateurs de lÉglise catholique recensés sont des femmes (14). Dans nos églises, 70 à 80 % de nos pratiquants réguliers sont des pratiquantes. Elles ont porté lÉglise vers de nouveaux lieux de vie. Elles se sont engagées avec une grande générosité. Et dautant plus méritoires que nos étudiantes en théologie paient souvent elles-mêmes le prix de leur formation : elles mènent fréquemment de front une vie de famille, un travail professionnel (ou une charge pastorale) et des études. Elles méditent ainsi le donné de la foi chrétienne jusquau plus profond de leur corps mis à rude contribution.
Et pourtant leur reconnaissance nest pas acquise pour autant. Leur statut de femme les fait écarter des lieux centraux de la décision en Église, des lieux de la consultation et de lélaboration théologique qui restent liés à la fonction sacerdotale et épiscopale. Au mieux, elles sont appelées comme expertes, c'est-à-dire à apporter une parole ponctuelle quelles ne peuvent cependant ni défendre ni étayer ni soumettre à la discussion puisquelles sont exclues de la recherche théologique normative liée à la collégialité épiscopale.
Le Synode des évêques convoqué par Benoît XVI sur le thème de lEucharistie et qui sest réuni durant trois semaines en octobre, comprenait 256 Pères synodaux, 32 experts et 27 auditeurs dont 12 femmes ! Si, comme le soulignent fortement les textes du Magistère, la femme a sa manière propre dagir "comme" le Christ, pourquoi une telle assemblée (15) ne cherche-t-elle pas à sinscrire dans un débat où les femmes auraient toute leur place, non seulement dauditrices ou dexpertes, mais réellement de participantes à la discussion jusque dans sa phase normative ? Ne faut-il pas se faire inventif ? Paul VI a remis à lordre du jour cet "outil de la collégialité" quest le Synode des évêques pour l"informer" et le "conseiller " (16). Peut-être faut-il le revoir encore ?
À la Commission théologique internationale, où pourtant la fonction sacerdotale nest pas requise pour être membre, siège à ce jour une seule femme pour 30 membres (Hallonsten Gösta). Pourtant, Jean XXIII appelait déjà en 1963, dans son encyclique Pacem in terris (n. 41) à considérer la promotion de la femme comme un des trois signes des temps. Et Jean-Paul II reprenant à son compte les recommandations du Synode dans la même Exhortation Christifideles laici, exhorte encore : "Les femmes, qui ont déjà une place importante dans la transmission de la foi et dans l'accomplissement de services de tout genre dans la vie de l'Église, doivent être associées à la préparation des documents pastoraux et des initiatives missionnaires ; elles doivent être reconnues comme des coopératrices de la mission de l'Église dans la famille, dans la profession et dans la société civile" (17).
De fait, les femmes ont besoin de statuer aussi sur leurs propres problèmes théologico-religieux, de participer pleinement aux processus de prise de décision dans ce Peuple de Dieu dans lequel elles veulent et doivent tenir toute leur place de baptisées. Or, nombre dentre elles ont limpression de nêtre pas entendues. Combien, quand elles ont su la thématique de cette conférence, mont demandé dévoquer leur malaise, cette souffrance qui est la leur et quelles répugnent pourtant à mettre sur la place publique par amour de lÉglise, ou par pudeur
Ces femmes formées à la théologie savent précisément que la bonne nouvelle de lÉvangile proclame leur infinie dignité denfant de Dieu, que le seul et vrai pouvoir est celui de lAmour, celui de la filialité en Christ. Elles savent de mieux en mieux resituer la tradition dans son contexte historique et culturel. Elles ont appris à entrer dans ce regard critique qui reconnaît aujourdhui très clairement la part féminine en Dieu (18) Dieu "est Père, souligne ainsi Jean-Paul II, plus encore il est mère" (19) et qui non seulement permet mais incite à sortir de cet androcentrisme qui a conditionné lherméneutique et la décision jusquà ces dernières décennies. Le Droit canon a ainsi pu sappuyer jusquen 1971 sur une interprétation ancienne excluant la femme de limage de Dieu (20).
Certes, aucune institution ne se délie sans résistance dun tel ancrage culturel. Pourtant, même si la tâche est rude, il est impossible den rester au statu quo, de ne pas prendre en compte la difficulté à instaurer un espace dexpression de la parole des femmes, de ne pas entendre le malaise autour des ministères féminins ou la non-réception par le sensus fidei des arguments imposés sur ce sujet. La Parole de Dieu revêt à cet égard un pouvoir de discernement et de suscitation. Quand bien même, faut-il le rappeler, une graine tombée en terre ne germe que lentement. Roland J. Campiche (21) note quen Suisse, alors que la pleine reconnaissance du droit des femmes à exercer le ministère pastoral a été octroyée suivant les cantons entre 1947 et 1973, la proportion de femmes pasteurs est seulement de 18 %. En Alsace (22), elle est dun peu plus de 25 %. Revenons donc à la Parole de Dieu, plus précisément dabord aux récits de création.
Les récits de création
Dans le récit yahviste (23) (Gn 2, 4b-25), le plus ancien, Dieu crée la femme parce que dit-il, "il nest pas bon que lhomme soit seul". Cest la première fois quapparaît, dans le récit de création, cette expression "il nest pas bon" et elle surgit à propos de la relation humaine, de la solitude éprouvée par Adam. La solution ? Elle est trouvée par le Créateur : "Il faut que je lui fasse une aide qui lui soit assortie" (2, 18). Ce mot "aide" (ezer en hébreu) a souvent été compris comme une relation de subordination. Or, ce terme est celui employé habituellement pour parler de laction de Dieu venant au secours de lhumain. Il supposerait non une infériorité mais une certaine supériorité ! On ne peut pas aider sans en avoir le pouvoir et les moyens ! Cette aide est, cependant, "assortie" (24), c'est-à-dire ajustée à son interlocuteur. La femme que Dieu crée est donc un vis-à-vis pour lhomme, qui en devient, par là, un vis-à-vis pour elle.
Dieu avait bien créé entre temps des animaux, mais ceux-ci, insiste le texte, ne correspondent pas à une "aide assortie". Dieu crée ainsi la femme en la tirant du côté de lhomme (v. 22), de son cur. La femme est donc bien de même nature que lui, de même dignité Plus encore, là où lui a été modelé dans la glaise, elle est, elle, construite selon le verbe hébreu (bnh), à linstar des tours et des fortifications, à partir dun plan darchitecte. Certains lisent finalement ce récit de création de la femme comme une forme de culmination de la création, comme ce que Dieu a fait de mieux, de plus élaboré !
Et lhomme sy reconnaît : "pour le coup, cest los de mes os, la chair de ma chair !". Comme si Dieu avait cette fois transformé lessai ! Et lhomme ébahi en surgit comme être de parole ! La reconnaissance de son vis-à-vis le fait sexclamer et rendre grâces. Lexpression peut paraître curieuse "os de mes os, chair de ma chair" ; en fait, elle désigne lappartenance à une même famille, celle que constituent lhomme et la femme appelés à sunir pour former "une seule chair". Finalement, lêtre que Dieu avait modelé, adam, devient maintenant seulement homme masculin (ish) lorsquil voit et reconnaît face à lui une femme (isha). Cest maintenant seulement, en situation de manque et de désir de sa "moitié", quil se met à parler, quil devient lui-même, dans sa propre identité. Une manière pour le texte biblique de souligner que lidentité humaine authentique est relationnelle, sans fusion ni confusion. Lhomme et la femme naissent et ne sont vraiment eux-mêmes que lun avec lautre, dans leur ressemblance et leur différence, lun et lautre dans leur relation à Dieu, aux autres vivants, au cosmos.
Et la manducation du fruit interdit en Gn 3, si elle vient casser quelque chose de cette belle harmonie napporte rien de plus sur cette égale dignité et cette même identité de lhomme et de la femme. Et le second récit de la création, sa version sacerdotale, cultuelle, plus récente, en Gn 1-2, 4a, confirme la version yahviste tout en apportant sa propre harmonique à la compréhension de lhistoire humaine. Ce passage insiste, en effet, sur cette image de Dieu (v. 26-28) que daucuns ont parfois pu dénier dans sa perfection à la femme... Or, que dit le texte ?
Après avoir créé le monde grâce à sa Parole, dans une action de séparation et de différenciation visant à instaurer un lien de juste distance, Dieu, comme dans le récit yahviste, ne procède pas pour la création de lhomme et de la femme comme il le fait pour le reste de la création. Jusquà présent "Dieu dit et cela fut". Pour lêtre humain, Dieu se met à parler à la première personne du pluriel, comme sils étaient plusieurs en lui à prendre cette décision commune, "faisons", et comme si cétait à limage de sa propre communion intérieure, divine, intime, quil créait lhomme et la femme. Écoutons :
"Dieu dit : 'Faisons lhomme à notre image, selon notre ressemblance Et quil soumette les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, etc.'. Dieu créa lhomme à son image, À limage de Dieu il le créa, Homme et femme, il les créa" (Gn 1, 26-27).
Il y a donc un pluriel en Dieu dans lequel lhomme et la femme peuvent se reconnaître dans leur ressemblance et leur différence. Car ce pluriel est aussi une unité. Il dit une même et commune identité dêtre humain portant en lui limage de Dieu mais sous deux modalités dexistence biologique, masculine ou féminine.
Comme dans le récit yahviste, la création de lêtre humain relève donc dune décision singulière de Dieu ! Et la différence entre lhomme et la femme ne porte que sur leur corporéité, non sur leur commune identité qui les distingue de tout le reste du créé. Elle nimplique donc pas une tâche essentielle (25) autre ni une fonction sociale radicalement (26) différente : le commandement que Dieu adresse à lhomme et à la femme est le même, celui de maîtriser la création.
Lon ne saurait de ce fait utiliser ces textes pour cautionner une différence de rôles sociaux appuyée sur une différence biologique. Dieu confie la même mission à des êtres créés à son image, égaux en dignité et en droits, mais qui, en raison de leur différence corporelle, pourront avoir deux manières différentes dagir pour appréhender et exécuter le commandement du Seigneur, deux manières différentes dentrer en relation avec le monde, lautre, Dieu, le cosmos. Ainsi une femme, parce que ses périodes de fécondité sont cycliques, na pas le même rapport au temps et à lespace, et finalement à son corps, son travail, quun homme dont la perspective à ce niveau est linéaire. Un homme, parce que son climat hormonal est très différent de celui de la femme, conduira autrement une voiture quune femme. Mais les deux conduisent et le code de la route est le même pour les deux !
Le texte biblique rappelle finalement avec force que la différence homme/femme naffecte pas lessence humaine commune aux deux. Il ny a pas dessence masculine ou féminine. Ce vocabulaire qui peut appuyer la discrimination, nappartient pas au langage biblique. Les deux niveaux, être et façon dêtre, ne doivent pas être confondus. Yvonne Pelle-Douelle le soulignait à sa façon en invitant à ne pas confondre vocation et destin. Le corps de la femme ne saurait être un destin la confinant aux tâches ménagères ou aux fonctions de la sexualité et de la reproduction (27). Il est le lieu dune différence que lhomme et la femme sont invités à re-choisir en vue dune liberté seulement humaine mais authentiquement humaine (28). Car sans différence, la nouveauté ne peut surgir, la vie sarrête. Cest lenfer du même qui enferme chacun dans son moi. Or, la différence des sexes est, avec la différence temporo-spatiale, la plus radicale des différences, paradigmatique de toutes les dissimilitudes entre êtres humains. Sans doute, est-ce pour cela que la fonction procréatrice lui est si intimement liée. Mais dans ce cas, et cest tout le sens du texte biblique, les différences biologiques ne sont plus des déterminismes aveugles créant des dissimilitudes liées à l"essence", mais des modalités au service de lépanouissement de lêtre personnel, au service de la transmission de la vie, au service de lajustement relationnel permanent.
Les femmes dans la nouvelle Alliance
Ce qui est ainsi inscrit au frontispice de la Bible comme une devise essentielle se heurte pourtant à la résistance des cultures ambiantes. Ainsi, en Israël, au temps de Jésus, la femme est presque totalement reléguée à la maison et dans sa famille. Elle ne peut se présenter en public si elle se veut respectable. Elle ne peut évidemment suivre un Rabbi (comme Jésus). Elle na aucun droit à la parole. Elle ne peut témoigner de rien, ni en aucun procès (29).
Alors quand Jésus se met à leur parler, à les accepter à sa suite, à leur confier des responsabilités jusquà lannonce de la Bonne Nouvelle, jusquà la première proclamation de sa Résurrection, il renverse tout lordre social et religieux. À tel point que lon peut dire que cest à travers le rôle des femmes ouvertes à linouï de son message, que le Christ inaugure la Création nouvelle liée à sa personne. Cest à travers laudace confiante des femmes que Jésus fait sécrouler les murs de la méconnaissance et des inégalités pour poser les fondations dun royaume nouveau de justice et damour. Certes, comme le rappelle Karl Hermann Schelkle, le célèbre exégète de Tübingen, "il na pas appelé de femmes dans le groupe des 12 apôtres. Ceût été tout simplement impossible, vu la mentalité dIsraël à cette époque. Mais il ne suffit pas den faire la constatation". Car "si les femmes ne sont pas dignes dêtre instruites dans les vérités de la religion" (30), Jésus fait fi de cela et admet des femmes parmi ses disciples. Et quelle instruction ne propose-t-il pas à Marthe et Marie par exemple (Lc 10, 38-42 ; Jn 11, 20-40) ! Incroyable conversation qui conduira les surs à manifester le Christ comme Résurrection et Vie !
Mais toute cette histoire na-t-elle pas précisément été rendue possible par la foi simple et audacieuse dune autre femme, Marie, une humble fille de Nazareth ? ! Quelle géniale idée divine de confier à une femme de chez nous la première annonce du salut : "Voici que tu enfanteras un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut " (Lc 1, 31-32). Grâce insigne, unique, par laquelle Marie se distingue désormais de toute autre femme, de tout autre être humain, tout en demeurant de notre nature, de notre essence. Si proche de nous et si différente : pleine de grâces, associée, non comme co-rédemptrice le Christ seul est Rédempteur , mais par son oui bien humain à la mission du Christ, à la révélation divine. Comment ne pas voir là un clin dil plein dhumour car cest en tant que femme justement que Marie, fille dIsraël, est modèle dhumanité ! Cest en tant que femme que Marie est ce quelle est pour nous !
Et si elle tient une place particulière, elle cristallise aussi une attitude générale de sollicitude de Jésus pour les femmes de son temps. La Samaritaine, par exemple. Quand les disciples reviennent de la ville où ils ont acheté de la nourriture, ils sont, dit lÉvangile, "surpris de le voir parler avec une femme" (Jn 4, 27). Cest que ça ne se fait pas ! Et pourtant ces mêmes disciples sont peu à peu amenés à constater que cest par ce type de dialogue que Jésus révèle lattente et laccomplissement messianique et quil finit lui-même par déclarer quil est le Messie attendu. Plus encore, voilà que la femme, devant des apôtres déconcertés et perplexes, se fait apôtre pour annoncer à sa communauté : "Venez donc voir si cet homme ne serait pas le Messie". Et le récit évangélique de conclure que beaucoup crurent en Christ, dabord à cause de la parole de la femme et, ensuite, à cause de la parole de Jésus lui-même. Cette Samaritaine qui fut médiatrice de la parole de Jésus, fut-elle à lorigine de la communauté de Samarie ? Des exégètes le suggèrent quand bien même les Actes des Apôtres névoqueront que le rôle dun homme, Philippe (8, 5).
Et que dire du rôle des femmes au moment décisif, ultime de la mort-résurrection du Christ ? Ah, si ces récits avaient été inventés, jamais des femmes nauraient été mises en scène ! Mais voilà, leur rôle a été tel quon na pas pu locculter. Ces témoignages, on na pas pu les taire sans renier le Maître lui-même. Il ne restait plus quà sincliner devant ces faits dexpérience et de vécu, au risque de ne pas pouvoir compter sur leur caractère crédible dans une société androcentrique. Car les faits sont têtus. Ce sont bien des femmes qui ont été les premières à découvrir le tombeau vide. Ce sont elles, dabord, qui rencontrent le Ressuscité et lannoncent aux disciples timorés et découragés. Augustin le répétera : "LEsprit Saint fit de Marie-Madeleine lapôtre des apôtres" (31). Et Bernard de Clairvaux, évoquant les femmes au matin de Pâques, constate : "Envoyés par lange, elles réalisent luvre dun évangéliste. Elles deviennent les apôtres des apôtres, lorsquelles se hâtent tôt le matin dannoncer le salut du Seigneur" (32).
Quand bien même le culturel reprendra le dessus, y compris sans doute pour Paul qui, à lencontre du témoignage évangélique, "oublie" de mentionner les femmes parmi les témoins de la résurrection de Jésus (1 Co 15, 5-8), il nen restera pas moins que les femmes seront pour toujours, tant que la Bonne Nouvelle de la Résurrection sera proclamée, des témoins privilégiés de la mort et de la résurrection du Christ, des annonciatrices du salut de Dieu.
À la Pentecôte, elles sont là, avec les Apôtres, avec Marie et les frères de Jésus (Ac 1, 14). Et Pierre, sappuyant sur le prophète Joël (2, 28), explique quhommes et femmes reçoivent la plénitude de lEsprit de la même manière en vue de la même vocation de prophète dans lÉglise : "Je répandrai de mon Esprit sur toute chair Vos fils et vos filles prophétiseront Sur mes serviteurs et mes servantes, en ces jours-là, je répandrai mon Esprit et ils seront prophètes" (Ac 2, 17 s.). Jusqualors, lEsprit navait été donné quà des privilégiés ; à présent, tous les humains, à linstar de la communauté du Cénacle, reçoivent lEsprit de Dieu. Jusqualors les femmes devaient rester à larrière-plan, à présent, elles peuvent jouer pleinement leur rôle de baptisées et occuper des postes de responsabilité dans la primitive Église.
Lon pense à Tabita (Ac 9, 36-43), la seule femme à qui Luc donne le nom de "disciple" dans les Actes. À Lydie (Ac 16, 13 s), une femme avisée, négociante en pourpre, qui exerce un pouvoir certain sur Paul lui-même. Aux 4 filles de Philippe lÉvangéliste (Ac 21, 8) qui furent des prophétesses, enseignant la Parole de Dieu dans la communauté à un moment où lon ne connaissait pas encore les restrictions ultérieures interdisant la femme denseignement (cf. 1 Co 14, 34 ; 1 Tm 2, 12 ). Au couple Prisca et Aquilas, que Paul appelle "ses collaborateurs en Christ" (Rm 16, 3) et qui admettent à leur école le théologien expérimenté quest Apollos (Ac 18, 23-28). À Phoebé, "femme diacre de lÉglise de Cenchrées". Certes, le diaconat dalors nest pas tout à fait comparable avec sa réalité actuelle. Mais cette femme avisée est décrite comme participant au ministère du diaconat au même titre que les diacres assistant les évêques dans lÉglise de Philippes (Ph 1, 1), nommés dans les lettres pastorales (1 Tm 3, 8). Plus encore, Paul lui donne par la suite le nom de « présidente » (prostatis), c'est-à-dire « celle qui se tient devant les autres » que ce soit pour les protéger ou pour les guider. Dailleurs jusquau IVe siècle, des témoignages attestent que des femmes étaient établies comme diacres par limposition des mains et la prière de lévêque.
Hommes et femmes étaient ainsi ensemble au service de lÉvangile et de la communauté. Et même si très vite des résistances se font jour face à une telle nouveauté, les murs de la méconnaissance et de linégalité entre hommes et femmes sont définitivement fissurés. Les convenances sociales et culturelles vont tenter de colmater ces larges brèches. Pourtant, jamais plus, on ne pourra revenir en arrière. Jamais, on ne pourra retirer de lÉvangile ce rôle essentiel des femmes. Ce qui est écrit, est écrit !
Aujourdhui, lon commence enfin à prendre toute la mesure de landrocentrisme à travers les siècles. Ceux et celles qui le veulent, trouvent dans le message du Christ une pierre de touche pour juger de la justesse et de la fécondité de leurs relations réciproques et se mettre au travail. Car landrocentrisme asservit non seulement les femmes, mais aussi les hommes privés de leur partenaire "assortie" comme disait le livre de la Genèse. Encore faut-il avoir laudace de le reconnaître. Ou plutôt, laudace de laisser lEsprit dire à lÉpouse quest lÉglise que nous sommes : "Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, jentrerai chez lui et je prendrai le repas avec lui et lui avec moi" (Ap 3, 20). Quand lhomme et la femme se mettent à table avec leur Seigneur, et quand lÉglise est contemplée sous le signe de lépouse, nentre-t-on pas progressivement mais sûrement dans un dialogue qui sait faire toute sa place à chacune et à chacun ? Et les femmes ne sont-elles pas alors images de lÉglise, Épouse du Christ ?
Si nous sommes attentifs aux "signes des temps", alors, comme la écrit lapôtre Paul, il ny a plus ni esclave ni homme libre, il ny a plus lhomme et la femme ; car tous, nous sommes un en Jésus-Christ (cf. Ga 3, 28).
Que retenir en conclusion ?
1) Dabord, force est de le constater, le message biblique est clair : les femmes sont invitées à occuper toute leur place, aussi bien dans la société que dans lÉglise.
2) Mais, lÉglise sinscrit aussi dans les cultures. Ainsi, elle se trouve parfois en contradiction avec ces dernières au nom de lÉvangile ; bien souvent pourtant, cest linverse, linculturation (33) prend le dessus, et lÉglise savère peu ou prou en décalage avec le message qui linstitue
3) Quoi quil en soit, il ny a entre lhomme et la femme ni une différence dessence, ni une similitude qui confondrait leurs rôles. Vouloir réduire la femme à lhomme ou inversement, ce nest honorer ni lhomme ni la femme. La fécondité de la relation humaine tient dune différence assumée dans une égale dignité humaine.
4) Enfin, reconnaissons-le, une impulsion décisive est aujourdhui donnée au mouvement de reconnaissance pleine et entière de la femme et de la femme dans lÉglise du Christ. Dans notre diocèse, une femme est membre du Conseil épiscopal, dautres sont animatrices de zone, membres des conseils pastoraux LÉglise bouge ! Prenons-y notre place, nayons pas peur !
Notes :
1. Professeure déthique et de théologie morale à lUniversité Marc Bloch (Strasbourg). Quil me soit permis de dédicacer cette conférence à toutes celles et tous ceux qui en ont partagé la genèse.
2. Jean-Paul II, Lettre aux femmes, 1995, 3, 5 (DC 1995, n. 2121, p. 718-719).
3. Thomas dAquin, Somme Théologique, Ia, Q.92, a.1, s.1 : "Si nous regardons la nature dans les individus particuliers, la femme est quelque chose de défectueux, quelque chose davorté. Car la vertu active qui se trouve dans la semence du mâle vise à produire quelque chose qui lui soit semblable en perfection selon le sexe masculin".
4. Sur lhistoire des femmes : voir G. Duby, M. Perrot, Histoire des femmes en Occident (5 t.), Plon, 1992 ; M. Perrot, Une histoire de femmes est-elle possible ? Rivages, 1984 ; Les Femmes ou les silences de lhistoire, Flammarion, 1999 ; V. Nahum-Grappe, Le féminin, Hachette, 1996. Ch. Bard, Les femmes dans la société française au XXe siècle, Armand Colin, 2005 ; S. Tunc, Brève histoire des femmes chrétiennes, Cerf, 1989 ; E. Schüssler-Fiorenza, En mémoire delle, Cerf, Col. Cogitatio fidei, 1986.
5. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, "La collaboration de lhomme et de la femme dans lÉglise et dans le monde", Lettre aux évêques de lÉglise catholique, publiée le 31 juillet 2004 et datée du 31 mai 2004 (DC 2004, n. 2320, p. 775-784).
6. Laurence Rossignol et Lucile Schmid, "Non, messieurs, la parité ne suffit pas", Le Monde du 21 oct. 2005.
7. Geneviève Fraisse, La controverse des sexes. Paris, Ed. PUF Quadrige, 2001, p. 11.
8. Fadela Amara, Ni Putes Ni Soumises. Ed. La Découverte / Poche Essais, Paris, 2003, 2004. Louvrage nous donne loccasion de mentionner ce que nous ne pouvons développer ici : les sévices sexuels et autres, la pauvreté dans le monde mais aussi les banlieues qui touchent avant tout femmes et enfants De nombreux textes officiels de lONU, du Saint-Siège le rappellent.
9. Cf. Bruno dAuthuille (Drôme) pour La Croix, 6 octobre, p. 27.
10. Régis Debray, "Un humanisme unisexe ?", Le Monde des Religions, novembre-décembre 2005, p. 19.
11. En théologie catholique, il sagit de 4 femmes "maîtres de conférences" et 2 professeures. En théologie protestante, 2 femmes sont "maîtres de conférences" et une professeure.
12. "Femmes, féminisme et théologie", Initiation à la pratique de la théologie, t.V, Pratique. Paris, Cerf, p. 267-322.
13. Jean-Paul II, Exhortation apostolique post-synodale Christifideles laici, 1989, 51 (DC 1989, n. 1978, p. 183-184).
14. Cf. Cahiers de lInstitut supérieur de la Pastorale catéchétique, n. 9, "Femmes en responsabilité dans lÉglise", Paris, Desclée, 1992, p. 17.
15. Et celle-ci nétait que consultative.
16. Selon le Motu proprio de sa création en 1965, Apostolica sollicitudo.
17. Jean-Paul II, Exhortation apostolique post-synodale Christifideles laici, 1989, n°51.
18. Voir en particulier à ce sujet les travaux de François-Xavier Durrwell : par exemple dans Esprit Saint de Dieu, Paris, Cerf, 1985, p. 165 s. LEsprit Saint représente, explique-t-il, la part féminine, maternelle de Dieu. Et Marie, toute humaine quelle est, accomplit une mission dans laquelle elle est la "doublure humaine de lEsprit".
19. Jean-Paul II, Allocution du 10 sept. 1978 (DC 1978, n. 1749, p. 836).
20. Il sagit du décret de Gratien du XIIe siècle qui assume la perspective de lAmbrosiaster et qui constitue la première partie du Corpus iuris canonici qui reste en vigueur jusquen 1971. On y développe une perspective anthropologique qui exclut la femme de limago Dei
21. R. Campiche, "Religion et égalité : un rapport ambivalent", in Thanh-Huyen Ballmer-Cao et Viviane Gonik, Hommes/femmes. Métamorphoses dun rapport social. Actes du colloque du 21 mars 1997, Chêne-Bourg (CH), Ed. Médecine et Hygiène, 1998. Il sagit dun travail réalisé en 1997.
22. ERF : 25 % (sur 350) ; ECAAL : 26 % (sur 208) ; ERAL : 32 % (sur 53) ; EELF : 33 % (sur 45) ; soit pour le CPLR : 26 % (sur 655). La proportion au niveau de la France se situe pour les luthériens à 27 %, pour les réformés à 26 %. En Alsace-Moselle, le taux est de 27 %. Ces chiffres sont ceux de la fin de lété 2005.
23. Les récits de la création ont été très souvent commentés et la littérature chrétienne mais aussi juive est ici très abondante. Je renvoie donc simplement à louvrage de Maria Teresa Porcile Santiso, ibid., qui fournit lui-même de très nombreuses références et a lavantage de ressaisir celles-ci à travers langle féminin.
24. Kenegdo en hébreu, de la racine neged qui signifie celui qui est en face et dans une relation de réciprocité, celui qui est tantôt un interlocuteur tantôt un réajusteur de la juste distance, sachant poser les limites.
25. Essentiel au sens de se référant à lessence de la personne.
26. Au sens étymologique "radical" signifie qui va jusquaux racines.
27. Yvonne Pelle-Douelle, Être femme, Paris, 1967, p. 98. "La vocation de la femme, écrit-elle, ne peut en aucune façon être confondue, ni avec une nature, ni avec un destin. [ ] Il faut le répéter, destin et vocation sont deux notions radicalement contradictoires. Le destin est extériorité, aliénation, écrasement, inintelligibilité ; la vocation est intériorité, accomplissement, sens, dialogue de deux libertés".
28. On pourra rapprocher cela de la perspective conclusive de Paul Ricur, Philosophie de la volonté. 1. Le volontaire et linvolontaire, Aubier, 1950.
29. En témoigne par exemple lhistorien hébreu Flavius Joseph (ou Josèphe) quand il écrit que "les témoignages des femmes ne passent pas ; nous ne les recevons pas, à cause de la légèreté et du manque de retenue de ce sexe".
30. Karl Hermann Schelkle, Femmes dans la Bible, Trad. française de louvrage allemand Der Geist und die Braut, Ed. Patmos, Düsseldorf, 1977. Publié en offsett en français, p. 99-100.
31. Sermon 132,1, Ed. A. Mai, Rome, 1852.
32. Sermon sur le Cantique des Cantiques, 75,8 ; PL 183, 1148B.
33. Il ne sagit évidemment pas de juger ici de la valeur de linculturation ! Pour annoncer lÉvangile, lÉglise ne peut se départir des cultures ! Il sagit simplement de reconnaître que certains aspects des cultures, comme landrocentrisme, peuvent savérer contraires au message évangélique ; dans ce cas et quand laspect culturel prend le dessus sur ce message évangélique, lÉglise se trouve en décalage par rapport à celui-ci
Marie-Jo Thiel est Docteur en Médecine, docteur en théologie, diplômée de "Politiques européennes de santé", Habilitée à diriger des recherches en Ethique et théologie morale. Elle est :
- Directrice du master interuniversitaire dEthique, Centre Européen denseignement et de recherche en éthique (CEERE) (www.ethique-alsace.com)
- Directrice du groupe de recherche interuniversitaire, "Bioéthique et société", dans le cadre du projet MISHA (Maison des Sciences de lhomme en Alsace, UMS 2552). Recherches sur des thèmes comme "Le sens de lagir médical", "Souffrances et morts", "Les rites autour du mourir", "Biotechnologies : pour quel sens de la procréation ?"
- Vice-présidente du Département hospitalier et universitaire déthique médicale (DUHE) de la faculté de médecine de lUniversité Louis Pasteur (ULP) de Strasbourg.
- Membre du Groupe "Ethique et Droits de lHomme" de lUMB. Recherches sur "Nouvelles technologies, nouvelles disciplines. Corps sujet/Corps objet."
- Vice-présidente de lATEM (Association de Théologiens pour l'Étude de la Morale).
Voir aussi : 0110_etudnet.html : internet révolutionne les relations et les pouvoirs. ed. Autres sites:
biblethora civisme.politique Coran Islams La fin du monde