Le Protévangile de
Jacques
Évangiles
de la nativité et de l'enfance
suivi de
l'évangile Alexandrin
des
Egyptiens.
Le nom de "
Protévangile " fut donné au XVIe
siècle par l'humaniste français qui
le publia en Occident, parce que le texte relate
des événements antérieurs aux
récits des évangiles canoniques. Le
plus ancien manuscrit connu (Papyrus Bodmer 5)
porte le titre : Nativité de Marie,
Révélation de Jacques.
Le livre se dit écrit
par l'apôtre Jacques le Mineur, frère
de Jésus selon l'Évangile,
demi-frère selon ce texte. Il est
très ancien (milieu du second siècle)
et s'inspire librement des récits canoniques
de l'enfance.
L'ouvrage ne doit rien aux
judéo-chrétiens, comme en
témoigne son ignorance des coutumes juives.
Probablement son auteur était-il d'origine
païenne, issu de l'Egypte ou de l'Asie
Mineure. Il rédigea son texte dans un but
apologétique, pour régler,
auprès des Grecs et des Juifs, la question
délicate de l'incarnation de
Jésus.
Or, pas d'incarnation sans
l'absolue pureté de Marie, non seulement
vierge avant, pendant et après, mais
maintenue dès sa conception dans une sorte
d'état angélique, où hommes et
anges prêtent leur concours.
L'écrit a connu
à travers les siècles une grande
fortune : il a inspiré d'autres livres du
même genre, dont le plus connu est
l'évangile du Pseudo-Matthieu (VIe
siècle), qui force le ton, côté
miracles.
Il est
à l'origine de plusieurs fêtes
liturgiques, célébration d'Anne et
Joachim, Conception et Nativité de Marie,
Présentation de la Vierge. L'art
chrétien y a abondamment puisé. Mais
surtout cette célébration de la
pureté a nourri les développements
ultérieurs de la mariologie.
1 : Nativité de
Marie. ( Révélation de
Jacques)
1. Les histoires des douze
tribus racontent qu'un homme fort riche, Joachim,
apportait au Seigneur double offrande, se disant :
" Le supplément sera pour tout le peuple et
la part que je dois pour la remise de mes fautes
ira au Seigneur, afin qu'il me soit propice.
"
2. Vint le grand jour du
Seigneur1, et les fils d'Israël apportaient
leurs présents. Or Ruben se dresse devant
lui et dit : " Tu n'as pas le droit de
déposer le premier tes offrandes, puisque tu
n'as pas eu de postérité en
Israël. " 3. Joachim eut grand chagrin, et il
s'en alla consulter les registres des douze tribus
du peuple, se disant : " Je verrai bien dans leurs
archives si je suis le seul à n'avoir pas
engendré en Israël ! " Il chercha, et
découvrit que tous les justes avaient
suscité une postérité en
Israël. Et il se souvint du patriarche Abraham
; sur ses vieux jours, le Seigneur Dieu lui avait
donné un fils, Isaac.
4. Alors, accablé de
tristesse, Joachim ne reparut pas devant sa femme,
et il se rendit dans le désert ; il y planta
sa tente et, quarante jours et quarante nuits, il
jeûna2, se disant : " Je ne descendrai plus
manger ni boire, avant que le Seigneur mon Dieu
m'ait visité. La prière sera ma
nourriture et ma boisson. "
2
1. Et sa femme Anne avait
deux sujets de se lamenter et de se marteler la
poitrine. " J'ai à pleurer, disait-elle, sur
mon veuvage et sur ma stérilité ! "
2. Vint le grand jour du Seigneur. Judith, sa
servante, lui dit : " Jusqu'à quand te
désespéreras-tu ? C'est aujourd'hui
le grand jour du Seigneur. Tu n'as pas le droit de
te livrer aux lamentations. Prends donc ce bandeau
que m'a donné la maîtresse de
l'atelier. Je ne puis m'en orner, car je ne suis
qu'une servante, et il porte un insigne royal.
"
3. Anne lui dit : "
Arrière, toi ! Je n'en ferai rien, car le
Seigneur m'a accablée d'humiliations. Et
peut-être ce présent te vient-il d'un
voleur et tu cherches à me faire complice de
ta faute. " Et Judith la servante dit : " Quel mal
dois-je te souhaiter encore, de rester sourde
à ma voix ? Le Seigneur Dieu a clos ton sein
et ne te donne point de fruit en Israël !
"
4. Alors Anne, malgré
son désespoir, ôta ses habits de
deuil, se lava la tête et revêtit la
robe de ses noces. Et vers la neuvième
heure3, elle descendit se promener dans son jardin.
Elle vit un laurier et s'assit à son ombre.
Après un moment de repos, elle invoqua le
Maître : " Dieu de mes pères,
dit-elle, bénis-moi, exauce ma
prière, ainsi que tu as béni Sarah,
notre mère, et lui as donné son fils
Isaac. "
3
1. Levant les yeux au ciel,
elle aperçut un nid de passereaux dans le
laurier. Aussitôt elle se remit à
gémir : " Las, disait-elle, qui m'a
engendrée et de quel sein suis-je sortie ?
Je suis née, maudite devant les fils
d'Israël. On m'a insultée,
raillée et chassée du temple du
Seigneur mon Dieu. 2. Las, à qui se compare
mon sort ? Pas même aux oiseaux du ciel, car
les oiseaux du ciel sont féconds devant ta
face, Seigneur. Las, à qui se compare mon
sort ? Pas même aux animaux stupides, car les
animaux stupides sont eux aussi féconds
devant toi, Seigneur. Las, à quoi se compare
mon sort ? Non plus aux bêtes sauvages de la
terre, car les bêtes sauvages de la terre
sont fécondes devant ta face, Seigneur. 3.
Las, à quoi se compare mon sort ? A ces eaux
non plus, car ces eaux sont tantôt calmes
tantôt bondissantes, et leurs poissons te
bénissent, Seigneur. Las, à qui se
compare mon sort ? Pas même à cette
terre, car la terre produit des fruits en leur
saison et te rend gloire, Seigneur. "
4
1. Et voici qu'un ange du
Seigneur parut, disant : " Anne, Anne, le Seigneur
Dieu a entendu ta prière. Tu concevras, tu
enfanteras et l'on parlera de ta
postérité dans la terre
entière. " Anne répondit : " Aussi
vrai que vit le Seigneur Dieu, je ferai don de mon
enfant, garçon ou fille, au Seigneur mon
Dieu et il le servira tous les jours de sa vie.
"
2. Et voici, deux messagers
survinrent, qui lui dirent : " Joachim, ton mari,
arrive avec ses troupeaux. Un ange du Seigneur est
descendu auprès de lui, disant : "Joachim,
Joachim, le Seigneur Dieu a exaucé ta
prière. Descends d'ici. Voici que Anne ta
femme a conçu4 en son sein".
3. Aussitôt Joachim
est descendu, il a convoqué ses bergers,
leur disant : " Apportez-moi ici dix agneaux sans
tache ni défaut. Ces dix agneaux seront pour
le Seigneur Dieu. Apportez-moi aussi douze veaux
bien tendres et les douze veaux seront pour les
prêtres et le Conseil des Anciens. Aussi cent
chevreaux, et les cent chevreaux seront pour tout
le peuple. "
4. Joachim arriva avec ses
troupeaux. Anne l'attendait, aux portes de la
ville5. Dès qu'elle le vit paraître
avec ses bêtes, elle courut vers lui, se
suspendit à son cou et s'écria : "
Maintenant je sais que le Seigneur Dieu m'a
comblée de bénédictions !
Voici : la veuve n'est plus veuve et la
stérile a conçue 6 ! " Et Joachim, ce
premier jour, resta chez lui à se
reposer.
5
1. Le lendemain, il
apportait ses offrandes : " Si le Seigneur Dieu m'a
été favorable, pensait-il, la lame
d'or du prêtre me le révélera7.
" Il présenta ses offrandes, et scruta la
tiare du prêtre quand celui-ci monta à
l'autel du Seigneur ; et il sut qu'il n'y avait pas
de faute en lui. " Maintenant, dit-il, je sais que
le Seigneur Dieu m'a fait grâce et m'a remis
tous mes péchés. " Et il descendit du
temple du Seigneur, justifié, et rentra chez
lui.
2. Six mois environ
s'écoulèrent ; le septième,
Anne enfanta. " Qu'ai-je mis au monde ? "
demanda-t-elle à la sage-femme. Et celle-ci
répondit : " Une fille. " Et Anne dit : "
Mon âme a été exaltée en
ce jour ! " Et elle coucha l'enfant. Quand les
jours furent accomplis, Anne se purifia, donna le
sein à l'enfant 8 et l'appela du nom de
Marie.
6
1. De jour en jour, l'enfant
se fortifiait. Quand elle eut six mois, sa
mère la mit par terre, pour voir si elle
tenait debout. Or l'enfant fit sept pas, puis
revint se blottir auprès de sa mère.
Celle-ci la souleva, disant : " Aussi vrai que vit
le Seigneur mon Dieu, tu ne marcheras pas sur cette
terre, que je ne t'ai menée au temple du
Seigneur. " Et elle apprêta un sanctuaire
dans sa chambre et elle ne laissait jamais sa fille
toucher à rien de profane ou d'impur. Et
elle invita les filles des Hébreux, qui
étaient sans tache, et celles-ci la
divertissaient.
2. Quand l'enfant eut un an,
Joachim donna un grand festin où il convia
les grands prêtres, les prêtres, les
scribes, les Anciens et tout le peuple
d'Israël. Il présenta l'enfant aux
prêtres qui la bénirent : " Dieu de
nos pères disaient-ils, bénis cette
enfant, et donne-lui un nom illustre à
jamais, dans toutes les générations.
" Et tout le peuple s'écria : " Qu'il en
soit ainsi ! Amen ! " Et ils la
présentèrent aux
grands-prêtres, et ceux-ci la
bénirent, disant : " Dieu des hauteurs,
abaisse ton regard sur cette petite fille et
bénis-la d'une bénédiction
suprême, qui surpasse toute
bénédiction. "
3. Et sa mère
l'emporta dans le sanctuaire de sa chambre et elle
lui donna le sein. Anne éleva un chant au
Seigneur Dieu : " Je chanterai un cantique
sacré au Seigneur mon Dieu, parce qu'il m'a
visitée et m'a enlevé l'outrage de
mes ennemis. Et le Seigneur mon Dieu m'a
donné un fruit de sa justice, unique et
considérable devant sa face. Qui annoncera
aux fils de Ruben qu'Anne donne le sein ?
Écoutez, écoutez, ô les douze
tribus d'Israël : Anne donne le sein ! " Et
elle reposa l'enfant dans le sanctuaire de sa
chambre, sortit et servit ses hôtes. Quand le
banquet fut achevé, ils descendirent joyeux
et ils glorifièrent le Dieu
d'Israël.
7
1. Les mois se
succédèrent : l'enfant atteignit deux
ans. Joachim dit : " Menons-la au temple du
Seigneur, pour accomplir la promesse que nous avons
faite. Sinon le Maître s'irriterait contre
nous et rejetterait notre offrande. " Mais Anne
répondit : " Attendons sa troisième
année, de peur qu'elle ne réclame son
père ou sa mère. " Joachim opina : "
Attendons. "
2. L'enfant eut trois ans.
Joachim dit : " Appelons les filles des
Hébreux, celles qui sont sans tache. Que
chacune prenne un flambeau et le tienne
allumé : ainsi, Marie ne se retournera pas
et son cÏur ne sera pas retenu captif hors du
temple du Seigneur. " L'ordre fut suivi, et elles
montèrent au temple du Seigneur. Et le
prêtre accueillit l'enfant et l'ayant
embrassée, il la bénit et dit : " Le
Seigneur Dieu a exalté ton nom parmi toutes
les générations. En toi, au dernier
des jours, le Seigneur manifestera la
rédemption aux fils d'Israël. " 3. Et
il la fit asseoir sur le troisième
degré de l'autel. Et le Seigneur Dieu
répandit sa grâce sur elle. Et ses
pieds esquissèrent une danse et toute la
maison d'Israël l'aima.
8
1. Ses parents descendirent,
émerveillés, louant et glorifiant le
Dieu souverain qui ne les avait pas
dédaignés. Et Marie demeurait dans le
temple du Seigneur, telle une colombe9, et elle
recevait sa nourriture de la main d'un
ange.
2. Quand elle eut douze ans,
les prêtres se consultèrent et dirent
: " Voici que Marie a douze ans, dans le temple du
Seigneur. Que ferons-nous d'elle, pour
éviter qu'elle ne rende impur le sanctuaire
du Seigneur notre Dieu ? " Et ils dirent au
grand-prêtre : " Toi qui gardes l'autel du
Seigneur, entre et prie au sujet de cette enfant.
Ce que le Seigneur te dira, nous le ferons.
"
3. Et le prêtre
revêtit l'habit aux douze clochettes10,
pénétra dans le Saint des Saints et
se mit en prière. Et voici qu'un ange du
Seigneur apparut, disant : " Zacharie, Zacharie,
sors et convoque les veufs du peuple. Qu'ils
apportent chacun une baguette. Et celui à
qui le Seigneur montrera un signe en fera sa femme.
" Des hérauts s'égaillèrent
dans tout le pays de Judée et la trompette
du Seigneur retentit, et voici qu'ils accoururent
tous.
9
1. Joseph jeta sa hache et
lui aussi alla se joindre à la troupe. Ils
se rendirent ensemble chez le prêtre avec
leurs baguettes. Le prêtre prit ces
baguettes, pénétra dans le temple et
pria. Sa prière achevée, il reprit
les baguettes, sortit et les leur rendit. Aucune ne
portait de signe. Or Joseph reçut la sienne
le dernier. Et voici qu'une colombe s'envola de sa
baguette et vint se percher sur sa tête.
Alors le prêtre : " Joseph, Joseph, dit-il,
tu es l'élu : c'est toi qui prendras en
garde la vierge du Seigneur. "
2. Mais Joseph protesta : "
J'ai des fils, je suis un vieillard et elle est une
toute jeune fille. Ne vais-je pas devenir la
risée des fils d'Israël ? " " Joseph,
répondit le prêtre, crains le Seigneur
ton Dieu, et souviens-toi du sort que Dieu a
réservé à Dathan, Abiron et
Corê. La terre s'entrouvrit et les engloutit
tous à la fois, parce qu'ils lui avaient
résisté. Et maintenant, Joseph,
crains de semblables fléaux sur ta maison !
"
3. Très ému,
Joseph prit la jeune fille sous sa protection et
lui dit : " Marie, le temple du Seigneur t'a
confiée à moi. Maintenant je te
laisse en ma maison. Car je pars construire mes
bâtiments. Je reviendrai auprès de
toi. Le Seigneur te gardera. "
10
1. Cependant, les
prêtres s'étaient réunis et
avaient décidé de faire tisser un
voile pour le temple du Seigneur. Et le
grand-prêtre dit : " Appelez-moi les jeunes
filles de la tribu de David11, qui sont sans tache.
" Ses serviteurs partirent, cherchèrent et
en trouvèrent sept. Mais le prêtre se
souvint que la jeune Marie était de la tribu
de David et qu'elle était sans tache devant
Dieu. Et les serviteurs partirent et
l'amenèrent. 2. Et l'on fit entrer ces
jeunes filles dans le temple du Seigneur. Et le
prêtre leur dit : " Tirez au sort laquelle
filera l'or, l'amiante, le lin, la soie, le bleu,
l'écarlate et la pourpre véritable. "
La pourpre véritable et l'écarlate
échurent à Marie. Elle les prit et
rentra chez elle. C'est à ce
moment-là que Zacharie devint muet et que
Samuel le remplaça jusqu'à ce qu'il
eût retrouvé la parole. Et Marie
saisit l'écarlate et se mit à
filer.
11
1. Or elle prit sa cruche et
sortit pour puiser de l'eau. Alors une voix
retentit : " Réjouis-toi, pleine de
grâce. Le Seigneur est avec toi. Tu es
bénie parmi les femmes. " Marie regardait
à droite et à gauche : d'où
venait donc cette voix ? Pleine de frayeur, elle
rentra chez elle, posa sa cruche, reprit la
pourpre, s'assit sur sa chaise et se remit à
filer.
2. Et voici qu'un ange
debout devant elle disait : " Ne crains pas, Marie,
tu as trouvé grâce devant le
Maître de toute chose. Tu concevras de son
Verbe. " Ces paroles jetèrent Marie dans le
désarroi. " Concevrai-je, moi, du Seigneur,
dit-elle, du Dieu vivant, et enfanterai-je comme
toute femme? "
3. Et voici que l'ange,
toujours devant elle, lui répondit : " Non,
Marie. Car la puissance de Dieu te prendra sous son
ombre. Aussi le saint enfant qui naîtra
sera-t-il appelé le fils du
Très-Haut. Tu lui donneras le nom de
Jésus, car il sauvera son peuple de ses
péchés. " Et Marie dit alors : " Me
voici devant lui sa servante ! Qu'il m'advienne
selon ta parole. "
12
1. Et elle reprit son
travail de pourpre et d'écarlate puis
l'apporta au prêtre. Et quand le prêtre
le reçut, il la bénit et dit : "
Marie, le Seigneur Dieu a exalté ton nom et
tu seras bénie parmi toutes les
générations de la terre. " 2. Pleine
de joie, Marie se rendit chez sa parente Elisabeth
et frappa à la porte. En l'entendant
Elisabeth jeta l'écarlate, courut à
la porte, ouvrit, et la bénit en ces termes
: " Comment se fait-il que la mère de mon
Seigneur vienne à moi ? Car vois-tu,
l'enfant a tressailli et t'a bénie.
"
Or Marie avait oublié
les mystères dont avait parlé l'ange
Gabriel12. Elle leva les yeux au ciel et dit : "
Qui suis-je, pour que toutes les femmes de la terre
me proclament bienheureuse? " 3. Et elle demeura
trois mois chez Elisabeth. Et de jour en jour son
sein s'arrondissait. Inquiète, elle regagna
sa maison et elle se cachait des fils
d'Israël. Elle avait seize ans, quand
s'accomplirent ces mystères.
13
1. Son sixième mois
arriva, et voici que Joseph revint des chantiers ;
il entra dans la maison et s'aperçut qu'elle
était enceinte. Et il se frappa le visage et
se jeta à terre sur son sac et il pleura
amèrement, disant : " Quel front
lèverai-je devant le Seigneur Dieu ? Quelle
prière lui adresserai-je ? Je l'ai
reçue vierge du temple du Seigneur et je ne
l'ai pas gardée. Qui m'a trahi ? Qui a
commis ce crime sous mon toit ? Qui m'a ravi la
vierge et l'a souillée? L'histoire d'Adam se
répète-t-elle à mon sujet ?
Car tandis qu'Adam faisait sa prière de
louange, le serpent s'approcha et surprit Eve seule
; il la séduisit et la souilla. La
même disgrâce me frappe. "
2. Et Joseph se releva de
son sac et appela Marie : " Toi la choyée de
Dieu, qu'as-tu fait là ? As-tu oublié
le Seigneur ton Dieu ? Pourquoi t'es-tu
déshonorée, toi qui as
été élevée dans le
Saint des Saints et as reçu nourriture de la
main d'un ange ? " 3. Et elle pleura
amèrement, disant : " Je suis pure et je ne
connais pas d'homme. " Et Joseph lui dit : "
D'où vient le fruit de ton sein ? " Et elle
répondit : " Aussi vrai que vit le Seigneur
mon Dieu, j'ignore d'où il
vient."
14
1. Et Joseph, rempli de
frayeur, se tint coi, et il se demandait ce qu'il
devait faire d'elle. " Si je garde le secret sur sa
faute, se disait-il, je contreviendrai à la
loi du Seigneur. Mais si je la dénonce aux
fils d'Israël, et que son enfant vienne d'un
ange, ce dont j'ai bien peur, alors je livre
à la peine capitale un sang innocent. Que
ferai-je d'elle ? Je la répudierai en
secret. " La nuit le surprit dans ces
réflexions.
2. Et voici qu'un ange du
Seigneur lui apparut en songe, disant : " Ne
t'inquiète pas à propos de cette
enfant. Ce qui est en elle vient de l'Esprit saint.
Elle t'enfantera un fils auquel tu donneras le nom
de Jésus. Car il sauvera son peuple de ses
péchés. " Joseph se réveilla
et glorifia le Dieu d'Israël qui lui avait
donné sa grâce. Et il garda la jeune
fille.
15
1. Or le scribe Anne vint le
voir et lui dit : " Joseph, pourquoi n'as-tu point
paru à notre réunion? -Mon voyage
m'avait fatigué, répondit-il, et j'ai
passé le premier jour à me reposer. "
Mais Anne se retourna et vit Marie enceinte. 2. Et
il partit en courant chez le prêtre et lui
dit : " Eh bien, ce Joseph dont tu te portes
garant, a commis une faute ignoble.-Quoi donc ? "
demanda le grand-prêtre. L'autre reprit : "
Il a déshonoré la jeune fille que le
temple du Seigneur lui avait confiée et il
l'a épousée secrètement, sans
avertir les fils d'Israël ! " Et le
grand-prêtre lui dit : " Joseph a-t-il fait
cela ? " Et l'autre répondit : " Envoie tes
gens et tu verras que la jeune fille est enceinte.
" Des serviteurs partirent et la trouvèrent
dans l'état qu'il avait dit. Ils la
ramenèrent au temple et elle comparut au
tribunal.
3. Le grand-prêtre lui
dit : " Marie, qu'as-tu fait là? Pourquoi
as-tu perdu ton honneur ? As-tu oublié le
Seigneur ton Dieu, toi qui fus élevée
dans le Saint des Saints et qui reçus
nourriture de la main des anges? Toi qui entendis
leurs hymnes et dansas devant eux ? Qu'as-tu fait
là ? " Et elle pleura amèrement et
dit : " Aussi vrai que vit le Seigneur Dieu, je
suis pure devant sa face et ne connais pas d'homme.
"
4. Et le grand-prêtre
dit : " Et toi, Joseph, qu'as-tu fait? " Et Joseph
répondit : " Aussi vrai que vit le Seigneur
et que vivent son Christ et le témoin de sa
vérité je suis pur vis-à-vis
d'elle. " Le grand-prêtre insista. " Ne rends
pas de faux témoignage ! Dis la
vérité ! Tu l'as
épousée en cachette, tu n'as rien dit
aux fils d'Israël et tu n'as pas
incliné ta tête sous la puissante main
qui eût béni ta
postérité ! " Et Joseph garda le
silence.
16
1. Le grand-prêtre
reprit : " Rends-nous la jeune fille que tu avais
reçue du temple du Seigneur. " Joseph fondit
en larmes. Le grand-prêtre ajouta : " Je vous
ferai boire l'eau de l'épreuve rituelle14 et
votre faute éclatera à vos yeux." 2.
Le grand-prêtre prit de l'eau, en fit boire
à Joseph puis il l'envoya au
désert15, Or celui-ci revint indemne. Et il
fit boire aussi la jeune fille et l'envoya au
désert. Et elle redescendit, indemne. Et
tout le peuple s'étonna que leur faute
n'eût pas été
manifestée.
3. Alors le
grand-prêtre dit : " Puisque le Seigneur
Dieu n'a pas révélé de
péché en vous, moi non plus je ne
vous condamne pas. " Et il les laissa partir.
Et Joseph prit Marie et rentra chez lui, heureux
et louant le Dieu d'Israël.
L'EVANGILE
ALEXANDRIN
de Iochannân, dit
Marcus, dit Clavkias
(qui est peut-être
L'EVANGILE DES EGYPTIENS)
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Les Actes des Apôtres
chrétiens parlent d'un Jean
(Iochannân) dont la mère s'appelait
Marie,chez qui se réfugia l'apôtre
Pierre après son arrestation à
Jérusalem et son évasion. (XII,
12-17), et qui aurait été un cousin
de Barnabé. (Act. XV - 35; Col. IV 10).
Après la crucifixion en 47 de ce Pierre
(lequel ne saurait être autre que le Simon
Bariôna) des évangiles) avec Jacques
son frère, tous deux fils de Juda de Gamala
(1), ce Jean, fils d'une Marie, devint le
secrétaire et l'interprête d'un
deuxième Pierre, qui portait aussi les noms
de Syméon en grec hellénisation de
l'hébreu Shiméon), de Kîpha en
araméen.
Et Jean et kîpha se
rendirent tous deux, peu après à
Rome. où Shiméon Kîpha
entreprit de catéchiser les juifs de cette
ville en les exhortant à suivre les
enseignements de Jésus le Nazarénien,
qui avait été leur Maître en
Galilée. Mais ce Kîpha était un
homme fruste et peu instruit, qui avait
probablement, avant de suivre Jésus,
été un modeste pêcheur; tandis
que Jean, qui prit à Rome le surnom de
Marcus (que l'on traduit "Marc" en
français), paraît avoir
été assez cultivé. Pierre
prêchait en araméen, la seule langue
probablement qu'il sût parler, puis Marc
traduisait en grec et en latin, car il paraît
bien avoir été capable de pratiquer
notamment ce deux langues outre l'araméen et
l'hébreu.
Lorsque l'apôtre Paul
arriva à Rome à son tour, sous la
garde d'un soldat Romain, pour y comparaître
comme il l'avait demandé lui-même,
devant le tribunal de Néron César,
Pierre et Marc doivent être allés le
voir dans sa maison, où il était, en
résidence surveillée.
Cependant, en 62, Jacques le
Juste, frère de Jésus, fut
lapidé à Jérusalem sur l'ordre
du Sahédrin, présidé alors par
le grand-prêtre sadducéen Anne (2).
Selon Hégésippe, un des pères
de l'Eglise, les membres de la communauté de
Jérusalem convoquèrent alors les
survivants des "apôtres" et les proches
parents de Jésus le Nazarénien afin
d'élire un successeur à
Jacques.
Cette assemblée
émigra à Pella en 67 afin que ses
membres ne soient exposés que le moins
possible aux désagréments de la
guerre qui venait d'éclater en Palestine en
66 et, dit Hégésippe, c'est
Syméon qui fut élu à la
tête de la secte., laquelle prendra dans la
suite le nom d'ébionite" (de l'hébreu
ébiônîm, les
pauvres).
Après le
départ de Rome de Shiméon
Kîpha, les disciples qu'il s'y était
faits demandèrent à Jean, dit Marc,
resté sur place, de rédiger à
leur intention un résumé de ce
qu'avait été sa prédication.
Marc leur donna satisfaction. Il rédigea
donc, probablement en latin, les notes qu'il avait
prises lorsqu'il traduisait ce que Pierre
prêchait.(4).
C'est à cet
écrit que fait allusion Jean le
Doyen,d'Ephèse, dans un passage fameux,
souvent reproduit, notamment pour la
première fois connu par Papias, la citation
de ce dernier ayant été
rapportée par Eusèbe de
Césarée : Marc était
l'interprête de Pierre, a transmis avec
exactitude, bien que non dans l'ordre, tout ce dont
il se souvenait des paroles et des actions du
Seigneur. Car il n'avait pas entendu lui-même
le Seigneur , ni ne l'avait accompagné, mais
plus tard, comme je l'ai dit, il suivit Pierre. Ce
dernier donnait son enseignement selon les besoins,
sans aucunement se préoccuper de lier entre
elles les sentences du Seigneur. Marc n'a donc pas
fait d'erreur dans la relation de ses
souvenirs
2401_liste_apocr.html
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