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Pape
François
Les
7
dons de l’Esprit Saint
Catéchèses
du
9 avril au 11 juin 2014 (
1°)
Le don de sagesse
-
Nous
entamons aujourd’hui un cycle de catéchèse sur les dons
de l’Esprit-Saint. Vous savez que l’Esprit-Saint est
l’âme, la sève vitale de l’Église et de tout chrétien :
c’est l’amour de Dieu qui fait de notre cœur sa demeure
en entrant en communion avec nous. L’Esprit-Saint est
toujours avec nous, il est toujours en nous, dans notre
cœur.
-
L’Esprit-Saint
est « le don de Dieu » par excellence (cf. Jn 4,10), un
cadeau de Dieu et, à son tour, il communique divers dons
spirituels à celui qui l’accueille. L’Église en
distingue sept : un nombre qui exprime symboliquement la
plénitude, la complétude ; on les apprend lorsqu’on se
prépare au sacrement de la Confirmation et on les
invoque dans l’antique prière que l’on appelle «
Séquence à l’Esprit-Saint » : sagesse, intelligence,
conseil, force, science, piété et crainte de Dieu.
-
1
Le premier don de l’Esprit-Saint, selon cette liste, est
donc la sagesse. Mais il ne s’agit pas simplement de la
sagesse humaine, fruit de la connaissance et de
l’expérience. La Bible raconte que Salomon, au moment de
son couronnement comme roi d’Israël, avait demandé le
don de la sagesse (cf. 1 R 3,9). Et la sagesse est
précisément ceci : c’est la grâce de pouvoir voir
toute chose avec les yeux de Dieu. C’est
simplement cela : voir le monde, voir les situations,
les conjonctures, les problèmes, tout, avec les yeux de
Dieu. Voilà la sagesse. Parfois nous voyons les choses
selon ce qui nous plaît ou selon l’état de notre cœur,
avec de l’amour ou avec de la haine, avec de l’envie…
Non, ce n’est pas l’œil de Dieu. La sagesse, c’est ce
que fait l’Esprit-Saint en nous afin que nous voyions
toutes choses avec les yeux de Dieu. C’est cela, le don
de la sagesse.
-
2
Évidemment, cela découle de l’intimité avec Dieu, de la
relation intime que nous avons avec Dieu, de cette
relation des enfants avec leur Père. Et l’Esprit-Saint,
lorsque nous avons cette relation, nous fait le don de
la sagesse. Lorsque nous sommes en communion avec le
Seigneur, l’Esprit agit comme s'il transfigurait notre
cœur et lui faisait percevoir toute sa chaleur et son
amour de prédilection.
-
3
L’Esprit-Saint rend « sage » le chrétien. Pas dans le
sens où il aurait réponse à tout, il saurait tout, mais
dans le sens où il « connaît » Dieu, il sait comment
Dieu agit, il sait quand quelque chose vient de Dieu
ou quand ça ne vient pas de Dieu ; il a cette
sagesse que Dieu donne à notre cœur. Dans ce sens, le
cœur de l’homme sage a le goût de Dieu. Et comme il est
important que, dans nos communautés, il y ait des
chrétiens comme cela ! En eux, tout parle de Dieu et
devient un beau signe vivant de sa présence et de son
amour. Et c’est quelque chose que nous ne pouvons pas
improviser, que nous ne pouvons pas nous procurer par
nous-mêmes : c’est un don que Dieu fait à ceux qui se
rendent dociles à son Esprit. Nous avons l’Esprit-Saint
en nous, dans notre cœur ; nous pouvons l’écouter, nous
pouvons ne pas l’écouter. Si nous écoutons
l’Esprit-Saint, il nous enseigne cette voie de la
sagesse, il nous offre la sagesse qui consiste à voir
avec les yeux de Dieu, à entendre avec les oreilles de
Dieu, à aimer avec le cœur de Dieu, à juger les choses
avec le jugement de Dieu. C’est cela, la sagesse
que nous offre l’Esprit-Saint, et nous pouvons tous
l’avoir. Il faut seulement que nous la demandions à
l’Esprit-Saint.
-
Pensez
à une maman, dans sa maison, avec les enfants : quand
l’un fait une chose, l’autre pense à une autre et la
pauvre maman va d’un côté à l’autre, avec les problèmes
des enfants. Et quand les mamans sont fatiguées et
qu’elles grondent leurs enfants, est-ce que c’est la
sagesse ? Gronder ses enfants, je vous le demande,
est-ce que c’est la sagesse ? Qu’est-ce que vous en
pensez ? Est-ce que c’est la sagesse ou non ? Non ! En
revanche, quand la maman prend l’enfant et le corrige
doucement et lui dit : « Ça, ça ne se fait pas… » et
qu’elle lui explique avec beaucoup de patience, est-ce
que c’est la sagesse de Dieu ? Oui ! C’est cela que
l’Esprit-Saint nous donne dans la vie ! Ensuite, dans le
mariage, par exemple, les deux époux – le mari et la
femme – se disputent et après ils ne se regardent plus,
ou s’ils se regardent, ils se regardent de travers :
est-ce que c’est la sagesse de Dieu, cela ? Non ! En
revanche, s’ils disent : « Bon, la tempête est passée,
faisons la paix » et ils repartent dans la paix : est-ce
que c’est la sagesse ? [- Oui !]. Et bien, c’est cela le
don de la sagesse. Qu’elle vienne dans nos maisons,
qu’elle vienne chez les enfants, qu’elle vienne chez
chacun de nous !
-
Et cela ne s’apprend pas : c’est un
cadeau de l’Esprit-Saint. C’est pour cela que nous
devons demander au Seigneur de nous donner
l’Esprit-Saint et de nous faire le don de la sagesse,
cette sagesse de Dieu qui nous apprend à regarder avec
les yeux de Dieu, à sentir avec le cœur de Dieu, à
parler avec les mots de Dieu. Et ainsi, avec cette
sagesse, nous avançons, nous construisons notre famille,
nous construisons l’Église, et nous nous sanctifions
tous. Demandons aujourd’hui la grâce de la sagesse. Et
demandons-la à la Vierge Marie, qui est le Trône de la
sagesse, de ce don : qu’elle nous donne cette grâce !
Merci.
2°)
Le don de l’intelligence
-
Après
avoir examiné la sagesse, qui est le premier des sept
dons du Saint-Esprit, aujourd’hui, je voudrais attirer
notre attention sur le second don, à savoir
l’intelligence. Il ne s’agit pas ici de l’intelligence
humaine, de la capacité intellectuelle dont nous pouvons
être plus ou moins dotés. C’est au contraire une grâce
que seul l’Esprit Saint peut répandre et qui suscite
chez le chrétien la capacité d’aller au-delà de l’aspect
extérieur de la réalité et de scruter les
profondeurs de la pensée de Dieu et de son dessein de
salut.
-
Lorsqu’il
s’adresse à la communauté de Corinthe, l’apôtre Paul
décrit bien les effets de ce don – c’est-à-dire ce que
fait en nous le don de l’intelligence – et Paul dit ceci
: « nous annonçons ce que l’œil n’a pas vu, ce que
l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au
cœur de l’homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux
qui l’aiment. Car c’est à nous que Dieu l’a révélé par
l’Esprit » (I Co 2,9-10). Cela ne signifie évidemment
pas qu’un chrétien peut tout comprendre et avoir une
connaissance entière des desseins de Dieu : tout
cela demeure dans l’attente de se manifester dans toute
sa limpidité quand nous nous trouverons en présence de
Dieu et que nous serons vraiment un avec lui. Mais,
comme le suggère le mot lui-même, l’intelligence permet
de « intus legere », c’est-à-dire de « lire à
l’intérieur » : ce don nous fait comprendre les choses
comme Dieu les comprend, avec l’intelligence de Dieu.
Parce qu’on peut comprendre une situation avec
l’intelligence humaine, avec prudence, et c’est bien.
Mais comprendre une situation en profondeur, comme Dieu
la comprend, c'est l’effet de ce don. Et Jésus a voulu
nous envoyer l’Esprit-Saint pour que nous ayons ce don,
pour que nous puissions tous comprendre les choses
telles que Dieu les comprend, avec l’intelligence de
Dieu. C’est un beau cadeau que le Seigneur nous a fait à
tous. C’est le don par lequel l’Esprit-Saint nous
introduit dans l’intimité de Dieu et nous rend
participants de son dessein d’amour pour nous.
-
Il
est clair alors que le don de l’intelligence est
étroitement lié à la foi. Quand l’Esprit-Saint habite
notre cœur et illumine notre esprit, il nous fait
grandir jour après jour dans la compréhension de ce que
le Seigneur a dit et accompli. Jésus lui-même l’a dit à
ses disciples : je vous enverrai l’Esprit-Saint et il
vous fera comprendre tout ce que je vous ai enseigné. Comprendre
les enseignements de Jésus, comprendre sa Parole, comprendre
l’Évangile, comprendre la Parole de Dieu. On peut lire
l’Évangile et comprendre quelque chose, mais si nous
lisons l’Évangile avec ce don de l’Esprit-Saint, nous
pouvons comprendre la profondeur des paroles de Dieu.
Et c’est un grand don, un grand don que nous devons tous
demander et demander ensemble : Fais-nous, Seigneur, le
don de l’intelligence.
-
Il y a un épisode de l’Évangile de
Luc qui exprime très bien la profondeur et la force de
ce don. Après avoir assisté à la mort en croix et à la
sépulture de Jésus, deux de ses disciples, déçus et
accablés, quittent Jérusalem et retournent dans leur
village qui s’appelle Emmaüs. Pendant qu’ils sont en
chemin, Jésus ressuscité s’approche et commence à parler
avec eux, mais leurs yeux, voilés par la tristesse et le
désespoir, ne sont pas capables de le reconnaître. Jésus
marche avec eux, mais ils sont si tristes et si
désespérés qu’ils ne le reconnaissent pas. Mais quand le
Seigneur leur explique les Écritures, afin qu’ils
comprennent qu’il devait souffrir et mourir pour ensuite
ressusciter, leur esprit s’ouvre et, dans leur cœur,
l’espérance renaît (cf. Lc 24,13-27). Et c’est cela que
l’Esprit-Saint fait avec nous : il nous ouvre
l’esprit, il nous ouvre pour que nous comprenions
mieux, pour que nous comprenions mieux les choses de
Dieu, les choses humaines, les situations, tout.
Le don de l’intelligence est important pour notre vie
chrétienne. Demandons-le au Seigneur, qu’il nous donne,
qu’il donne à chacun de nous ce don pour que nous
comprenions, comme il le comprend, ce qui arrive et
surtout pour que nous comprenions la parole de Dieu dans
l’Évangile. Merci.
3°)
Le don de Conseil
-
Dans
la lecture de ce passage du livre des Psaumes, nous
avons entendu ceci : « Je bénis le Seigneur qui me
conseille : même la nuit mon coeur m'avertit. » (Ps.
16,7). Et c’est un autre don de l’Esprit-Saint : le don
de conseil. Nous savons combien il est important,
surtout dans les moments plus délicats, de pouvoir
compter sur les suggestions de personnes sages et qui
nous aiment. Maintenant, à travers le don de conseil,
c’est Dieu lui-même, par son Esprit, qui éclaire notre
cœur en nous faisant comprendre la manière juste de
parler et de nous comporter et la voie à suivre. Comment
ce don agit-il en nous ?
-
Lorsque
nous l’accueillons et le recevons dans notre cœur,
l’Esprit-Saint commence aussitôt à nous rendre sensibles
à sa voix et à orienter nos pensées, nos sentiments et
nos intentions selon le cœur de Dieu. En même temps, il
nous pousse de plus en plus à tourner notre regard
intérieur vers Jésus, modèle de notre manière d’agir et
d’être en relation avec Dieu le Père et avec nos frères.
Le conseil est donc le don par lequel l’Esprit-Saint
rend notre conscience capable de faire un choix concret
en communion avec Dieu, selon la logique de Jésus et de
son Évangile. De cette façon, l’Esprit nous fait grandir
intérieurement, il nous fait grandir positivement, il
nous fait grandir dans la communauté et nous aide à ne
pas être à la merci de notre égoïsme et de nos façons de
voir. Ainsi, l’Esprit nous aide à grandir et à vivre
en communauté. La condition essentielle, pour
conserver ce don, est la prière. Nous revenons toujours
au même thème : la prière ! Mais c’est tellement
important, la prière. Prier avec les prières que nous
savons depuis notre enfance, mais aussi prier avec nos
propres mots. Prier le Seigneur : « Seigneur, aide-moi,
conseille-moi, que dois-je faire maintenant ? ». Et nous
devons tous le faire. La prière ! Ne jamais oublier la
prière. Jamais ! Personne, personne ne s’en aperçoit
quand nous prions dans le bus, dans la rue : prions en
silence, dans notre cœur. Profitons de ces moments pour
prier : prier pour que l’Esprit nous donne le don de
conseil.
-
Dans
l’intimité avec Dieu et dans l’écoute de sa Parole,
petit à petit nous mettons de côté notre logique
personnelle, dictée le plus souvent par nos fermetures,
nos préjugés et nos ambitions, et nous apprenons au
contraire à demander au Seigneur : Quel est ton désir ?
Quelle est ta volonté ? Qu’est-ce qui te plaît ? Ainsi,
mûrit en nous une syntonie profonde, presque naturelle
dans l’Esprit et l’on expérimente la vérité des paroles
de Jésus rapportées dans l’Évangile de Matthieu : « Ne
cherchez pas avec inquiétude comment parler ou que dire
: ce que vous aurez à dire vous sera donné sur le
moment, car ce n’est pas vous qui parlerez, mais
l’Esprit de votre Père qui parlera en vous » (Mt
10,19-20).
-
C’est
l’Esprit qui nous conseille, mais nous devons faire de
la place à l’Esprit, pour qu’il puisse nous conseiller.
Et faire de la place, c’est prier : prier pour qu’il
vienne et qu’il nous aide, toujours.
-
Comme
tous les autres dons de l’Esprit, celui de conseil
constitue aussi un trésor pour toute la communauté
chrétienne. Le Seigneur ne nous parle pas seulement dans
l’intimité de notre cœur, il nous parle, oui, mais pas
seulement là, il nous parle aussi à travers la voix et
le témoignage de nos frères. C’est vraiment un grand don
de pouvoir rencontrer des hommes et des femmes de foi
qui, surtout dans les passages plus compliqués et
importants de notre vie, nous aident à faire la lumière
dans notre cœur et à reconnaître la volonté du Seigneur
!
-
Je
me souviens, une fois, au sanctuaire de Luján, j’étais
dans le confessionnal devant lequel il y avait une
longue queue. Il y avait aussi un jeune garçon, très
moderne, avec des boucles d’oreille, des tatouages, tout
cela… Et il est venu me dire ce qui lui arrivait.
C’était un gros problème, difficile. Et il m’a dit : «
J’ai raconté tout ça à ma maman et ma maman m’a dit : va
voir la Sainte Vierge et elle te dira ce que tu dois
faire ». Voilà une femme qui avait le don de conseil.
C’est cela, le don de conseil. Cette femme humble,
simple, a donné le conseil le plus vrai à son fils. En
effet, ce garçon m’a dit : « J’ai regardé la Vierge
Marie et j’ai senti que je devais faire ceci, ceci et
cela… ». Je n’ai pas eu besoin de parler, le jeune
garçon et sa maman avaient déjà tout dit. C’est cela le
don de conseil. Vous, les mamans qui avez ce don,
demandez-le pour vos enfants ! Le don de conseiller ses
enfants est un don de Dieu.
-
Chers amis, le psaume 16, que nous
avons entendu, nous invite à prier avec ces paroles : «
Je bénis le Seigneur qui me conseille : même la nuit
mon coeur m'avertit. Je garde le Seigneur devant moi
sans relâche ; il est à ma droite : je suis
inébranlable. » (vv.7-8). Que l’Esprit puisse toujours
mettre cette certitude dans nos cœurs et nous combler
ainsi de sa consolation et de sa paix ! Demandez sans
cesse le don de conseil !
4° Don de Force
-
Dans
les catéchèses précédentes, nous avons réfléchi aux
trois premiers dons de l’Esprit-Saint : sagesse,
intelligence et conseil. Aujourd’hui, pensons à ce que
fait le Seigneur : il vient toujours nous soutenir dans
notre faiblesse et il le fait par un don spécial : le
don de force.
-
Il
y a une parabole, racontée par Jésus, qui nous aide à
saisir l’importance de ce don. Un semeur sort pour
semer ; mais tout le grain qu’il jette ne porte pas
toujours de fruit. Celui qui finit sur la route est
mangé par les oiseaux ; celui qui tombe sur un terrain
pierreux ou au milieu des ronces germe, mais il est
rapidement desséché par le soleil ou étouffé par les
épines. C’est seulement celui qui arrive sur la bonne
terre qui peut pousser et porter du fruit (cf. Mc
4,3-9 ; Mt 13,3-9 ; Lc 8,4-8).
-
Comme
Jésus lui-même l’explique à ses disciples, ce semeur
représente le Père qui jette abondamment la semence de
sa Parole. Mais la semence rencontre souvent l’aridité
de notre cœur et, lorsqu’elle est accueillie, elle
risque de rester stérile. Avec le don de force, en
revanche, l’Esprit-Saint libère le terrain de notre
cœur, le libère de la torpeur, des incertitudes et de
toutes les craintes qui peuvent le freiner, de sorte que
la Parole du Seigneur soit mise en pratique de façon
authentique et joyeuse. C’est une véritable aide, ce don
de force, il nous donne la force, il nous libère aussi
de beaucoup de freins.
-
Il
y a aussi des moments difficiles et des situations
extrêmes dans lesquels le don de force se manifeste
d’une manière extraordinaire, exemplaire. C’est le cas
des personnes qui doivent affronter des expériences
particulièrement dures et douloureuses, qui impliquent
leur vie et celle de leurs proches. L’Église resplendit
du témoignage de tous ces frères et sœurs qui n’ont pas
hésité à donner leur vie pour rester fidèles au Seigneur
et à son Évangile.
-
Aujourd’hui
aussi, dans bien des parties du monde, il ne manque pas
de chrétiens qui continuent de célébrer leur foi et d’en
témoigner avec une conviction et une sérénité profondes,
et qui résistent même lorsqu’ils savent que cela peut
coûter un prix plus élevé.
-
Nous
aussi, nous tous, nous connaissons des personnes qui ont
vécu des situations difficiles, beaucoup de souffrance.
Mais pensons à ces hommes, à ces femmes qui mènent une
vie difficile, qui luttent pour faire vivre leur
famille, éduquer leurs enfants : ils font tout cela
parce que l’Esprit de force les aide. Tous ces hommes et
ces femmes – nous ne savons pas leur nom – qui honorent
notre peuple, qui honorent notre Église parce qu’ils
sont forts : forts pour mener leur vie, leur famille,
leur travail, pour vivre leur foi. Ces frères et sœurs
sont des saints, des saints au quotidien, des saints
cachés parmi nous : ils ont précisément le don de force
pour accomplir leur devoir en tant que personnes, leur
devoir de pères, de mères, de frères, de sœurs, de
citoyens. Ils sont très nombreux.
-
Remercions
le Seigneur pour ces chrétiens dont la sainteté est
cachée : c’est l’Esprit-Saint qui est en eux et qui les
pousse. Cela nous fera du bien de penser à ces
personnes. S’ils arrivent à faire tout cela, s’ils y
arrivent, pourquoi pas moi ? Et cela nous fera aussi du
bien de demander à l’Esprit-Saint le don de force.
-
Il
ne faut pas penser que le don de force n’est nécessaire
que dans certaines occasions ou situations
particulières. Ce don doit constituer la note de fond de
notre être de chrétien, dans l’ordinaire de notre vie
quotidienne. Comme je l’ai dit, nous devons être forts
tous les jours de notre vie, nous avons besoin de cette
force pour mener notre vie, notre famille, pour vivre
notre foi.
-
L’apôtre
Paul a dit une phrase qui nous fera du bien : « Je
puis tout en celui qui me rend fort » (Ph 4,13).
Lorsque nous affrontons la vie ordinaire, lorsque
surgissent des difficultés, souvenons-nous en : « Je
puis tout en celui qui me rend fort ». Le Seigneur donne
toujours la force, il ne nous en prive pas. Le Seigneur
ne nous éprouve pas plus que ce nous pouvons le
supporter. Il est toujours avec nous. « Je puis tout en
celui qui me rend fort ».
-
Chers amis, nous pouvons parfois
être tentés de nous laisser prendre par la paresse, ou
pire, par le découragement, surtout face aux fatigues et
aux épreuves de la vie. Dans ces cas-là, ne perdons pas
courage, mais invoquons l’Esprit-Saint, pour qu’avec le
don de force il puisse soulager notre cœur et
communiquer à notre vie à la suite de Jésus une force et
un enthousiasme nouveaux. Merci !
5°) Don de science
-
Aujourd’hui,
je voudrais mettre en lumière un autre don de l’Esprit
Saint, le don de science. Lorsque
l’on parle de science, la pensée se tourne
immédiatement vers la capacité de l’homme de connaître
toujours mieux la réalité qui l’entoure et de
découvrir les lois qui régissent la nature et
l’univers. La science qui vient de l’Esprit Saint,
toutefois, ne se limite pas à la connaissance humaine
: c’est un don spécial, qui nous conduit à saisir, à
travers la création, la grandeur et l’amour de Dieu et
sa relation profonde avec chaque créature.
-
Lorsque nos
yeux sont illuminés par l’Esprit, ils s’ouvrent à la
contemplation de Dieu, dans la beauté de la nature et
dans la grandeur de l’univers, et nous conduisent à découvrir
que toute chose nous parle de Lui et de son
amour. Tout cela
suscite en nous un très grand émerveillement et un
profond sentiment de gratitude ! C’est la sensation
que nous éprouvons également lorsque nous admirons une
œuvre d’art ou toute autre merveille qui est le fruit
du génie et de la créativité de l’homme : face à tout
cela, l’Esprit nous conduit à louer le Seigneur du
plus profond de notre cœur et à reconnaître, dans tout
ce que nous avons et sommes, un don inestimable de
Dieu et un signe de son amour infini pour nous.
-
Dans le
premier chapitre de la Genèse, précisément au début de
toute la Bible, est mis en évidence le fait que Dieu
est satisfait de sa création, en soulignant de façon
répétée la beauté et la bonté de chaque chose. Au
terme de chaque journée, il est écrit : « Dieu vit que
cela était bon » (1, 12.18.21.25) : si Dieu voit que
la création est une bonne chose, est une belle chose,
nous aussi nous devons adopter cette attitude et voir
que la création est une chose bonne et belle. Tel est
le don de science qui nous fait voir cette beauté,
louons donc Dieu, en lui rendant grâce de nous avoir
donné tant de beauté. Et lorsque Dieu finit de créer
l’homme, il ne dit pas : « Dieu vit que cela était
bon », mais il dit que cela était « très
bon » (v. 31). Aux yeux de Dieu, nous sommes la
chose la plus belle, la plus grande, la meilleure de
la création : les anges aussi sont au-dessous de nous,
nous sommes plus que les anges, comme nous l’avons
entendu dans le livre des Psaumes. Le Seigneur nous
aime ! Nous devons lui rendre grâce pour cela.
Le don de la science nous place en profonde harmonie
avec le Créateur et nous
fait participer à la limpidité de son regard et de son
jugement. Et c’est dans cette perspective que nous
réussissons à saisir dans l’homme et la femme le
sommet de la création, comme accomplissement d’un
dessein d’amour qui est imprimé en chacun de nous et
qui nous fait reconnaître comme frères et sœurs.
-
Tout cela
est un motif de sérénité et de paix et fait du
chrétien un témoin joyeux de Dieu, sur les pas de
saint François d’Assise et de nombreux saints qui ont
su louer et chanter son amour à travers la
contemplation de la création. Dans le même
temps, toutefois, le don de la science nous aide à ne
pas tomber dans certains comportements excessifs ou
erronés. Le premier est constitué par le risque de
nous considérer comme les propriétaires de la
création. La création n’est pas une propriété, que
nous pouvons dominer à notre guise ; ni la propriété
de quelques-uns, d’une poignée de personnes : la
création est un don, c’est un don merveilleux
que Dieu nous a fait, afin que nous en
prenions soin et que nous l’utilisions au profit
de tous, toujours avec un grand respect et
gratitude. Le deuxième comportement
erroné est représenté par la tentation de nous arrêter
aux créatures, comme si celles-ci pouvaient offrir la
réponse à toutes nos attentes. À travers le don de la
science, l’Esprit nous aide à ne pas tomber dans cette
erreur.
-
Mais
je voudrais revenir sur la première voie erronée :
dominer la création au lieu de la protéger. Nous devons
protéger la création parce qu’il s’agit d’un don que le
Seigneur nous a fait, c’est le don que Dieu nous a
offert ; nous sommes gardiens de la création. Lorsque
nous exploitons la création, nous détruisons le signe de
l’amour de Dieu. Détruire la création signifie dire à
Dieu « cela ne me plaît pas ». Et cela n’est pas bon :
voilà le péché.
-
La
protection de la création est précisément la
protection du don de Dieu et cela signifie dire à Dieu
: « Merci, je suis gardien de la création mais pour la
faire progresser, jamais pour détruire ton don ». Cela
doit représenter notre attitude à l’égard de la
création : la protéger parce que si nous détruisons la
création, la création nous détruira ! N’oubliez pas
cela. Un jour, j’étais à la campagne et j’ai entendu
un dicton prononcé par une personne simple, qui aimait
beaucoup les fleurs et qui en prenait soin. Elle m’a
dit : « Nous devons protéger ces belles choses que
Dieu nous a données ; la création nous a été donnée
pour que nous l’utilisions bien ; pas pour
l’exploiter, mais pour la préserver, parce que Dieu
pardonne toujours, nous les hommes nous pardonnons
parfois, mais la création ne pardonne jamais et si
on n’en prend pas soin, elle nous détruira ».
-
Cela doit nous faire réfléchir et
doit nous faire invoquer de l’Esprit Saint le don de la
science pour bien comprendre que la création est
le plus beau don de Dieu. Il a fait tant de bonnes
choses pour la meilleure chose qu’est la personne
humaine.
6°) Don de piété
-
Nous
voulons aujourd’hui nous arrêter sur un don du
Saint-Esprit qui très souvent n’est pas bien compris
ou considéré de manière superficielle, et qui touche
le cœur de notre identité et de notre vie chrétienne:
il s’agit du don de la piété.
-
Il
faut immédiatement préciser que ce don ne signifie pas
avoir compassion de quelqu’un, avoir pitié de son
prochain, mais il indique notre appartenance à Dieu et
notre lien profond avec Lui, un lien qui donne un sens à
toute notre vie et qui nous maintient solides, en
communion avec Lui, également dans les moments les plus
difficiles et compliqués.
-
Ce lien
avec le Seigneur ne doit pas être entendu comme un
devoir ou une imposition. C’est un lien qui vient de
l’intérieur. Il s’agit d’une
relation vécue avec le cœur : c’est
notre amitié avec Dieu, qui nous a été donnée par
Jésus, une amitié qui change notre vie et qui nous
remplit d’enthousiasme, de joie. C’est pourquoi le don
de la piété suscite tout d’abord en nous la gratitude
et la louange. Tel est en effet le motif et le sens le
plus authentique de notre culte et de notre
adoration. Quand le Saint-Esprit nous
fait percevoir la présence du Seigneur et tout son
amour pour nous, il réchauffe notre cœur et nous
incite presque naturellement à la prière et à la
célébration. La piété est donc synonyme d’un
authentique esprit religieux, d’une proximité filiale
avec Dieu, de cette capacité de le prier avec amour et
simplicité qui est propre aux personnes humbles de
cœur.
-
Si le don
de la piété nous fait croître dans la relation et la
communion avec Dieu et nous conduit à vivre comme ses
enfants, il nous aide dans le même temps à déverser
cet amour aussi sur les autres et à les
reconnaître comme des frères.
C’est alors que nous serons en effet animés par des
sentiments de piété — pas de piétisme ! — à l’égard de
ceux qui sont à nos côtés et de ceux que nous
rencontrons chaque jour. Pourquoi ai-je dit : pas
de piétisme ? Car certains pensent que faire
preuve de piété signifie fermer les yeux, prendre le
visage d’une image pieuse, faire semblant d’être comme
un saint. En piémontais nous disons : faire la « mugna
quacia ». Cela n’est pas le don de la
piété. Le don de la piété signifie être vraiment capables
de se réjouir avec qui est dans la joie, de pleurer
avec qui pleure, d’être proche de qui est seul ou
angoissé, de corriger qui est dans l’erreur, de
consoler qui est affligé, d’accueillir et de
secourir qui est dans le besoin. Il existe un
lien très étroit entre le don de la piété et la
douceur. Le don de la piété que nous donne le
Saint-Esprit nous rend doux, nous rend calmes,
patients, en paix avec Dieu, au service des autres
avec douceur.
-
Chers amis, dans la Lettre aux Romains,
l’apôtre Paul affirme : « En effet, tous ceux qui se
laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont
fils de Dieu. Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait
de vous des esclaves et vous ramène à la peur ; mais
vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ;
et c’est en lui que nous crions “Abba !”,
c’est-à-dire: Père ! » (Rm 8, 14-15).
Demandons au Seigneur que le don de son Esprit puisse
vaincre notre crainte, nos incertitudes, également
notre esprit inquiet, impatient, et qu’il puisse faire
de nous des témoins joyeux de Dieu et de son amour, en
adorant le Seigneur en vérité et également au service
de notre prochain avec douceur et avec le sourire que
le Saint-Esprit nous donne toujours dans la joie. Que
le Saint-Esprit nous donne à tous ce don de piété.
7°) Don
de crainte
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Le
don de la crainte de Dieu,
dont nous parlons
aujourd’hui, conclut la série des sept dons de l’Esprit
Saint. Cela ne signifie pas avoir peur de Dieu : nous
savons bien que Dieu est Père, et qu’il nous aime et
veut notre salut, et qu’il pardonne, toujours ; c’est
pourquoi il n’y a aucune raison d’avoir peur de Lui ! La
crainte de Dieu, au contraire, est le don de l’Esprit
qui nous rappelle combien nous sommes petits face à Dieu
et à son amour et que notre bien réside dans l’abandon,
avec humilité, avec respect et confiance, entre ses
mains. Telle est la crainte de Dieu : l’abandon dans la
bonté de notre Père qui nous aime tant.
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Lorsque
l’Esprit Saint établit sa demeure dans notre cœur, il
nous transmet réconfort et paix, et nous conduit à nous
sentir tels que nous sommes, c’est-à-dire petits, avec
cette attitude — tant recommandée par Jésus dans
l’Évangile — de celui qui place toutes ses
préoccupations et ses attentes en Dieu et se sent
entouré et soutenu par sa chaleur et sa protection,
précisément comme un enfant avec son papa ! C’est ce que
fait l’Esprit Saint dans nos cœurs: il nous fait sentir
comme des enfants dans les bras de notre papa. Dans ce
sens, alors, nous comprenons bien que la crainte de Dieu
prend en nous la forme de la docilité, de la
reconnaissance et de la louange, en emplissant notre
cœur d’espérance. En effet, tant de fois, nous ne
réussissons pas à saisir le dessein de Dieu, et nous
nous apercevons que nous ne sommes pas capables de
garantir pour nous-mêmes le bonheur et la vie éternelle.
C’est précisément dans l’expérience de nos limites et de
notre pauvreté, toutefois, que l’Esprit nous réconforte
et nous fait percevoir que la seule chose importante est
de nous laisser conduire par Jésus entre les bras de son
Père.
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Voilà
pourquoi nous avons tant besoin de ce don de l’Esprit
Saint. La crainte de Dieu nous fait prendre conscience
que tout vient de la grâce et que notre véritable
force réside uniquement dans le fait de suivre le
Seigneur Jésus et de laisser le Père déverser sur nous
sa bonté et sa miséricorde. Ouvrir son cœur, afin
que la bonté et la miséricorde de Dieu pénètrent en
nous. C’est ce que fait l’Esprit Saint avec le don de la
crainte de Dieu : il ouvre les cœurs. Un cœur ouvert
afin que le pardon, la miséricorde, la bonté, les
caresses du Père viennent à nous, car nous sommes ses
fils infiniment aimés.
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Lorsque
nous sommes envahis par la crainte de Dieu, alors nous
sommes portés à suivre le Seigneur avec humilité,
docilité et obéissance. Mais cela, non pas à travers une
attitude résignée et passive, ou même de lamentation,
mais avec l’émerveillement et la joie d’un fils qui
se reconnaît servi et aimé par le Père. La
crainte de Dieu, donc, ne fait pas de nous des chrétiens
timides, soumis, mais engendre en nous courage et force
! C’est un don qui fait de nous des chrétiens
convaincus, enthousiastes, qui ne sont pas soumis au
Seigneur par peur, mais parce qu’ils sont émus et
conquis par son amour ! Etre conquis par l’amour de
Dieu ! Et cela est une belle chose. Se laisser
conquérir par cet amour de papa, qui nous aime tant, qui
nous aime de tout son cœur.
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Mais
soyons attentifs, parce que le don de Dieu, le don de la
crainte de Dieu est également une « alarme » face à la
ténacité du péché. Lorsqu’une personne vit dans le mal,
lorsqu’elle blasphème contre Dieu, lorsqu’elle exploite
les autres, lorsqu’elle les tyrannise, lorsqu’elle ne
vit que pour l’argent, pour la vanité, ou le pouvoir, ou
l’orgueil, alors la sainte crainte de Dieu nous met en
garde : attention ! Avec tout ce pouvoir, avec tout cet
argent, avec tout ton orgueil, avec toute ta vanité, tu
ne seras pas heureux. Personne ne peut apporter avec soi
dans l’au-delà ni l’argent, ni le pouvoir, ni la vanité,
ni l’orgueil. Rien ! Nous ne pouvons apporter que
l’amour que Dieu le Père nous donne, les caresses de
Dieu, acceptées et reçues par nous avec amour. Et nous
pouvons apporter ce que nous avons fait pour les autres.
Attention à ne pas placer l’espérance dans l’argent,
dans l’orgueil, dans le pouvoir, dans la vanité, parce
que tout cela ne nous promet rien de bon! Je pense, par
exemple, aux personnes qui ont une responsabilité sur
les autres et qui se laissent corrompre ; vous pensez
qu’une personne corrompue sera heureuse dans l’au-delà ?
Non, tout le fruit de sa corruption a corrompu son cœur
et il sera difficile d’aller vers le Seigneur. Je pense
à ceux qui vivent de la traite des personnes et du
travail d’esclave ; vous pensez que ces gens qui sont
impliqués dans la traite des êtres humains, qui
exploitent les personnes à travers le travail d’esclave
ont dans leur cœur l’amour de Dieu ? Non, ils n’ont pas
la crainte de Dieu et ne sont pas heureux. Ils ne le
sont pas. Je pense à ceux qui fabriquent des armes pour
fomenter les guerres ; mais pensez un peu au genre de
métier que c’est. Je suis certain que si je vous pose à
présent la question : combien de vous sont fabricants
d’armes ? Personne, personne. Ces fabricants d’armes ne
viennent pas écouter la Parole de Dieu ! Ils fabriquent
la mort, ils sont marchands de mort et font un commerce
de mort. Que la crainte de Dieu leur fasse comprendre
qu’un jour, tout finit et qu’ils devront rendre compte à
Dieu.
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Chers amis, le psaume 34 nous fait
élever cette prière : « Un pauvre a crié, Yahvé écoute,
et de toutes ses angoisses il le sauve. Il campe, l’ange
de Yahvé, autour de ses fidèles, et il les dégage » (vv.
6-7). Demandons au Seigneur la grâce d’unir notre voix à
celle des pauvres, pour accueillir le don de la crainte
de Dieu et pouvoir nous reconnaître, avec eux, revêtus
de la miséricorde et de l’amour de Dieu, qui est notre
Père, notre papa. Ainsi soit-il.
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