FRAGMENT DE LA RÉPUBLIQUE DE PLATON

(NH VI, 5)

Traduit du copte par Louis Painchaud Bibliothèque copte de Nag Hammadi, sous la direction de Louis Painchaud, Wolf-Peter Funk et Paul-Hubert Poirier, à l’université de Laval, Québec, Canada.


 

( 48) Puisque nous sommes arrivés à ce point dans la discussion, reprenons les premières choses qui nous ont été dites, et nous trouverons qu’il dit : « Il est bon celui à qui l’on a fait parfaitement injustice ; il est glorifié à juste titre. » N’est-ce pas ainsi qu’il a été éprouvé ? Voilà certes la manière qui convient. Et je dis : « Maintenant encore nous avons pris la parole puisqu’il a dit que celui qui commet l’injustice et celui qui agit avec justice, ont chacun une puissance. » — « Comment donc ? » Il dit : « C’est une image sans ressemblance que le logos de l’âme, afin que comprenne celui [49] qui a]dit cela ... est en effet celui qui fait … ou non ...... est pour moi. »

Mais tous les récits qu’on a racontés ........ archontes, ce sont eux qui sont devenus réalité, et la Chimère et Cerbère et tous les autres dont on a parlé : ils descendirent tous, ils produisirent des formes et des ressemblances et ils devinrent tous une seule ressemblance. Ils disent :

« Au travail maintenant ! » Certes, c’est une ressemblance unique que celle qui est devenue la ressemblance d’une bête, changeante, avec de nombreuses têtes. Certains jours elle est comme la ressemblance d’une bête sauvage. Alors, elle peut rejeter la première ressemblance de toutes ces figures dures et incommodes et elles s’épanouissent hors d’elle en une oeuvre, puisque ceux qui les ont façonnées maintenant avec superbe, et aussi tout le reste qui leur ressemble, façonnent maintenant par la parole. Maintenant en effet, c’est une seule ressemblance car autre est la ressemblance du lion, et autre est la ressemblance de l’homme [50] une ........joindre. ......celle-ci change, bien plus que la premiè]re. Et la seconde.........a été façonnée. Maintenant donc, joignez-les l’une à l’autre et faites-en une seule — car elles sont trois — de sorte qu’elles croissent ensemble et qu’elles adviennent toutes dans une ressemblance unique, à l’extérieur de l’image de l’homme, comme pour celui qui ne peut pas voir ce qui est en son intérieur, mais c’est ce qui est à l’extérieur seulement qu’il voit. Et apparaît dans quel être vivant est sa ressemblance et qu’elle a été façonnée dans une ressemblance d’homme.

Et je dis à celui qui a dit qu’il était utile à l’homme de commettre l’injustice : « Celui qui commet l’injustice, il est dans le milieu, cela ne lui sert à rien ni ne lui est d’aucun profit. En revanche ce qui lui est avantageux, c’est de rejeter toute ressemblance de bête mauvaise et de les piétiner avec les ressemblances du lion. Mais l’homme est dans une faiblesse telle, et tout ce qu’il fait est si faible qu’il est entraîné vers le lieu où il passe le jour avec eux d’abord. (51) Et il......habitude à lui dans un..... mais il fait … les inimitiés dans .......ainsi qu’un combat pour s’entredévorer à cause de cela. C’est en effet tout cela qu’il a dit à quiconque fait l’éloge de l’injustice. Par conséquent, donc, celui qui parle quant à lui avec justice, cela ne lui est-il pas profitable ? Et s’il met ces choses en pratique et parle en elles, à l’intérieur de l’homme elles dominent avec force. C’est pourquoi il cherche davantage à se soucier d’elles et à les maintenir en vie, comme également le laboureur maintient en vie sa production chaque jour, et les bêtes sauvages l’empêchent de croître.

 Notes sur le fragment de la République de Platon

Le cinquième écrit du Codex VI est un fragment de la République de Platon (588b-589b). Il s’agit d’un passage qui connut une grande fortune dans l’Antiquité ; il est cité par Plotin (Ennéades, I, 1,7), Proclus y fait de nombreuses allusions dans son commentaire sur la République, on le retrouve encore chez Eusèbe (La préparation évangélique XII, 46) et chez Stobée (Anthologie, III, 9).

Somme imagée et concise de l’anthropologie platonicienne, il y a tout lieu de croire que ce texte faisait partie d’anthologies de textes philosophiques qu’on utilisait dans les écoles. Son traducteur copte l’a rendu à ce point méconnaissable qu’il a fallu près de vingt ans avant qu’on ne l’identifie. Il n’existe aucune autre version copte de ce texte, ni d’aucun autre texte de Platon. Il y a lieu de croire que cette traduction a été réalisée dans un milieu où avaient cours les récits protogoniques mettant en scène des archontes et où l’on connaissait le thème de la création par la parole (49,31-32), véritable leitmotiv dans l’Apocryphon de Jean, et où les conceptions anthropologiques valentiniennes avaient cours, si l’on en juge par les éléments que le traducteur introduit dans le texte. L’éclectisme de ce milieu refléterait donc celui de l’ensemble de la collection de Nag Hammadi.


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