La
TRANSSUBSTANTIATION
Georges Siguier
(Pasteur)
Un mot bizarre:
Propre au langage théologique et
ecclésiastique, ce terme veut dire exactement:
changement de substance. Il s'applique essentiellement
à ce qui se passe lors de l'assemblée
chrétienne réunie pour "le repas du
Seigneur", comme l'écrit l'apôtre Paul.
"Le repas du Seigneur",
Institué par Jésus quelques heures avant
son arrestation et sa crucifixion, est
désigné par les catholiques romains par le
mot "eucharistie", par les orthodoxes par l'expression
"divine liturgie", et par la plupart des protestants par
le deux mots " sainte cène" ( du latin " Cena":
repas Les désignations sont multiples mais
désignent en fait la même
réalité, la même
célébration.
Les évangiles et l'apôtre Paul
sont d'accord pour dire que c'est au cours de son
dernier repas ( de la Pâque juive ) qu'a eu lieu
l'institution par le maître de ce que ses disciples
auront à répéter, partout et
toujours:
Jésus partagea le pain et dit: "Prenez et
mangez, ceci est mon corps qui est donné pour
vous". puis : " Cette coupe est la nouvelle alliance en
mon sang. Faites ceci en mémoire de moi ( "en
mémorial" )".
La table de ce repas est nommée l'autel" par
les catholiques romains et " la table de communion" ou
"la table sainte " par la plupart des protestants.
Que se passe-t-il sur
l'autel
au moment où celui ou ceux qui président
le repas placent l'assemblée au coeur même
de ce mémorial? C'est là que les
compréhensions des chrétiens divergent, que
les doctrines s'opposent et que dogmes et traditions
divisent. Et c'est là que l'église
catholique romaine emploie le mot " transsubstantiation"
pour dire ce qui se passe, à son avis, sur
l'autel, lorsque le prêtre " consacre les
espèces" c'est à dire le pain ( l'hostie )
et le vin ( la coupe ). :après le miracle de la
transformation, les "espèces" sont devenues la
réalité ( " le Christ-Hostie" ).
LE DOGME DE LA TRANSSUBSTANTIATION
C'est le concile de Trente, au 16° siècle,
qui a fixé le dogme dans les termes suivants:
L'eucharistie: "en
premier lieu, le saint concile enseigne et professe
ouvertement et sans détour que, dans le
vénérable sacrement de la sainte
eucharistie, après la consécration du pain
et du vin, notre Seigneur Jésus Christ, vrai Dieu,
vrai homme, est présent vraiment,
réellement et substantiellement, sous l'apparence
de ces réalités sensibles."
la transsubstantiation:
"Parce que le Christ , notre Rédempteur
a dit ce qu'il offrait sous l'espèce du pain,
était vraiment son corps, on a toujours eu dans
l'église de Dieu, cette conviction, que
déclare de nouveau le saint concile: par la
consécration du pain et du vin s'opère le
changement de toute la substance du pain en la substance
du corps du Christ notre Seigneur, et de toute la
substance du vin en la substance de son sang. Ce
changement, l'Église l'a justement et exactement
appelé: transsubstantiation"
(Textes doctrinaux du magistère de
l'église, trad.g. Dumeige, cités par Daniel
Rops, " Histoire de l'Église " tome VI, page 96.)
Notons que ce même concile a solennellement
proclamé que de telles doctrines fondamentales ne
doivent être réformées ou
niées.
"LA PRÉSENCE RÉELLE"
:
Plutôt que d'employer le terme
théologique qui, aujourd'hui, embarrasse
terriblement les théologiens catholiques, les
catholiques de base préfèrent utiliser
l'expression " présence réelle " que le
concile du 16° siècle utilisait. Mais
ils veulent, en général, dire la même
chose, pour bien se distancer des incompréhensions
protestantes.
Par contre clercs et laïcs du 21°
siècle défendraient une cause perdue
d'avance s'ils cherchaient à garder la notion
philosophique de " substance " qui était propre
à la philosophie scolastique du Moyen Âge (
Aristote )
LA " SUBSTANCE "
.
Étymologiquement, c'est ce qui est " sous" .
Sous quoi ? sous l'apparence, sous le
changement. C'est l'essence, la permanence, le
sujet. C'est l'être.....C'est ce qui persiste,
ce qui est permanent dans tout le changement des
phénomènes.
Les " espèces ", par contre, sont les
"apparences sensibles des choses ":sous l'apparence du
pain et du vin ( et contre toute évidence ) le
dogme oblige a faire appel au "mystère", au
merveilleux "miracle" constamment refait et
renouvelé à chaque "repas du Seigneur."
Mais du point de vue de la raison, du bon sens, de
l'expérience....et du Nouveau Testament, cette
étrange doctrine de la transsubstantiation met la
foi du croyant dans une impasse et provoque
inévitablement et gravement la division de
l'Église de Jésus.
Mais comment y renoncer sans nier du même coup
la valeur des dogmes fondamentaux? !
ESPOIRS OECUMÉNIQUES OU
PRATIQUE DE L'UNITÉ ?
Peut-on attendre un grand accord "oecuménique"
pour partager entre chrétiens différents le
repas d'unité prescrit par le seigneur ?
Doit-on s'attendre au succès des "accords
théologiques" sur ce "sacrement" ou à la
réussite généralisée des
rapprochements pastoraux pour régler le grand
différend eucharistique ? D'ici
là, avons-nous, les uns et les autres, à
faire attendre le Maître ( Jésus Christ )
pour lui consentir l'obéissance pratique qu'il
attend de nous? NON .!
Il faut passer à l'acte et, "en église
"par petits groupes, se mettre à pratiquer
l'unité eucharistique, en suivant les
prescriptions des apôtres.
Pour cela, par amour fraternel, il faut laisser chaque
participant avoir dans sa tête et dire dans sa
propre prière sa compréhension doctrinale
des choses. Car les chrétiens ne sont pas
unis en un seul corps par des dogmes ( fussent-ils
exacts!) mais par la seule Personne vivante et
présente ( réellement ! ) et agissante :
JÉSUS LUI MÊME ;
C'EST JÉSUS
LUI-MÊME.
qui invite à son
repas, qui y vient, qui le valide, qui le préside,
qui y parle, qui y unit les siens et qui s'y donne
entièrement. S'il dit ": faites cela,"
faisons-le.!
5001_repas_marc.html
dogme_edmond.htm
dogmes-siguier.htm